Fatshi seul sur tous les fronts de bataille

Fatshi seul sur tous les fronts de bataille

Y réfléchit-on? «C’est le dernier budget que le Gouvernement vient de présenter au Parlement, avant les élections. C’est ce budget 2022 qui va nous conduire aux élections de 2023».

C’est un ministre important du Gouvernement des «Warriors» qui le confie, les yeux dans les yeux, au Soft International.

«AUJOURD’HUI OU JAMAIS».

«En janvier, plus personne ne sera ici à Kinshasa. Tout le monde sera en province, dans sa circonscription, pour les élections…», poursuit-il. Or, janvier c’est dans un mois…

Quel message ce membre du Gouvernement Sama Lukonde a-t-il voulu passer? Il n’en pas dit plus.

Mais tout semble clair comme l’eau de roche.

«Le temps est désormais compté. Pour le Régime, le temps est son pire ennemi. Le temps est derrière lui. Mais on ne peut pas dire que tout soit entièrement perdu. S’il y a encore à faire, c’est aujourd’hui et maintenant. Ou jamais…».

Or, à deux ans des élections de 2023, que de dossiers auxquels le Président de la République fait face !

Au plan économique d’abord. Une guerre déclenchée contre la prédation financière, notamment dans les entreprises publiques, dans le secteur minier, etc., qui ne donne pas de résultats en termes de récupération de fonds publics détournés malgré l’identification des crimes et des criminels. Le pouvoir judiciaire est loin d’être un partenaire fiable.

L’Inspection Générale des Finances, IGF en sigle, annonce sous peu qu’elle va lâcher une «bombe atomique».

Le dossier concernerait la Gécamines après la plongée de sa brigade financière dans les comptes de cette grande entreprise emblématique d’état qui a brassé des milliards de dollars américains sans que les Congolais ne sachent à ce jour à quoi ils ont servi et pour qui. Et, chaque jour qui passe, des millions de $US, plusieurs millions de $US, plusieurs dizaines, voire des centaines de millions de $US détournés…

Comment ne pas croire ce que disait l’ancien ministre de la Justice et Garde dès Sceaux du régime Kabila (2008- 2012), Emmanuel-Janvier Luzolo Bambi Lessa quand, passé au service anti-fraude de Kabila, qui annonçait publiquement que chaque année, «dix milliards de $US» étaient détournés par des filières mafieuses dans le pays…

AU JOUR «J», QUEL BILAN?

Il était trop bien placé dans le système, trop proche des dossiers, pour savoir et maîtriser. Malheureusement, ni arrestation, ni procès de qui que ce soit. Certes, depuis l’avènement de Tshisekedi au pouvoir, les choses ont changé. Mais les résultats pour le bien des Congolais ne sont pas (encore) au rendez-vous. Faut-il (encore) attendre jusque quand lorsque la minute ultime de sanction pointe à l’horizon !

Au plan social, la rue s’est mise debout.

Elle gronde sans être entendue. Manipulée par des politiques à la base de la destruction du tissu économique et qui ont désormais clairement mis leur cap, la rue est au contraire à l’écoute de tous ceux qui décrivent une situation qu’elle-même vit au quotidien.

Au plan sécuritaire, l’Est du Congo n’a rien de rassurant.

Si la décision d’instaurer l’état de siège dans deux provinces (Ituri et Nord-Kivu) avait été applaudie et, malgré le remplacement des autorités civiles par des généraux de l’armée, le bilan est bien maigre. Le nombre de morts résultant des attaques des rebelles ADF, CODECO, etc., n’a incroyablement jamais faibli. Le pays s’est surpris jusqu’à l’attaque le 2 novembre, de plusieurs positions des forces armées nationales FARDC et de la Police nationale PNC à Bukavu, dans les quartiers urbains de la première ville du grand Kivu. Bilan provisoire présenté par le gouverneur Théo Ngwabidje Kasi : neuf morts.

L’appel à l’intervention des troupes étrangères aux côtés des FARDC et de la MONUSCO est signe que ni les FARDC pourtant plus que jamais sur le terrain, ni les forces de la MONUSCO, n’ont été une solution…

Le danger au plan politique et diplomatique est réel où on entend que la seule parole du Président de la République.

Au jour «J», quel bilan, et avec qui?

Le projet de l’Union sacrée relevait du travail de haut vol au plan stratégique. Jamais dans l’histoire moderne, en démocratie, dans nos pays, une telle situation, ne s’était produite nulle part.

Après l’impossibilité de la coalition-cohabitation avec le FCC kabiliste – chaque acteur disposant de son propre agenda – l’urgence était l’action. Mais comment?

Ou pousser un Kabila affaibli à prendre la mesure de la situation, en négociant, ou dissoudre l’Assemblée nationale et convoquer des élections anticipées qui auraient fait positivement changer la donne ou, le rêve absolu impossible, assister à une fronde parlementaire atteignant des tels niveaux qu’elle ferait basculer, de manière déterminée, la majorité parlementaire que les FCC s’étaient offerte.

L’impossible – qui l’ignore? – n’est pas congolais. Ceux qui, hier, chantaient, dansaient, juraient Kabila, l’ont, du jour au lendemain, étrangement abandonné faisant mathématiquement dessécher les rangs et du PPRD et des FCC.

RESTE LA COHERENCE D’UNE LIGNE.

Comment le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à la recherche d’une solution politique peu coûteuse, aurait repousser une donne offerte sur un plateau d’or?

Reste le problème de la cohérence de la ligne, d’une démarche, d’un cap, de la cohésion voire du consensus.

CACH, le Cap pour le Changement. Nul ne communique plus sur ce groupement électoral lancé fin novembre 2018 à Nairobi, qui a triomphé à la Présidentielle.

Si la coalition des Warriors compte toujours des ministres UNC de l’ancien directeur de cabinet du Président de la République, Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi a été condamné par la justice et mis à l’écart des projecteurs. Sauf qu’il ne continue pas moins de peser sur son parti qui, jour après jour, paraît prendre ses distances. Il existe d’autres personnalités, de l’Ouest, qui furent appelées à rejoindre ce regroupement  mais qui paraissent avoir été éloignées du devant de la scène pour être remplacées par des figures kabilistes, katumbistes, etc.

En analysant la sociologie politique congolaise – mieux, le poids sociologique de ces nouveaux acteurs – les observateurs extérieurs peinent à croire qu’ils puissent idéologiquement et avec crédibilité se mettre debout et en puissance dans leurs aires géo-politiques. Récemment, un dirigeant de l’UDPS a affirmé que même partis sur papier, ces acteurs avaient gardé tout lien avec leur famille politique et continuaient à verser des cotisations à cette famille. Nul doute, sur tous les fronts de bataille, le Président de la République est seul en première ligne…

T. MATOTU

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