Qui a tué Chebeyaet Bazana, pourquoi?
Le procès qui va faire trembler la terre.
Publié le 8 février 2021.
SONIA ROLLEY.
KAMANDA WA KAMANA.
ESDRAS NDIKUMANA.
Enquête de Radio France Internationale.
Deux officiers de police reconnaissent pour la toute première fois avoir participé à différents degrés à l’assassinat le 2 juin 2010 à Mitendi, à Kinshasa, du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya Bahizire et de son chauffeur et ami Fidèle Bazana et désignent des protagonistes. Un crime qui est l’un des ceux qui ont ruiné le régime Kabila. Depuis l’élection de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la présidence de la République, les appels à la réouverture du procès se multiplient et le président congolais s’est mis à l’écoute.
Le mardi 1er juin 2010 en fin de matinée, Hergil Ilunga wa Ilunga, simple adjudant de la PNC reçoit deux appels qui vont changer sa vie. Le premier provient de son supérieur hiérarchique, le colonel Daniel Mukalay, inspecteur général à la direction des renseignements généraux et services spéciaux ; le second, du chef de l’opération du jour, le major Christian Ngoy Kenga Kenga.
Cet officier commande le bataillon «Simba@», l’un des plus redoutés de la police. Ancienne unité de l’armée reversée dans la Légion nationale Police d’intervention rapide (PIR), il est composé de fidèles du général John Numbi, l’homme des basses besognes sous la présidence de Joseph Kabila, 2001-2019, aujourd’hui encore sous sanctions des États-Unis et de l’Union européenne. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Tshisekedi, ces officiers jadis intouchables ont connu quelques déboires. En juillet 2020, le général John Numbi a été écarté de tout poste de commandement, lui qui n’a pourtant jamais été inquiété par la justice. Sans affectation, il vit désormais quasi-reclus dans sa ferme du Haut-Katanga.
Le major Christian Ngoy Kenga Kenga a été arrêté quelques semaines plus tard dans un restaurant de Lubumbashi pour port illégal d’armes et transféré le 3 septembre 2020 à Kinshasa. Considéré en fuite depuis plus de dix ans, il avait été condamné par contumace pour l’assassinat de Chebeya et Bazana.
«C’EST À L’INSPECTION QU’ON LES A ÉTOUFFÉS».
Ce 1er juin, Hergil Ilunga wa Ilunga ne sait rien des projets macabres de sa hiérarchie. Simplement qu’il doit se rendre à l’Inspection générale de la police dirigée à l’époque par le général Numbi et «rester en stand-by», qu’une mission importante l’y attend. «C’est à l’inspection qu’on les a étouffés», explique Hergil Ilunga en ligne depuis un pays d’exil dont il souhaite taire le nom. «Je ne connaissais pas Floribert Chebeya et son chauffeur Bazana avant», finit-il par ajouter.
Même s’il n’a jamais fait partie des accusés dans ce dossier, Hergil Ilunga revendique être membre du commando de sept policiers chargés d’exécuter le plus célèbre des militants des droits de l’homme congolais. Le directeur exécutif de l’ONG La Voix des sans Voix, l’incorruptible Floribert Chebeya, a été retrouvé le 2 juin 2010 à Mitendi, en périphérie de Kinshasa, asphyxié dans sa voiture, avec des préservatifs et des faux ongles éparpillés sur le sol. Le corps de Bazana, n’a jamais été retrouvé. De plus en plus de policiers comme Hergil Ilunga se disent prêts à «tout dire» à la justice, eux qui connaissent l’opération dans ses moindres détails. Tout ce qu’ils réclament, c’est l’arrestation du général John Numbi et la sécurité pour leurs familles.
Hergil Ilunga se souvient des noms des agents impliqués, comme de chaque véhicule utilisé. Il y a la « Mazda grise » avec laquelle les deux activistes se sont rendus à l’inspection générale de la police, la «Defender blanche» du colonel Daniel Mukalay dans laquelle Bazana a d’abord été étouffé. «Le major Christian Ngoy était le commandant de l’opération. Il nous a dit de prendre le chauffeur de Chebeya et de l’amener dans la Defender, raconte Ilunga. C’était dans mon véhicule, il y avait Jacques Mugabo et Saddam».
Le commando s’est ensuite occupé de Chebeya. Hergil Ilunga et ses collègues vont chercher l’activiste qui attend toujours son rendez-vous avec le général. «On l’a étouffé dans une autre jeep, celle de la police canine. Il y avait Jacques Mugabo, Bruno (Nyembo) Soti et Doudou (Ngoy) Ilunga», énumère Hergil Ilunga. Un septième policier, l’adjudant Ngoy Mulanga, est également présent. Il garde l’entrée principale de l’Inspection générale de la police.
«JE LES VOIS ENCAGOULER FLORIBERT CHEBEYA».
Toute la scène est observée par un autre policier à travers des caméras de vidéosurveillance. Paul Mwilambwe fait partie des condamnés par contumace pour le meurtre de Chebeya et Bazana. Il a été le premier policier à fuir et à donner les noms de tous les présents ce jour-là, dont celui d’Hergil Ilunga. Sa première interview, il l’a accordée à Rfi le 12 novembre 2012 et ne cesse de dénoncer les auteurs de ce crime. Il vit en exil depuis.
Le 1er juin 2010, Paul Mwilambwe est à son bureau. Il est le chef de la sécurité de l’Inspection générale de la police. Chebeya lui est présenté par le major Christian Ngoy Kenga Kenga comme l’invité de marque de son patron, le général John Numbi. Les heures passent, le général est sorti et ne revient pas. «Quand il est venu le récupérer, le major lui a dit: le général s’excuse, je vais t’emmener à la résidence», relate Mwilambwe. «Plus tard, je les vois encagouler Floribert Chebeya dans le hall et j’ai reconnu Hergil Ilunga dans ce groupe de policiers. Je le connais très bien», insiste l’ancien policier. Hergil Ilunga voit lui aussi Paul Mwilambwe «foncer» vers le major Christian Ngoy Kenga Kenga. Il était «fâché». «Je lui ai dit : «Vous m’avez dit que c’était un invité de marque et maintenant vos policiers sont en train de l’étouffer. Qu’est-ce qui se passe au juste?», commente encore l’ancien chef de la sécurité de l’Inspection générale de la police.
Paul Mwilambwe remarque près de la voiture de la Voix des sans Voix un autre policier, Alain Kayeye Longwa. Il est brigadier-chef du bataillon Simba, chauffeur attitré du major Christian Ngoy Kenga Kenga et fait désormais partie de ces policiers qui ont fui le pays et révèlent les dessous du double assassinat. «Le matin du 1er juin, Christian Ngoy Kenga Kenga se trouvait dans sa chambre lorsqu’il a reçu un coup de fil», confie M. Kayeye Longwa. «Il m’a appelé, moi et Jacques Mugabo, qui était chargé de sa sécurité, et il a dit : «préparez la voiture, je suis attendu chez le général John Numbi» ».
«UN TROU OÙ L’ON DEVAIT PLACER LE CORPS DU CHAUFFEUR».
Alain Kayeye Longwa entend Christian Ngoy Kenga Kenga ordonner à ses policiers de ligoter Fidèle Bazana «comme une chèvre». À lui, on remet la clef de voiture «qu’avait le chauffeur» et un billet de 20 US$ «pour acheter de l’essence». Et on lui dit de se rendre près du cimetière de Mbenseke et d’attendre. Quand ses camarades le rejoignent, le « travail » est fini.
«Nous sommes allés jusqu’à la concession privée du (colonel) Djadjidja. Ils ont sorti le corps de Chebeya de l’une des voitures, il était déjà mort à ce moment-là», explique l’ancien chauffeur. «Lorsqu’ils l’ont sorti, sa tête était enveloppée de sachets, comme une cagoule, et qui étaient scotchés. Ils les ont enlevés un à un, jusqu’au dernier ». Le corps sans vie de Floribert Chebeya est réinstallé à bord de sa Mazda, prête à être abandonnée en contrebas, à Mitendi sur le bord de la route très animée du Kongo Central.
Sur la parcelle du désormais général Djadjidja, située sur les hauteurs, se trouve peut-être encore les restes de Fidèle Bazana. Ce soir-là, son militaire de garde «avait déjà préparé un trou où l’on devait placer le corps du chauffeur», explique encore Alain Kayeye Longwa. Hergil Ilunga se souvient d’une grande concession, au sommet d’une «montagne», au milieu d’une «forêt d’eucalyptus» et du trou.
Sollicité par Rfi, le général Zelwa Katanga, dit «Djadjidja», dément toute implication dans le double crime du 1er juin 2010. «Il s’agit de purs mensonges», affirme-t-il. «C’est de la calomnie, je n’ai jamais été là (à Mitendi) et je n’ai jamais été dans la police», assure celui qui était à l’époque commandant de la police militaire à Kinshasa. Son nom n’était pourtant sans doute pas étranger à Floribert Chebeya. Le patron de VSV enquêtait sur une vague de disparitions, détentions au secret et cas de torture de militaires et policiers, pour la plupart de l’ancienne province de l’Équateur.
Selon une source onusienne, le général Numbi et le major Djadjidja étaient les principaux suspects, l’un comme donneur d’ordre, l’autre comme maître d’œuvre. Cela faisait partie des sujets que le défenseur des droits de l’homme espérait aborder ce jour-là avec l’Inspecteur général de la police, explique Dolly Ibefo Mbunga, l’un de ses collaborateurs à VSV. Comme plusieurs des officiers suspectés dans cette affaire, Djadjidja a très rapidement gagné ses galons au sein de la police militaire, très impliquée dans les répressions des manifestations politiques à Kinshasa de janvier 2015, septembre et décembre 2016, ce que ce dernier dément. Signe de confiance, Joseph Kabila le nomme commandant adjoint de la région militaire couvrant la ville de Kinshasa à un an des élections de 2018. Cette année-là, le général Djadjidja se décide à vendre certaines parties de sa concession de Mitendi. Sur le terrain vague décrit par les deux policiers en fuite, maisons et clôtures pullulent aujourd’hui, sans jamais être terminées.
«Ces nouvelles révélations dans l’affaire Chebeya constituent assurément de nouveaux éléments qui devraient inciter les autorités congolaises à rouvrir le dossier dans des conditions permettant enfin d’identifier l’ensemble des responsables. Il faut commencer par sécuriser le corps de Fidèle Bazana s’il s’avère être à l’endroit dévoilé », a déclaré à Rfi Alice Mogwe, présidente de la FIDH et directrice de Ditshwanelo – The Botswana Centre for Human Rights.
DEUX «CASIERS» DE BIÈRE OFFERTS ET DU «SAVON».
La nuit n’est pas finie pour le commando de policiers. Ils s’arrêtent ensuite chez le colonel Mukalay pour lui rendre sa Defender. «On nous a installés dans une paillote, Christian (Ngoy Kenga Kenga ndlr) est allé le voir», rapporte Alain Kayeye Longwa. Hergil Ilunga est là aussi. Les hommes de main descendent des bières en attendant la fin du conciliabule des chefs. «Le colonel Mukalay nous a remerciés pour le travail que nous avions fait et nous a partagé deux casiers». Le chef des renseignements de la police leur propose aussi «du savon» pour laver leurs habits « qui se sont salis». Selon Alain Kayeye Longwa, le colonel assure qu’il fera part de la qualité de leur travail dès le lendemain au général Numbi.
Cette soirée du 1er juin chez Daniel Mukalay, un civil l’avait déjà racontée dès 2015 à l’occasion du procès en appel des assassins de Chebeya et Bazana. Kalala Kalao s’était présenté à la barre comme le chauffeur civil du colonel Mukalay depuis sept ans, ce qu’avait démenti son patron. Juste après le procès, Kalala Kalao a fui et vit depuis en exil. «C’est moi qui ai nettoyé la voiture. Il y avait du sang, les vêtements de Bazana et la carte d’un policier. J’avais montré tout ça à la Haute cour militaire», affirme aujourd’hui encore Kalala Kalao.
Le chauffeur dit bien connaître Hergil Ilunga et ses acolytes et cette nuit-là, les trois policiers lui racontent tout, comment ils ont «achevé le papa» Chebeya, son chauffeur, mais aussi un policier de la police canine, «un témoin oculaire qui avait tout vu». De ce troisième assassinat, aucun des autres protagonistes de la nuit n’en parle.
Kalala Kalao jure aussi être allé voir ce soir-là son chef pour évoquer le sang et les effets personnels retrouvés dans sa voiture. Le colonel Mukalay se serait emporté, lui intimant l’ordre de ne plus évoquer le sujet. Condamné à la peine de mort en première instance, malgré ce nouveau témoignage, l’officier verra sa peine réduite à 15 ans de prison en appel.
Durant ses deux procès, le colonel Daniel Mukalay a toujours clamé son innocence. Son entourage le dit victime d’une machination et de faux témoignages. «Son véhicule était à l’entretien au garage de la légion PIR. La police avait plusieurs véhicules de marque Defender. Il n’a ni donné l’ordre ni exécuté un ordre quelconque dans cette affaire». Pour ce proche du colonel Mukalay, dans la procédure, la justice congolaise a trop souvent «inversé les rôles», transformant les renseignants en coupables.
QUAND LA PEUR A CHANGÉ DE CAMP.
Le 2 juin 2010 au petit matin, l’annonce de la découverte de la voiture de la VSV et du corps sans vie de son illustre propriétaire est un choc. Chebeya est l’un des activistes les plus connus et les plus menacés du pays. Il avait prévenu la Mission de l’ONU MONUSCO et sa femme de ses moindres déplacements. Tous attendaient un message annonçant son départ de l’Inspection générale de la police après son rendez-vous avec le général John Numbi.
Malgré les préservatifs dans la voiture, de faux SMS envoyés depuis son téléphone, personne n’est dupe. Dès les premières heures, les habitants de Mitendi avaient témoigné des mouvements des véhicules de police autour de la Mazda de Chebeya. Le 2 juin au soir, les policiers du commando sont rappelés en urgence chez le général John Numbi à la Gombe. «Le 3 ou 4, vers 2 heures du matin, le général a pris sa jeep de commandement, l’a donné à son chauffeur. On est partis à l’aéroport». Sur le tarmac les attend un avion-cargo Transair. À l’arrivée, à Lubumbashi, c’est encore dans la ferme de John Numbi que les policiers en cavale logent. Le haut gradé les place d’abord comme escortes parmi ses subalternes les plus loyaux, avant de les «répartir en brousse». La plupart intègrent la police des mines. Ils y passeront dix ans. «Nous étions toujours contrôlés. Nous étions pris en otage», assure aujourd’hui M. Ilunga.
Hergil Ilunga et Alain Kayeye Longwa ne savent rien ou presque des motifs de l’assassinat des deux défenseurs des droits de l’homme. «Le major Christian nous avait dit que sur ordre du chef, il fallait l’étouffer, parce qu’il avait des problèmes avec les chefs, John Numbi et Joseph Kabila», rapporte Hergil Ilunga. Le chauffeur de Christian Ngoy Kenga Kenga attribue le même type de propos à son chef. «Il a dit que c’est un ordre qui vient du Raïs, à travers l’inspecteur général».
Pour un proche de Joseph Kabila, cela ne peut être qu’une calomnie. «Joseph Kabila n’a jamais été cité dans ce dossier», assure-t-il.
En 2010, le jeune président congolais se prépare à affronter sa deuxième élection. Il fait cette fois face à l’opposant historique, Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Pour les détracteurs du chef de l’État comme Floribert Chebeya, la période préélectorale est propice aux enquêtes et révélations. C’est aussi de loin la plus dangereuse. À chaque cycle électoral au Congo, des activistes comme lui sont victimes de la plus brutale répression dans un pays où, vingt ans après la fin de la guerre, l’impunité continue de régner.
Mais depuis le départ de Joseph Kabila de la présidence, les rapports de force se sont inversés et la peur a changé de camp. Si Hergil Ilunga et Alain Kayeye Longwa ont fui, c’est suite à un simple article de blog. Le 19 août 2020, le site Afrikarabia publie les noms des assassins présumés, mais aussi certaines de leurs photos.
Félix Tshisekedi avait promis de «ne pas fouiner dans le passé», mais le torchon brûle depuis des semaines avec son partenaire Kabila. Les caciques de son régime disent ne plus avoir confiance. Christian Ngoy Kenga Kenga bat le rappel des troupes. «Le général avait donné l’ordre de nous ramener tous à la ferme. Nos amis qui travaillent là-bas ont dit : «mon frère, si vous venez, on va vous empoisonner. Ne venez pas».
LE GÉNÉRAL NUMBI SUR «LA LISTE DES AMÉRICAINS».
Le colonel Christian Ngoy Kenga Kenga est arrêté et transféré le 3 septembre 2020 à Kinshasa. Cette nouvelle est saluée par toutes les organisations de défense des droits de l’homme qui réitèrent leur appel à la réouverture du procès. Mais les mois passent et l’ancien major croupit à la prison militaire de Ndolo, sans nouvelles informations sur des avancées dans la procédure.
«Je n’ai pas de nouvelles de lui depuis qu’il est à Kinshasa. Je ne sais même pas s’il a un avocat», confie un proche de Kenga Kenga. Pour un diplomate occidental, ce n’est plus qu’une question de temps. Le général Numbi est sur «la liste des Américains», principaux alliés de Félix Tshisekedi depuis sa prise de pouvoir. «Ils réclament sa tête et l’obtiendront tôt ou tard», estime-t-il.
En 2011, la cour militaire de Kinshasa a reconnu le colonel Daniel Mukalay, les majors Kenga Kenga, Mwilambwe et Jacques Mubago coupables de l’assassinat de Chebeya et Bazana. Tous les quatre ont été condamnés à la peine capitale. Les trois derniers l’ont été par contumace. Paul Mwilambwe et Jacques Mugabo sont considérés en fuite. Christian Ngoy Kenga Kenga et Jacques Mugabo attendent toujours leur procès en appel. Daniel Mukalay, lui, a vu sa peine réduite lors du procès en appel de septembre 2015. Les autres policiers cités dans le présent article n’ont jamais été inquiétés.
Sollicité par Rfi, le général John Numbi a pris note de la liste des allégations dont il a fait l’objet dans cet article et a promis d’y répondre lui-même ou à travers son avocat sans donné suite.
Rfi a également sollicité la direction de la Police nationale congolaise pour demander le statut et l’affectation des différents policiers cités par MM. Hergil Ilunga et Alain Kayeye Longwa. Les questions de Rfi sont restées sans suite.
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