Bonnes nouvelles dans le secteur des Finances publiques

Bonnes nouvelles dans le secteur des Finances publiques

Ambassadeur itinérant du Président de la République,  Nicolas Serge Kazadi Kadima-Nzuji était souvent dans les avions entre Kinshasa et des capitales étrangères. Ministre des Finances depuis fin avril 2021 dans l’équipe Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, le nouvel argentier national n’a nullement réduit son rythme de déplacements à l’étranger. Paris, Venise, Abidjan, Seychelles, Antananarivo, etc., il représente soit le Président de la République à des sommets des Chefs d’état ou auprès des Chefs d’état, soit son ministère à des conférences internationales.

L’homme à l’imposant parcours universitaire et professionnel (Université de Kinshasa, Université Marien Ngouabi, Université de Reims Champagne-Ardenne, Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne, École Nationale d’Administration ENA, à Paris, où il étudie dans la promotion Averroès aux côtés de l’actuel secrétaire général de l’Élysee Alexis Kohler et de l’ancienne ministre française de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, Banque Centrale, etc.) tire profit de son carnet d’adresses en Afrique et dans le monde pour faire avancer le dossier Congo.

En prenant ses fonctions le 28 avril dans cet immeuble de béton armé, il avait déjà annoncé les couleurs. Il y venait à la tête du ministère des Finances pour changer le paradigme. « Nous sommes pour servir dans la logique de servir le peuple d’abord. Au pouvoir, servir l’État sans se servir : telle est la devise des compagnons du devoir ».

Dans une interview le 23 juillet sur Rfi, la radio française, il parle du programme de trois ans conclu avec le Fonds monétaire international en échange d’une somme de 1,5 milliard de $US, des réformes que le gouvernement Sama s’est engagé à lancer notamment pour plus de transparence, notamment dans le secteur minier. Ci-après.

En quoi est-ce que ce programme avec le Fonds monétaire international est crucial pour les réformes que vous souhaitez engager?

Tout simplement parce que c’est la voie qui ouvre le règlement de tous nos problèmes structurels économiques. Ce programme fait partie du programme du gouvernement. Et donc les éléments que touche ce programme sont déjà des éléments qui étaient prévus dans le programme du gouvernement avant que nous n’entrions en discussions avec le programme du FMI.

Mais pourquoi avoir besoin du FMI pour ça? Est-ce l’expertise ou est-ce que c’est le fait que c’est compliqué de mettre en œuvre ces réformes parce qu’il y a peut-être des résistances dans certaines administrations?

Mais non, c’est tout d’abord un effort de transparence et puis, il y a un souci d’accompagnement. Et nous voulons que le FMI, comme un auditeur, vienne attester des efforts que nous fournissons pour améliorer la situation macroéconomique et ouvrir la voie à plus d’investissements, à une meilleure répartition des revenus et à un progrès économique et social.

Quels sont les principaux axes de réformes sur la Banque centrale? On a vu qu’elle était régulièrement citée dans les scandales financiers de ces dernières années…

La Banque centrale a un gros effort à faire dans sa restructuration qui est un processus continu qui a commencé depuis longtemps. Elle doit maîtriser ses coûts. Sur le plan de la politique monétaire, elle doit continuer l’effort de dédollarisation de l’économie, ce qui suppose un effort de maintien de la stabilité. Elle doit accompagner la politique du gouvernement dans la lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme, la manipulation excessive des espèces, y compris en monnaie étrangère. Elle a énormément de choses à faire. L’accès au crédit doit être renforcé. Il faut améliorer l’inclusion bancaire. Pour ce qui est du crédit, il est temps qu’on renforce l’information sur le crédit, c’est-à-dire la centrale des risques, pour que les banques aient plus de facilités à en octroyer aux entreprises et aux particuliers.

Comment allez-vous faire pour obtenir que la Banque centrale contrôle vraiment les banques commerciales? Rfi a participé à plusieurs enquêtes qui montrent que la Banque centrale du Congo ne joue pas du tout son rôle et laisse passer beaucoup de transactions…

Rien n’est immuable dans la vie. La Banque centrale est, comme je l’ai dit, dans un processus de restructuration. Elle a une nouvelle équipe à sa tête qui va continuer de le faire et qui vient avec un mandat très clair.

Donc on ne verra plus de virements de la Banque centrale directement sur le compte de sociétés privées ou même de créations de sous-comptes ou de comptes dans les banques commerciales sur lesquels de l’argent avait été détourné ?

Le mandat qu’ils ont reçu est un mandat d’amélioration de la situation, s’éloigner des mauvaises pratiques, s’éloigner des incidents que vous évoquez. Vous en parlez comme s’il n’existait que ça, non ! Ce sont des incidents qui ont pu arriver. Mais ce qui est clair, c’est que la nouvelle équipe dirigeante a pour mandat de faire mieux, de faire progresser la banque sur tous ses aspects.

Est-ce qu’elle aura l’autorité d’arrêter les paiements en liquide? Parce qu’on sait que le blanchiment d’argent se fait essentiellement par ce biais. Or, aujourd’hui, dans la plupart des banques, on retire des millions de dollars en liquide. Et c’était encore vrai ces derniers mois…

Oui, nous avons déjà beaucoup progressé. Nous avons déjà renforcé les organes de contrôle comme la CENAREF (Cellule nationale des renseignements financiers, ndlr) et d’autres. La difficulté que nous avons, c’est que nous sommes dans un pays minier où l’extraction minière, le commerce des minerais se fait à l’intérieur du pays et notamment de manière artisanale. Tout cela demande beaucoup de recours au cash. Et donc nous luttons contre ce recours abusif au cash dans un contexte difficile. Mais il est clair que nous avançons sur ces questions. Nous faisons avancer nos lois, nos contrôles. Aujourd’hui, nous recevons d’ailleurs beaucoup de demandes de dérogation, parce que les usagers se rendent bien compte que c’est de moins en moins facile de retirer de gros montants en devises ou en francs congolais. Donc il y a un progrès net sur cette question.

Est-ce que du coup, avec ce changement d’équipe à la Banque centrale, on va voir des sanctions contre les banques commerciales qui ont trempé dans des scandales?

Oui, sur ces questions-là, c’est une responsabilité partagée entre le ministère des Finances et la Banque centrale. Nous travaillons sur ces questions avec la CENAREF comme je vous l’ai dit. Et, croyez-moi, nous avançons avec l’objectif de ne plus permettre aux banques de perpétuer ces pratiques-là et d’une manière générale, de renforcer la transparence sur l’utilisation d’espèces dans le pays.

Est-ce qu’il y a des avertissements qui ont été faits à certaines banques? On a vu qu’Afriland First Bank avait changé de dirigeants au Congo… 

Ce n’est pas mon rôle de donner des exemples spécifiques. Mais je crois qu’il y a un mouvement effectivement qui va dans cette direction-là.

Donc des avertissements clairs?

Absolument !

Vous parlez du renforcement des réserves de change. ça, c’est l’un des objectifs de ce programme. Doubler les réserves de change en trois ans, c’est vraiment possible?

Oui, tout à fait, regardez. Entre décembre 2020 et juin 2021, nous sommes passés de 900 millions de dollars à 1,4 milliard. 1,4 milliard, ce sont les réserves placées à l’étranger. C’est ça qui répond à la nomenclature du FMI. Mais si l’on prend l’ensemble des réserves dont dispose la Banque centrale, on est déjà autour de deux milliards. Malheureusement, la partie des devises qui est détenue dans le système bancaire local n’est pas comptabilisée au titre des réserves internationales de change selon la nomenclature internationale.

Dans ce programme, il y a un volet qui est important, c’est la transparence dans le secteur minier. Vous avez régulièrement promis et vous avez déjà commencé à publier tous les contrats miniers. Mais est-ce que cet effort de transparence ira jusqu’à faire un audit de la Gécamines, la compagnie minière d’État?

Oui, nous avions prévu nous-mêmes de faire cet audit de la Gécamines et c’est prévu également dans le programme. Donc il y aura cet audit de la Gécamines. On va produire ces comptes audités.

Et ce sera aussi le cas pour la Sicomines, la joint-venture avec des entreprises chinoises? On sait que la société civile a beaucoup décrié la gestion de ce que l’on appelle les contrats chinois…

Oui, pourquoi Sicomines y échapperait ? Nous devons mettre au clair la situation comptable et financière de ces grands projets qui sont importants pour nous. Et nous sommes dans une relation avec la partie chinoise de transparence, d’amélioration de la transparence et de l’efficacité dans ce projet Sicomines.

Donc vous êtes en discussion à l’heure actuelle pour tenter de corriger ce qui était dénoncé par les ONG?

Très clairement, très clairement, on ne va pas revenir sur le passé. Mais très clairement, nous sommes engagés dans un processus de rectification des fameux contrats chinois. Nous avons une feuille de route très claire là-dessus et nous allons corriger toutes les erreurs du passé.

Mais quand vous dites que vous n’allez pas revenir sur le passé, c’est-à-dire que vous allez améliorer les contrats, mais ça ne veut pas dire qu’il y aura des procès liés à ça?

À ma connaissance, ce n’est pas l’ordre du jour aujourd’hui.

Il n’y a pas que ce programme avec le Fonds monétaire internationale. La RDC devrait recevoir 1,5 milliard de dollars au titre des droits de tirage spéciaux, probablement à la fin août ou début septembre. C’est une aide sans condition. Qu’allez-vous faire de cet argent?

Oui, il s’agit là d’une allocation spéciale au titre des droits de tirage spéciaux voulue par la communauté internationale à travers le FMI pour permettre aux pays en développement comme la RDC pour stimuler leur économie et la relancer après l’impact de la crise liée à la pandémie de Covid.

Pour ce qui est de l’utilisation de cet argent, il est clair à ce stade qu’une partie viendra en renforcement des réserves et une autre servira sur le plan budgétaire à d’autres actions pour stimuler l’économie. Mais je préfère ne pas en parler à ce stade, mais nous avons des discussions en cours pour faire une proposition vraiment novatrice dans l’utilisation de ces ressources.

Comment allez-vous faire pour financer le prochain cycle électoral dans ce cadre-là où vous allez devoir avoir une gestion vraiment rigide?

Comme nous nous y sommes engagés, le Premier ministre a été très clair dans son discours d’investiture. Il a annoncé que nous allons faire des provisions année après année pour pouvoir financer les élections en toute sérénité. Nous avons déjà commencé et, au moment où nous parlons, nous avons des provisions constituées.

Au moment de la publication du collectif budgétaire, vous serez informés des allocations pour cette année. Ce qui va, j’espère, coïncider avec le début du fonctionnement de la nouvelle CENI. Et donc, nous sommes dans le bon de ce point de vue là. Cela dit, au-delà des financements internes, nous sommes ouverts, comme ça a été le cas dans le passé, aux appuis des partenaires pour ce qui est du cycle électoral. Mais nous commençons par faire notre devoir et à constituer des provisions pour financer la CENI.

Parce que justement ça fait partie des difficultés qui ont été rencontrées dans les précédents cycles électoraux : avoir des budgets qui explosent littéralement et finalement assez peu de contrôles. On a vu que le dernier rapport de la CENI, il n’y avait pas eu vraiment de contrôle et il n’y a pas suffisamment de chiffres dedans pour expliquer la manière dont l’argent a été utilisé…

Oui, je suis d’accord avec vous qu’en ce qui concerne l’efficience, il y a un gros effort à faire et ça ne concerne pas que la CENI, c’est général. Et nous avons énormément de progrès à réaliser pour que nos dépenses publiques, la qualité et l’efficience de nos dépenses publiques soient renforcées. Nous le ferons pour la CENI comme nous sommes en train de commencer à le faire pour les autres secteurs.

SONIA ROLLEY.

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