Denis Kadima, ça passe ou ça casse

Denis Kadima, ça passe ou ça casse

Il s’appelle Denis Kadima Kazadi. Congolais, né le 21 septembre 1961 au Congo. Détenteur d’un master en Sciences Po, diplômé post-universitaire en Administration des affaires de l’Université de Witwatersrand à Johannesburg (1997 et 1999).

Connu, reconnu comme expert en élections, démocratie et bonne gouvernance. Il compte trente ans d’expérience professionnelle dont vingt-et-un an dans le domaine des élections, de la démocratie et de la bonne gouvernance.

PROCHE DU POUVOIR ?  

Selon ses biographes, Kadima développe « des compétences solides dans les domaines du leadership, de la planification stratégique, de la conception et de la direction des programmes, de la levée de fonds (fundraising), de la gestion axée sur les résultats, du réseautage, de la gestion des ressources humaines et de la gestion financière ».

De 1987 à 1992, il est chef de service et gérant d’une succursale de la Banque Commerciale Zaïroise (ex-BCDC), dirige, de 1995 à 1998, en Afrique du Sud, le Programme de l’Ashoka Innovateurs pour le Public. De juillet 2010 à mars 2011, il est directeur du référendum et élections de l’ONU au Soudan et, en 2011, en Tunisie, il est conseiller technique principal du PNUD. Dans ce dernier pays, il est celui qui met en place et dirige l’équipe électorale de l’ONU, élabore des stratégies et plans opérationnels appropriés pour l’organe tunisien de gestion électorale (ISIE) et intègre la dimension genre dans toutes les stratégies opérationnelles.

Outre cela, il parle anglais, français, Swahili, Lingala, Tshiluba.

Présenté par la religion kimbanguiste, l’une des confessions religieuses du pays, appuyé par cinq autres confessions religieuses, au total six sur les huit admises à la désignation du candidat Président de la Commission électorale nationale, Denis Kadima Kazadi était bien parti pour gagner la partie.

Sauf que les choses traînent trop longtemps. Deux des confessions religieuses, l’église catholique représentée par la CÉNCO, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo et l’église protestante représentée par l’ÉCC, l’Église du Christ au Congo, qui forment le le présidium de la sous-composante Confessions religieuses, opposent un refus catégorique au choix des six autres confessions religieuses, les Kimbanguistes, l’église du Réveil, les musulmans, etc., invoquant « pressions, menaces exercées sur le choix par des milieux proches du pouvoir, appels téléphoniques anonymes, tentatives de corruption », ce qui remettrait en cause l’indépendance de ce candidat.

L’église catholique et l’église protestante invoquent leur taille dans le pays ont donc imposé leur veto sur le nom de Kadima. Sauf que, outre la charte des confessions religieuses en l’espèce, qui n’accorde à chacune qu’une voix, l’argument d’indépendanceest politiquement difficile à tenir.

CANDIDAT PRESIDENT C ?

A supposer qu’un candidat soit proche du pouvoir, qui ne serait pas proche de qui ? Même si on désignait un prêtre catholique, qui ne connaît le sort du premier président de la Céni, l’abbé Apollinaire Malumalu Muholongu, issu des catholiques, rejeté par la CéNCO dès 2006 à sa désignation au dialogue inter-congolais de Sun Ciy, soupçonné d’accointances politiques pro-Kabila ? Qui ignore le cas du pasteur méthodiste Daniel Ngoyi Mulunda-Nyanga qui, en février 2011, connut le même sort ? Qui ne sait qu’aujourd’hui, l’église catholique a un candidat officiellement présenté, Cyrille Eboloko, responsable du Programme d’Éducation Civique et Électorale à la Commission épiscopale Justice et paix, à la CÉNCO ? Porté par la CéNCO, Eboloko fut la cheville ouvrière de la cellule d’observation électorale de l’épiscopat catholique qui avait déployé en 2018 environ 40.000 témoins dans les bureaux de vote. Faut-il croire que la CéNCO et l’éCC ont un candidat Président de la République et, du coup, pour ce faire, un candidat président de la Céni ? Si tel est le cas et si ceci est connu, comment peuvent-elles espérer gagner cette partie ? En mobilisant la rue ? Ce serait fort dommage…

Que faire de la loi de la démocratie qui donne le pouvoir à la majorité exprimée ?

Il reste que malgré plusieurs tentatives de trouver un consensus, celui-ci est resté introuvable et la question s’est retrouvée à l’Assemblée nationale qui doit se prononcer après qu’une commission paritaire, elle-même contestée par diverses forces politiques, eut déposé son rapport.

Nul doute que ça passe ou ça casse !

Que va faire l’Assemblée nationale désormais que les deux présidents des Chambres, Christophe Mboso Nkodia Pwanga de la Chambre basse et Modeste Bahati Lukwebo de la Chambre haute, semblent avoir harmonisé leurs positions ? Qui ne sait que jamais l’église catholique, par exemple, n’a jamais, à ce jour, adoubé un seul candidat Président de la Commission électorale nationale… indépendante, qu’elle s’est toujours opposée à tous les candidats ? 

Nul doute que ça passe ou ça casse !

Il faut plus que jamais éviter de rééditer l’exploit Ronsard Malonda Ngimbi. Secrétaire Exécutif National de la CÉNI, désigné par six des confessions religieuses, porté par l’ex-majorité présidentielle kabiliste, ce furent les églises catholique et protestante rejointes par des partis politiques et des mouvements citoyens, qui s’opposèrent farouchement à ce candidat qui n’eut aucune chance après que l’église kimbanguiste dont il disait être le candidat eut déclaré qu’il n’avait jamais été porté par elle.

Accusé de tous les péchés d’Israël notamment d’avoir « trop mal » organisé les dernières élections surtout législatives – les dernières opérations électorales n’avaient pu aller à leur terme, le président de la CÉNI ayant stoppé le processus de comptage publiant les résultats qu’elle-même savait, communiqués par les tenants du pouvoir d’alors – mais voilà qu’on trouve comme successeur à Nangaa, son propre Secrétaire Exécutif National de la Commission Électorale, l’homme qui fut en première ligne dans les tripatouillages de novembre 2018.

« Avoir ce Monsieur que je respecte par ailleurs et dont je reconnais le professionnalisme, la technicité, etc., l’avoir à la tête de la CÉNI, c’est la continuité de l’ancienne CÉNI. Est-ce que les Congolais accepteraient cela ? L’enjeu est de taille. Il s’agit de redonner la confiance du peuple congolais au système électoral. Si on doit aller aux élections avec la CÉNI Nangaa-bis, il y a aura peu de Congolais qui se mettront debout pour aller voter», avait expliqué le Secrétaire général de la CÉNCO, l’abbé Donatien Nshole Babula, la parole de la Conférence Épiscopale.

Puis : «Il y a eu blocage parce que chacun tenait à son candidat. Les autres ont fait bloc pour soutenir la candidature de Malonda. Pour l’ÉCC et la CÉNCO, c’est tout sauf ça. Ça doit être clair. Cela parce que c’est lui le secrétaire exécutif de la CÉNI qui nous a conduit aux dernières élections. C’est lui la cheville ouvrière du point de vue technique. C’est lui le technicien qui a combiné tout ce que nous avons déploré aux élections de 2019 ».

« Ce pays va décoller le jour où ceux qui sont au pouvoir vont comprendre que pour rester au pouvoir, ils doivent travailler de sorte à satisfaire la population. Si ça continue comme aujourd’hui, avec ceux qui pensent que pour rester au pouvoir, il faut des combines avec la complicité de la CÉNI, le peuple congolais continuera dans la souffrance (…). La CÉNCO et l’ÉCC disent non à une CÉNI qui sera la continuité de Nangaa ».

ALUNGA MBUWA.

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