L’UDPS y va fort, elle balance Katumbi
Est-ce nécessaire de le répéter ? L’UDPS est née dans l’offensive sévère, le parti de l’opposant historique Etienne Tshisekedi Wa Mulumba est fait de combattants, de la base au sommet. Pour reprendre une expression rendue célèbre, l’UDPS ne se laisse «jamais intimider» par quiconque.
Dans la désormais nouvelle guerre, il y a au centre : la proposition de la loi Tshiani sur le verrouillage de certains postes régaliens qui seraient réservés aux seuls Congolais nés de père et de mère congolais. Y compris la présidence de la République. Idée vécue par les pro-Katumbi comme une attaque contre leur chef, né de père d’origine grecque; mise en place du bureau de la Centrale électorale nationale, que le Chef de l’état a investi vendredi 22 octobre par une ordonnance.
«Deux sujets ligne rouge pour les Katumbistes. Si l’un d’eux venait à se concrétiser, cela signerait la fin de l’engagement de Katumbi au sein de l’Union sacrée», avait déclaré MKC.
Petit florilège de phrases récemment entendues dans cette guerre ouverte qui oppose l’UDPS au richissime ex-gouverneur du Katanga.
◗ 23 octobre 2021. C’est le Secrétaire général lui-même, Augustin Kabuya Tshilumba qui sort du silence et réagit à la lettre, diffusée le 20 octobre, de Katumbi invitant le Président de la République à ne pas investir le nouveau bureau de la CéNI. L’investir «conduira le pays à un nouveau cycle de désordre». Puis de demander au Chef de l’Etat «d’imposer aux responsables de l’Union Sacrée le respect des textes afin de ne pas y laisser prospérer les anti-valeurs, notamment la corruption, le débauchage, l’achat des consciences, contre lesquelles vous avez engagé une lutte sans merci ».
«Le président de l’Ensemble pour la République doit cesser avec le chantage, car le 3 septembre dernier, une délégation a été dépêchée afin de négocier le poste de 1er Vice-président de la Centrale électorale. Katumbi avait dépêché Kamitatu et Salomon Kalonda. Ils ont affirmé qu’ils ne sont pas contre Kadima à condition que ce poste leur revienne. Nous leur avons dit que vous n’avez que 70 députés, le FCC/Union Sacrée a plus de députés que vous. Je prends à témoin le président de l’assemblée nationale et le professeur Mbata», déclare Kabuya. Finalement, la délégation réclame le poste de rapporteur, qui lui est à nouveau refusé, réservé à l’UDPS.
La veille, ces déclarations avaient été délivrées, sur Télé 50, dans les mêmes termes, par un autre membre du dernier carré du Président de la République, l’avocat et député provincial Peter Kazadi.
◗ Vendredi 6 août 2021, le Secrétaire général le balance. « Je demande aux lieutenants de M. Moïse Katumbi de continuer à attaquer ouvertement la personne du Chef de l’État au lieu de se cacher derrière le Cardinal Ambongo ou encore le Vice-président honoraire Jean Pierre Bemba. Ils savent très bien qu’ils ont créé une situation politique pour salir le Chef de l’État dans l’opinion et ça ne passera pas. Avant de répondre aux partisans de Ensemble et leur Chef Katumbi, j’avais téléphoné à certains d’entre eux pour leur annoncer que désormais je vais commencer à réagir à toutes leurs provocations. Dès lors, ils étaient tous conscients que Augustin Kabuya allait nous répondre». Puis : «Je n’ai aucun problème personnel ni avec le Vice-président honoraire Jean-Pierre Bemba ni avec le Cardinal Ambongo».
◗ Mardi 27 juillet 2021 à la consacrée matinée politique de l’UDPS, Kabuya Tshilumba fustige Katumbi le qualifiant de «politicien de seconde zone, un homme qui empiète sur le fonctionnement des autres, a mis à sa solde plusieurs partis politiques et des ONG des droits humains. Les membres de l’Ensemble pour la République sont à la base de la situation que nous traversons aujourd’hui. Moïse Katumbi a acheté beaucoup de partis politiques et des ONG des droits humains. Voulez-vous me demander quels partis il a achetés mais où est le parti de Kamitatu aujourd’hui ? Ne l’a t-il pas acheté ? Le parti de Christophe Lutundula, ne l’a t-il pas acheté? Même les organisations de défense des droits humains ont été achetées». Puis : «Pour ceux-là qui veulent savoir quelles sont les organisations de défense des droits humains que Katumbi a achetées, veuillez seulement observer l’ASADHO de Jean Claude Katende. Ne l’a t-il pas acheté ?».
Certes, « l’Union sacrée n’est pas un long fleuve tranquille. La nouvelle coalition traverse plusieurs zones de turbulence. Allié de Fatshi depuis la fin 2020, Katumbi sera-t-il l’adversaire du président en 2023 ? Le positionnement de l’intéressé est ambigu. En rupture avec Martin Fayulu, s’il fait partie de l’Union sacrée, il ne s’y affiche pas, comme Bemba ou le président de la Chambre haute Modeste Bahati Lukwebo, comme un indéfectible appui du chef de l’État. Il n’a pas officialisé sa propre candidature, mais il est obligé de se présenter au prochain scrutin au risque d’installer l’idée qu’il ne sera jamais candidat, résume l’un de ses députés. Et puis, s’il renonce à y aller maintenant, il sera contraint d’attendre 2028. C’est très loin », selon Jeune Afrique.
« Si Moïse Katumbi venait à se déclarer candidat, plusieurs questions se poseraient inévitablement. Celle de son assise politique, déjà. Si son poids au Katanga ne fait pas de doute, sa capacité à mobiliser en dehors de son fief fait débat. Il a retrouvé ses vieux réflexes et, comme il l’avait fait à l’approche du scrutin de 2018, il a renoué contact avec les lobbyistes de Washington».
AlUNGA MBUWA.