Philippe de Belgique et la reine Mathilde en visite à Kinshasa
Enfin, le roi Philippe, dont la visite au Congo avait souvent été évoquée, avant d’être reportée à plus tard, à la suite notamment de la pandémie du Covid-19, se rendra pour la première fois au Congo, du 6 au 10 mars, a annoncé mercredi la Présidence congolaise dans un communiqué signé par le Directeur de cabinet du Président de la République Guylain Nyembo Mbwizya, de même que le Palais royal belge, à Bruxelles.
Philippe sera accompagné de son épouse, la reine Mathilde, du Premier ministre belge Alexander De Croo, de la cheffe de la diplomatie belge Sophie Wilmès et de la ministre de la Coopération au développement Meryame Kitir, a précisé le Palais royal dans un communiqué sans en révéler le programme.
Selon le communiqué du Cabinet du Président de la République, daté du 16 février 2022, «sur invitation de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Sa Majesté le Roi Philippe de Belgique et Sa Majesté la Reine Mathilde de Belgique effectueront une visite officielle en République Démocratique du Congo du dimanche 6 mars au jeudi 10 mars 2022 inclus ».
Puis : «Cet événement marquera, une fois de plus, l’excellente qualité des relations bilatérales entre le Royaume de Belgique et la République Démocratique du Congo».
Mais aucun détail n’est donné non plus sur le programme de cette visite ni si la délégation royale belge se rendra ailleurs que dans la Capitale. C’est la première visite royale belge au Congo depuis le voyage d’Albert II, père de Philippe, en 2010, pour le cinquantenaire de l’indépendance de l’ancienne colonie et la cinquième d’un roi de Belgique.
En mai 1955, Baudouin 1er débarque à Léopoldville : c’est le premier voyage au Congo du jeune roi. Il est accueilli avec ferveur par une population en liesse qui, très vite, lui donne le surnom de «Bwana Kitoko» en swahili («le bel enfant»).
CROISIERE SUR LE FLEUVE CONGO.
Un périple de 10.000 kms qui permet au souverain belge de découvrir les réalisations de la colonisation et la mise en valeur d’un pays dont les ressources agricoles et minières permettent à la Belgique de connaître un essor économique important. Alors que l’aspiration à l’indépendance agite un peu partout les empires coloniaux, le Congo semble échapper à la contagion. Une illusion qui ne durera pas très longtemps. Mais le roi déclare : «nous reconnaissons avec joie et émotion que le Congo accède ce 30 juin 1960, en plein accord et amitié avec la Belgique, à l’indépendance et à la souveraineté internationale».
Cinq ans plus tard, le roi est de retour au Congo pour entériner cette fois, l’indépendance de la colonie. Une indépendance qui dès le lendemain du 30 juin 1960 est synonyme de chaos et d’anarchie. Le pays est à feu et à sang.
En 1970, le colonel Mobutu est au pouvoir. Le Congo est devenu Zaïre. Mobutu est devenu maréchal et Baudouin 1er assiste aux cérémonies du dixième anniversaire de l’indépendance, mais les rapports entre les deux pays se détériorent.
En 1985, le roi Baudouin revient une dernière fois au Congo, toujours pour les festivités du 30 juin. Un voyage qui se termine par une croisière sur le fleuve Congo dont les eaux tumultueuses sont à l’image des relations entre la Belgique et son ancienne colonie.
«SES PLUS PROFONDS REGRETS.
En juin 2020, le roi Philippe, qui règne depuis 2013, avait présenté pour la première fois dans l’histoire du pays «ses plus profonds regrets pour les blessures» infligées lors de la période coloniale belge au Congo.
Dans une lettre adressée au président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, il exprimait «ses plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui ravivée par les discriminations encore présentes dans nos sociétés». «À l’époque de l’Etat indépendant du Congo (de 1885 à 1908 quand le roi Léopold II céda le territoire à l’Etat belge, ndlr) des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective», et «la période coloniale qui a suivi (celle du Congo belge de 1908 à 1960) a également causé des souffrances et des humiliations», écrivait-il.
Léopold II, qui gérait le Congo et ses richesses comme son bien privé depuis Bruxelles, avait recouru au travail forcé pour l’exploitation du caoutchouc. Des exactions – jusqu’aux mains coupées pour les travailleurs insuffisamment productifs – ont été documentées. Kinshasa avait salué «une avancée» à même de «booster les relations amicales» entre les deux pays.
RESTITUTION D’UNE DENT DE LUMUMBA.
La visite de Philippe et Mathilde intervient alors que le gouvernement belge a présenté en juillet sa feuille de route pour restituer au Congo des milliers d’objets culturels acquis abusivement, particulièrement lors des violences commises sous le règne de Léopold II – un processus qui pourrait durer plusieurs années.
Par ailleurs, la Belgique s’apprête à restituer à Kinshasa une dent de Patrice-Emery Lumumba, héros congolais de la lutte anti-coloniale et éphémère premier ministre du Congo indépendant, dont le corps, dissout dans l’acide, n’a jamais été retrouvé. Une cérémonie de restitution de cette «relique», prévue en juin 2021 à Bruxelles, a été reportée en raison de la pandémie du Covid-19.
avec AGENCES.