Denis Kadima frappe

Denis Kadima frappe

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1575|JEUDI 16 FÉVRIER 2023.

Dans un pays où le billet vert est si disputé, quel risque ne prennent pas à chaque instant les lanceurs d’alerte ou les libres penseurs ! Vous pouvez beau avoir assisté à la commission d’un crime documenté et le dénoncer devant un fonctionnaire ou un juge, toutes les précisions sur la table, le criminel n’aura qu’un geste à faire et l’affaire sera réglée, enterrée ! Si ce n’est pas le $US qui est porté, l’homme sur qui pèse la personne soupçonnée pourrait faire jouer de son influence de personnalité puissante ou entendue telle pour que la page se tourne sans anicroche pour lui.

GRAVISSIME !
Hier sous Kabila, l’actuel ministre des Finances et de l’Économie, Nicolas Serges Kazadi-Nzuji témoigne et cela donne froid au dos : « En février 2016, lors d’une tentative d’exécution d’un jugement, j’ai touché du doigt la face la plus sombre de notre justice. J’ai même été battu par les gardes républicains de l’époque. J’ai eu un doigt fracturé par des coups de matraque et ma vie a été mise en danger » (le Soft International n°s 1574 daté jeudi 9 février 2023 et 1575 daté jeudi 16 février 2023).
Comment ne pas féliciter l’équipe du président de la centrale électorale nationale Dénis Kadima Kazadi pour ne pas s’être laissée attirer par le paquet de dollars qui n’a pas manqué d’être offert ou par le jeu d’influence qui n’a pas manqué d’être invoqué lors de l’instruction judiciaire qui se déroule dans cette affaire qualifiée par la CÉNI, la Commission Électorale Nationale Indépendante, d’un cas d’« individu appréhendé le mercredi 8 février 2023 à Kinshasa en possession d’un lot de 300 cartes d’électeurs vierges en provenance du territoire de Masimanimba dans la province du Kwilu »?
Le communiqué de presse (n° 007/CÉNI/2023 signé le 14 février 2023 par son rapporteur Patricia Nsenga Mulela) poursuit : « En attendant que les instances compétentes qui instruisent le dossier établissent les éventuelles complicités ayant favorisé ce détournement, le Bureau de la CÉNI attire l’attention de la population, sur toute l’étendue du territoire national, que le matériel électoral, allant des kits d’enrôlement, panneaux solaires jusqu’aux batteries du lithium, fait l’objet de convoitises. Des lors, la CÉNI informe le public qu’elle a mis fin aux prestations contractuelles de certains de ses cadres et agents pour atteinte à l’intégrité du processus électoral ». Gravissime! Selon toutes vraisemblances, parvenir à se procurer de manière illicite des cartes d’électeurs vierges, déplacer d’un centre d’identification et d’enrôlement une dizaine de kits (machines-ordinateurs) pour les installer à son domicile où des grappes d’hommes et de femmes arrivées de Kinshasa, s’agrippent à plus 350 kms, sont entassées pour obtenir nuitamment des cartes d’électeurs, n’est pas à la portée du premier quidam.
Selon tous les témoignages documentés à Masimanimba comme à Kinshasa, c’est à bord d’autocars « Kisalu na Ntuala » basés à de Masamuna, le long de la route nationale n°1, la grande cité à l’entrée de la province du Kwilu, que ces hommes et ces femmes arrivaient de Kinshasa.
Pourquoi autant de personnes inconnues dans cette cité où tout le monde se connaît, se rendraient ici en aussi grand nombre pour prendre une carte d’électeur, alors qu’elles pouvaient les prendre en toute quiétude là où elles résident à Kinshasa, se faire offrir à boire et à manger et empocher en retour une somme d’argent ?
Dans tous les cas de figure, c’est peut-être la première fois dans l’histoire des processus électoraux dans notre pays que la centrale électorale nationale dénonce ainsi, à haute et intelligible voix.

LES YEUX RIVÉS.
Comment ne pas dire bravo à cette composition qui évite ainsi la réédition d’exploits de fraude électorale documentés dans le passé, restés impunis. Reconnaissons-le au moins dans cette matière : le Congo d’hier n’est plus le Congo d’aujourd’hui.
«Je félicite @cenirdc et son président @dkadimaofficiel pour cette vigilance après les dénonciations du @PartiAction. Allez de l’avant, que justice soit faite, que les « médiocres dégagent » @fatshi13. Pas de place aux tricheurs». @kkmtry, mardi 14 février 2003.
À Masimanimba où divers centres d’identification et d’enrôlement n’ont jamais vraiment fonctionné dans la circonscription électorale, où des machines sont systématiquement tombées en panne, du moins à en croire tous les témoignages récoltés, ne faut-il pas rechercher dans cette opération la cause sinon l’une des causes de ce phénomène? Il reste que la population debout et très remontée réclame justice. Elle a les yeux rivés vers la CÉNI afin qu’elle rectifie le tir notamment en faisant venir des machines en état de fonctionnement et en repoussant la date d’arrêt des opérations dans cette circonscription électorale.

T. MATOTU.

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