Les extraits du discours de la rentrée du président Modeste Bahati Lukwebo

Les extraits du discours de la rentrée du président Modeste Bahati Lukwebo

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1578|lundi 20 mars 2023.

Ci-après des extraits du discours du président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo à la rentrée du 12 mars 2023.
«La présente session intervient après des vacances parlementaires qui nous ont permis de séjourner dans nos différentes Circonscriptions électorales. J’estime que chacun de nous a mis à profit ce moment pour se faire enrôler. A ce propos, je salue le lancement, le samedi 24 décembre 2022, de l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs dans la première aire opérationnelle.
Cependant, compte tenu des difficultés rencontrées au début de son lancement, cette opération n’a pas pu se terminer le 23 janvier comme prévu. C’est ainsi que la Commission Électorale Nationale Indépendante « CÉNI », a accordé un délai supplémentaire de 25 jours à dater du 24 janvier au 17 février 2023. Cette opération s’est poursuivie dans sa deuxième aire opérationnelle à partir du 24 janvier 2023 et enfin, dans la troisième le 16 février 2023. La poursuite du processus d’enrôlement, dans sa deuxième aire opérationnelle a eu lieu le 24 janvier 2023. Et enfin, dans la troisième le 16 février 2023.
Par ailleurs, le Sénat salue l’initiative du Gouvernement d’inclure, pour la première fois, dans le processus électoral, certains de nos compatriotes vivant en Afrique du Sud, en Belgique, en France, aux Etats-Unis d’Amérique et au
Canada. Depuis le début des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs, je constate fort malheureusement qu’à Kinshasa tout comme à l’intérieur du pays des messages aux allures de campagne électorale sont repris sur des banderoles et calicots des potentiels candidats, alors que l’organe attitré, la CÉNI, n’a pas encore donné le go. Le Sénat attire l’attention de la classe politique sur le fait que le processus actuel d’enrôlement n’est pas synonyme de la campagne électorale.
Pour clore ce chapitre, le Sénat recommande au Gouvernement de faire diligence pour déposer au Parlement le « Projet de loi relatif à la répartition des Sièges », avant la fin de cette session afin de permettre son examen et adoption par les deux Chambres à temps utile.
La présente session est en ordre principal consacrée aux activités législatives c’est-à-dire l’examen et l’adoption des projets et propositions des lois.
J’en profite pour vous présenter succinctement le condensé des lois déjà adoptées et des arriérés législatifs qui doivent être, à tout prix finalisés.
En attendant l’adoption du calendrier des travaux de la session par l’Assemblée plénière sur proposition de la Conférence des Présidents, la présente session aura à examiner et à adopter certaines matières au titre d’arriérés législatifs tant en Commissions permanentes qu’en Commissions mixte paritaires.
Il s’agit de :
1. Proposition de loi modifiant et complétant la loi n008/012 du 31 juillet 2008, portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des Provinces, telle que modifiée et complétée par la loi n013/008 du 22 janvier 2013;
2. Proposition de loi modifiant et complétant la loi n011/011 du 13 juillet 2011, relative aux Finances publiques;
3. Projet de loi modifiant et complétant la loi n015/003 du 12 février 2015 relatif au crédit-bail;
4. Proposition de loi relative à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine culturel matériel et immatériel de la République Démocratique du Congo;
5. Proposition de loi modifiant et complétant la loi n011/022 du 24 du décembre 2011, portant principes fondamentaux relatifs à l’agriculture.
La présente session s’ouvre également sur les cendres d’une série d’événements géopolitiques de tous ordres aussi rassurants que préoccupants pour tout homme averti tant sur le plan international que national. Sur le plan international, cette session débute avec la continuité des hostilités entre la Russie et l’Ukraine, qui a pour conséquence la flambée des prix sur le marché national et international ainsi que la rareté des produits de première nécessité. Alors que l’Afrique ne s’est pas encore totalement remise des répercussions socio-économiques de la pandémie de la Covid-19, le conflit entre la Russie et l’Ukraine représente une autre menace majeure pour l’économie mondiale et de nombreux pays africains sont directement touchés. Ce conflit a un impact sur la sécurité alimentaire en Afrique, tant en disponibilité que sur les prix de certaines cultures vivrières, notamment le blé et le tournesol par exemple. Ce qui engendre des incertitudes croissantes sur les marchés financiers mondiaux et les systèmes de chaîne d’approvisionnement.
Le Sénat recommande au Gouvernement d’anticiper en prenant des mesures appropriées pour maintenir la stabilité du cadre macro-économique afin de protéger le pouvoir d’achat de la population.
Permettez-moi de vous informer que dans le cadre de ma récente mission officielle au Royaume de Belgique, j’ai eu le privilège de représenter notre Chambre législative au Forum économique internationale axé sur l’inclusion financière et professionnelle sur la coopération triangulaire Belgique-RD.Congo et ACP, organisé par CREDASSUR CONNECT et co-parrainé par le Ministre d’Etat belge, André Flahaut.
Une fois de plus sur le plan international, je félicite le Président de la République, Son Excellence, Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui a fait du retour de la République Démocratique du Congo, sur la scène internationale, l’une de ses priorités.
Son mandat réussi à la tête de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale, «CEEAC en sigle», en est une illustration parfaite.
Il en est de même de l’élection, le 18 février 2023 par les Chefs d’Etats de l’Union Africaine, du Congolais Dr. Jean KASEY A à la tête du Centre Africain pour la Surveillance et la Prévention des Maladies, CDC en sigle. Cette dynamique de reconquête de la place de la grande RDC dans le concert des nations est à encourager surtout sur le plan de la diplomatie de développement qu’il ne cesse d’impulser.
Aussi, je salue la participation personnelle du Chef de l’Etat, qui, lors du 53èmeForum économique mondial tenu à Davos, a une fois de plus démontré à la face du monde, le rôle fondamental que notre pays devra jouer dans la transition écologique avec des minerais stratégiques tels que: le lithium, le cobalt, le manganèse et autres qui interviennent dans la fabrication des batteries et véhicules électriques.
Par ailleurs, j’encourage la matérialisation et la mise en œuvre du partenariat stratégique et historique signé le 14 novembre 2022 par la RDC, l’Indonésie et le Brésil. Ces pays détiennent les bassins forestiers tropicaux les pl=us importants au monde en vue de la mutualisation d’efforts pour lutter contre le changement climatique. Le Sénat encourage à ce sujet, la renaissance et la requalification des objectifs de notre diplomatie, désormais proactive et tournée vers le développement. C’est dans ce cadre que nous devons nous réjouir du fait que notre pays vient de procéder pour la première fois depuis plusieurs années, au lancement de l’exportation de l’or de la production artisanale encadrée par la chaîne de valeur mise en place et agréée par une entreprise issue du partenariat entre la République Démocratique du Congo et les Émirats Arabes Unis. Le Sénat encourage cette avancée qui vient de formaliser l’exportation des minerais provenant de l’Est de notre pays étant donné que leur traçabilité posait un sérieux problème. Il sied de rappeler que l’organisation de la neuvième édition des jeux de la francophonie avait été attribuée à la RDC en juillet 2019. Reportée à deux reprises par l’Organisation Internationale de la Francophonie, cette édition devrait se tenir finalement à Kinshasa, du 28 juillet au 6 août 2023. C’est ici l’occasion d’encourager le Gouvernement d’accélérer les préparatifs liés à l’organisation de cette fête de la jeunesse des pays francophones afin d’éviter un autre report. Sur le plan national, permettez-moi, à cette occasion, de faire un tour d’horizon de la situation générale de notre pays. Au plan politique et sécuritaire, le Sénat prend parti de la réévaluation, en janvier dernier du partenariat stratégique entre la RDC et la Monusco dont les échanges ont porté sur les conditions d’une collaboration tripartite FARDC Monusco et la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est afin de concrétiser les résolutions du mini-sommet de Luanda du 23 novembre 2022. Il faut noter que ce mini-sommet recommande un cessez-le-feu, le retrait, le désarmement et le cantonnement des éléments M23.
Le Sénat soutient le Gouvernement qui a pris acte du refus répété du M23 d’exécuter les prescrits du plan de paix établi par le mini-sommet de Luanda au mois de novembre dernier.
Pour rappel, c’est à la date du 15 janvier 2023, que la feuille de route de Luanda prévoyait le retrait total des troupes du M23 dans les Zones ou Territoires qu’elles occupaient.
S’agissant du retrait du M23 de certaines localités, il s’est agi tout simplement d’une diversion, parce que ce mouvement terroriste comme vous le savez tous, a ouvert un autre front vers le Masisi avec comme objectif d’asphyxier économiquement la ville de Goma.
Je ne peux passer sous silence l’apport et la solidarité de certains pays amis dans la recherche des solutions idoines en vue du rétablissement de l’intégrité territoriale et de la paix à l’Est de notre pays, cette paix qui est sans cesse menacée par les provocations incessantes et les velléités belliqueuses du Rwanda. C’est ici l’occasion pour moi d’appeler la Communauté internationale à condamner le soutien que le Rwanda apporte au M23.
Toujours sur le plan sécuritaire, malgré la poursuite des opérations militaires dans les Provinces sous état de siège et la traque des forces négatives dans l’Est du pays, il y a lieu de relever l’activisme des Groupes armés et du M23 dans les Provinces de l’ituri et du Nord-Kivu, en dépit du déploiement de la Force régionale de l’EAC. A Kasindi au Nord-Kivu, par exemple, un attentat à la bombe perpétré par le Groupe ADF/NALU le dimanche 15 janvier 2023, a fait une dizaine des morts et plusieurs blessés dans une Église protestante la 8ème CEPAC. En Ituri, les miliciens de la Codeco tuent des innocents et s’attaquent même aux camps des déplacés, accentuant ainsi la souffrance de ceux qui ont tout abandonné pour sauver leurs vies. Vous avez tous suivi que des fosses communes contenant les corps de 42 civils dont 12 femmes et 6 enfants ont été découvertes à Bunia (Province de l’ituri). C’est horrible à commenter ! Cette violence exercée par les groupes armés et autres mouvements terroristes sur ces Communautés vulnérables est inacceptable et inhumaine. Je condamne fermement ces tueries barbares et lâches.
A ce stade, permettez-moi de paraphraser le Pape François qui, lors de son homélie, avait lancé cet appel à la Communauté internationale, je cite: « en regardant ce peuple, on a l’impression que la communauté internationale s’est presque résignée à la violence qui le dévore. Nous ne pouvons pas nous habituer au sang qui coule dans ce pays, depuis des décennies désormais, faisant des millions des morts à l’insu de beaucoup. » Fin de citation. Ce message fort du Saint Père nous interpelle tous et nous met devant nos responsabilités. Dès lors, nous encourageons nos forces de Défense et de Sécurité pour les actions menées afin de protéger l’intégrité territoriale et la souveraineté de notre pays.
Je note avec regret la résurgence du conflit intercommunautaire entre les Hema et les Lendu dans les Territoires de Djugu, Irumu, Mambasa et de Mahagi. J’en appelle ainsi à la coexistence pacifique entre les deux Communautés.
S’agissant de la partie Ouest du pays, principalement dans les Provinces du Kwilu et de Maï-Ndombe, la situation est sous contrôle de nos forces de Défense et de Sécurité. Bref, dans cette perspective sécuritaire, le Sénat salue la levée, le mardi 20 décembre 2022, du régime de notification sur l’achat d’armes qui était imposé à la RDC par le Conseil de Sécurité des Nations-unies. Certes, il s’agit ici d’une bataille gagnée qui va permettre à notre pays de se doter des moyens militaires pour défendre son territoire. Mais, il s’agit aussi d’une injustice réparée; car depuis plus de 20 ans notre pays a été l’objet d’attaques récurrentes des groupes armés, voire des armées régulières des pays voisins.
Dans ce chapitre de la sécurité, je ne peux m’empêcher de saluer les efforts du Gouvernement dans la recherche des solutions pour instaurer l’autorité de l’Etat. Cependant, je déplore la résurgence du banditisme urbain « Phénomène Kuluna » qui refait surface malgré les résultats satisfaisants du programme de réinsertion de ces jeunes désœuvrés à Kaniama-Kasese. A cet effet, je recommande au Gouvernement plus d’efforts pour lutter contre ce phénomène ».

MODESTE BAHATI LUKWEBO.

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