Batumona déclare ne pas avoir de cache d’armes à sa ferme du plateau des Batéké

Batumona déclare ne pas avoir de cache d’armes à sa ferme du plateau des Batéké

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1580|LUNDI 17 AVRIL 2023.

Il dispose Il dispose d’une ferme à perte de vue sur le site dit Plateau des Bateke. À près de 120 kms de l’aéroport international de N’Djili, à l’entrée de la localité de Dumi, à 20 kms de la nationale n°1 en direction de l’ex-espace Grand Bandundu, depuis quarante ans, l’homme politique et Directeur Général de la DGDP, la Direction Générale de la Dette Publique, Laurent Batumona Nkhandi Kham cultive arachide, manioc, patate douce, etc. Il compte des têtes de bétail (250 bovins, des chèvres, des porcs), fait de la pisciculture outre un lac artificiel qu’il a érigé et un centre hospitalier mis à la disposition de ses 45 travailleurs mais qui reçoit également des habitants du coin. 

S’il lui arrivait un jour à céder ce site, Laurent Batumona Nkhandi Kham, déclaret-il au Soft International, le lâcherait à près de 15 millions de $US.

Dans cette ferme qu’il a nommée Kembi, dans le village Talangaï, le long de la rivière Lufimi, à 4 kms du grand village Kibirika, Laurent Batumona compte des voisins parmi lesquels des Sœurs des Pauvres, une congrégation italienne des Pères Cuneo, le professeur émérite Justin Okana N’Siawi Lubin, le Directeur Général de la DGM, la Direction Générale de Migration, Roland Kashantuale qui y disposent des fermes.

Depuis qu’il est implanté sur ce Plateau des Bateke, Batumona n’a jamais eu vraiment à se plaindre ni de ses voisins, ni des habitants sur cette terre qui, à l’en croire, appartient aux Yaka dont le chef coutumier est Kiamfu.

 

IL S’Y RENDAIT LES WEEK-ENDS.

L’homme politique et Directeur Général de la Direction Générale de la Dette Publique s’était même habitué à se rendre des week-ends en compagnie de sa famille sur ces terres où se mêlent des populations de diverses origines ethniques, environ 15% sont des Téké, des Yaka, des Mbala, des Suku (provinces du KwiluKwango), des Bakongo (Kongo Central), des Baluba (Kasaï), des Bangala (Équateur), etc.

L’activité principale ici est la déforestation dont l’exploitation reste malheureusement non réglementée mais qui permet de produire le bois de chauffage, source d’énergie très prisée dans la capitale où la fourniture de l’électricité pose problème dans les ménages.

Mais c’est au deuxième semestre de 2022 avec l’éclatement des affrontements entre communautés Téké et Yaka intervenus dans le territoire de Kwamouth, province de Maï-Ndombe, qui se sont étendus dans le Kwilu, principalement dans les territoires de Bagata et de Masimanimba, puis, plus tard, dans le Kwango, avec des personnes armées se réclamant membres de ces deux tribus s’attaquant mutuellement, égorgeant des chefs coutumiers que la vie est devenue invivable sur le plateau des Batéké.

Selon toutes les informations qui demandent encore à être confirmées, ces affrontements entre Téké et Yaka qui auraient fait à ce jour des centaines de morts dont des militaires, des policiers et des chefs coutumiers, ont pour origine un conflit foncier de longue date dans un espace géographique qui était réputé depuis plusieurs années pourtant calme hormis les massacres de Yumbi en 2018, dans le Maï-Ndombe.

Mi-décembre 2022, une déclaration de l’administrateur du territoire de Kenge, Placide Kazundu est vécue comme un choc dans le pays et dans la capitale toute proche. Placide Kazundu venait de signaler la présence des hommes armés dans le village Batadilwasa, à une soixantaine de kilomètres de la RN1 au Kwango. « Nous sommes en état d’alerte. Les services de sécurité ont été dépêchés et nous surveillons la situation 24 heures sur 24. Les dispositions prises ne peuvent être divulguées dans les médias. Elles sont telles que nous sommes en état d’alerte, les services de sécurité sont sur place. Ils veillent et contrôlent le mouvement de la population. C’est difficile de les identifier puisqu’ils sont déjà dans la population, surtout qu’ils parlent la langue locale », avait déclaré l’administrateur du territoire. Il allait être surenchéri par le président du cadre de concertation de la société civile locale, Lucien Lufutu.

 

DANGEREUX POUR LA VILLE.

«Il n’y a aucune entrée, aucune sortie dans ce village à cause de la présence des assaillants qui sont venus de Kwamouth il y a près de cinq jours et qui essaient de se préparer pour attaquer. Nous pensons déjà que c’est une menace, si jamais les attaques des assaillants de Kwamouth se généralisaient dans la partie Ouest au point de toucher la RN 1. Notre crainte est à ce niveau. Voilà pourquoi nous demandons au Gouvernement de tout mettre en œuvre pour que la sécurité soit renforcée davantage afin de protéger la population », avait déclaré Lucien Lufutu.  Mais, depuis, ces violences intercommunautaires se sont rapprochées davantage de la RN1 au point d’atteindre voire de quadriller le site de Laurent Batumona Nkhandi Kham également appelé Mwanamputu (l’enfant d’Europe) provoquant la fuite en brousse des travailleurs et des membres de famille Batumona qui assuraient la garde de la ferme.

Or, ce site est proche de la Nationale n°1 par où passent jour et nuit des véhicules de particuliers et de transport de matériels et de vivres allant de la capitale dans l’arrière-pays et vice-versa. Et, du coup, dangereux pour la sécurité d’une métropole de près de 20 millions d’habitants.

Début décembre, l’alors Vice-premier ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières Daniel Aselo Okito wa Nkoy avait annoncé que les violences opposant les ethnies Téké et Yaka dans le territoire de Kwamouth avaient atteint la périphérie de la capitale, dans la commune de Maluku où, au moins, 12 personnes avaient été tuées.

Tout récemment, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso

N’Kodia Pwanga a poussé plus loin le bouchon. Devant la plénière, il avait « espéré » que le changement intervenu au ministère de la Défense, lors du dernier remaniement ministériel, apporte un changement.

 

QUAND SONNE  LE TOCSIN.

« Je crois que l’affaire Kwamouth, nous devons nous investir tous. L’armée et la police ne doivent pas travailler seules. Elles doivent travailler avec notre concours. Mais seulement, il y a des gens qui s’improvisent un peu, gênent la situation. Moi, je voulais venir à Kwamouth. Mais malheureusement il y a… Bon ! J’ai dit bon ! J’attends. L’affaire est vraie ; l’affaire est grave. Tout près de la ville de Kinshasa, nous n’avons plus le contrôle du fleuve. Des militaires! On a assassiné des jeunes marins. Tous ont péri. Et c’est à Kinshasa. Maluku. J’espère qu’avec l’arrivée d’un nouveau ministre de la Défense, les choses vont changer.

J’espère… J’espère…» (Le Soft International, n°1579, daté 3 avril 2023).

À la ferme de Laurent Batumona, tout s’est précipité le 1er avril 2023 lorsque des soldats des FARDC ont lancé l’attaque contre des assaillants qui avaient occupé le site Mwanamputu après avoir attaqué tous les villages environnants et fait quatre morts. Et, la famille proche de Batumona, qui assurait la garde des lieux et était restée longtemps sur le site, a dû ce jour-là se réfugier en brousse.

Lors de l’opération menée par les FARDC, deux soldats furent enlevés par les assaillants et, le lendemain, raconte Laurent Batumona au Soft International, «un négociateur dépêché sur le lieu parvient le lendemain à obtenir la libération de ces hommes en insinuant avoir trouvé deux armes de guerre sur place». Or, Batumona, déclare-t-il au Soft International, ne dispose ni d’armes, ni d’une cache d’armes.

 

COMMUNIQUÉ BATUMONA.

C’est à la suite de ces déclarations que que l’homme politique etDirecteur Général de la DGDP a pris vendredi 7 avril un communiqué dont copie a été remise au Soft International.

Ce communiqué dément que Laurent Batumona Nkhandi Kham ait disposé d’une cache d’armes dans sa ferme du plateau des Batéké. Il y est écrit notamment:  « En rapport avec ce que les réseaux sociaux viennent de diffuser sur la ferme Kembi, au village Talangai, je tiens à informer l’opinion publique ce qui suit: 1. La ferme Kembi se trouve sur la nationale n°1, à 100 kms de la ville de Kinshasa, la capitale du pays, sur la rive droite de la rivière Maï-Ndombe ; 2. depuis quarante ans, cette ferme Kembi s’occupe de l’agriculture, de l’élevage de bovins, de porcs, de la pisciculture; elle dispose d’un centre hospitalier ; 3. hélas, voilà quelques semaines, en marge du conflit qui oppose les tribus Yaka et Téké dans le territoire de Kwamouth, des individus ont commencé à semer le désordre, pour finir par tenter de piller la ferme Kembi, après avoir pille, enlevé et même tué dans des concessions voisines. Suite à des coups de feu des soldats des FARDC intervenus au matin du 1er avril 2023, les membres de famille qui gardaient les lieux et les travailleurs se sont enfuis en brousse. Depuis, je n’ai de contact avec eux que par des messages SMS ; 4. Le 2 avril 2023, les réseaux sociaux ont diffusé un élément montrant la libération de deux militaires en uniforme ainsi que deux fusils, comme pour dire que des armes étaient cachées à la ferme ».

De conclure : « Je tiens donc à lever l’équivoque quant à cet élément tendancieux, réalisé depuis ces événements. Je signale enfin, particulièrement à l’intention des voisins qui m’ont alerté que les autorités politiques et militaires de même que la sécurité ont été saisies. Il me reste à saisir la justice dès que j’aurai des éléments à cet effet ».

Reste à savoir ce que Batumona aurait pu faire d’une cache d’armes dans sa ferme. Une affaire (une rumeur) qui en rappelle bien d’autres malheureusement.  

DADEI.

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