Jules Alingete lâche un obus à charge nucléaire sur le ministère de la Fonction publique
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1581|MARdi 2 MAI 2023.
Certains l’avaient éteinte trop vite, expliquaient qu’elle n’avait plus d’armes de combat, qu’elle ne pouvait plus tirer des missiles qui lui faisaient défaut, qu’elle observait à tout le moins une trêve des confiseurs, qu’après la contre-offensive menée par ses adversaires, il n’avait plus le soutien populaire…
C’était fondamentalement mal connaître ce service de l’État.
ENGAGÉE.
Il suffisait d’aller faire un tour sur Twitter, au compte du patron de l’Inspection Générale des Finances, Jules Alingete Key @ALINGETEJules_K pour observer la vague d’obus dévastateurs type Satan 2 qu’il déversait.
Petit florilège :
«Quand un prédateur attitré et avéré mais inconscient tente de se faire une conscience tranquille bien qu’il ait bel et bien volé et cela au nom de la religion, alors la société a perdu ses repères» (13 avril 2023).
« Tenons bon. La lutte permanente contre les anti-valeurs dans la gestion publique est une attitude à adopter pour le développement de notre pays. La prédation des deniers publics est source de misère collective et constitue une malédiction pour les auteurs » (15 avril).
« La RDC avait mis en place des projets qui avaient fait crash, en dépit de la croissance à deux chiffres, à cause de la prédation (Bukanga Lonzo, Congo Airways, Contrat chinois).
Aujourd’hui, priorisons la bonne gouvernance» (16 avril). «Les Entreprises de l’État ne seront jamais livrées à une quelconque prédation. La patrouille Financière de l’IGF veillera toujours pour barrer la route aux anti-valeurs afin de réaliser la vision du Président de la République, Chef de l’État, pour le redressement financier de ces entités Publiques» (24 avril). Signe patent d’engagement, d’une détermination sans faille.
Exemple le premier tweet du mois d’avril ci-après : «Les forces de la morale, de l’intégrité, du patriotisme et de l’intelligence doivent se coaliser pour mettre une barrière à la prédation financière dont est victime la RDC pour éviter une déchéance collective. Le développement est une affaire de tous» (1er avril).
Ou celui que nous lisons avant d’aller sous presses : «Nous félicitons le Président de la République pour la signature par les membres du Gouvernement de l’acte d’engagement éthique. Nous espérons que chaque signataire mesure la portée et les conséquences de son engagement qui ne doit jamais rester une simple formalité comme dans le passé» (27 avril).
Notons ce qui est particulier quand le patron de l’IGF rédige un tweet, c’est sa particularité d’écrire certains mots en majuscules. Signe d’importance et d’attachement.
Mais voilà alors que le pays et le monde s’apprêtaient à célébrer la fête du 1er mai – la fête du travail – que l’IGF lâche une énième bombe, un obus dont la charge explosive est une arme nucléaire en dénonçant le 27 avril par un communiqué de presse signé, comme pour adoucir la charge, mais il n’en est rien, par un chargé de communication Dieunit Kanyinda Mampinda que le Trésor public enregistre mensuellement près de 150 milliards de CDF (148.999.749.440,95, un peu plus de 6 millions de $US) de manque à gagner dans la paie des fonctionnaires, que le pays compte près de 400.000 faux fonctionnaires.
HIROSHIMA.
Juste avant, devant les hauts gradés de l’armée, de la police, des Secrétaires Généraux de l’Administration Publique, des responsables de la Fonction publique, du SECOPE, des responsables de l’IGF ont présenté les conclusions accablantes d’une mission d’audit diligentée depuis un an. Il s’agit du fichier de la paie des Agents et Fonctionnaires de l’État.
« Il ressort de cet audit les faits saillants ci-après : 145.604 agents payés disposant des numéros matricules incorrects, fantaisistes et fabriqués pour le besoin de la paie ; 53.327 agents disposant à eux seuls plus d’un numéro matricule dans le fichier avec le même nom; 93.356 agents qui partagent un même numéro avec d’autres agents également payés ; 43.725 agents payés sans que leurs noms ne figurent sur les listes déclaratives provenant de leurs services d’origine; 961 agents chargés du traitement de la paie se retrouvent sur les listes de paie de plusieurs ministères. Plusieurs d’entre eux sur plus de 15 listes », écrit le communiqué de presse.
En attendant la suite des événements, l’IGF à son niveau a pris sans attendre deux décisions. D’une part, «certains cas d’irrégularités manifestes font l’objet d’une désactivation». D’autre part, «la liste de 961 agents chargés du traitement de la paie impliqués dans le réseau maffieux sera transmise aux instances judiciaires ».
Ce service attaché à l’autorité personnelle du Président de la République annonce qu’elle va poursuivre avec le ministère de la Fonction publique, «le travail de nettoyage du fichier des effectifs des agents de l’État ».
Le mal est trop profond. Reste à savoir si ce mal aurait pu se répandre autant et atteindre une telle ampleur sans des connexions au plus haut niveau, auprès des chefs des services, des secrétaires généraux, voire des ministres. En même temps, que peut espérer l’IGF de la justice qui, à ce jour, a tant déçu.
Près de 400.000 fonctionnaires visés au service de la Paie? Jamais à ce jour l’IGF n’avait effectué un tir d’obus avec une telle déflagration. Une puissance certainement équivalente à la bombe qui détruisit Hiroshima.
D. DADEI.