Sur la route nationale n°1, Laurent Batumona brave la mort mais tient son meeting avec bravoure à Kenge
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1583|LUNdi 29 MAI 2023.
Le vendredi 12 mai, en début de soirée, Laurent Batumona Nkhandi Kham a rendez-vous avec la mort qu’il rencontre sur la route nationale n°1 entre Kinshasa et Kenge. Il échappé belle à cet escadron de la mort qui venait de décapiter sept soldats des FARDC.
Le président du MSC, le Mouvement Social pour le Changement, avait quitté Kinshasa peu après 14:00’. Il se rendait au chef-lieu de la province du Kwango, à Kenge, première étape d’un tour de trois visites destinées à redynamiser les bases de son parti dans l’espace Grand Bandundu. Il avait prévu d’y passer trois ou quatre jours alors que la pré-campagne électorale frappe déjà aux portes. Un dé-placement préparé depuis des semaines voire des mois mais qui attendait une opportunité pour sa réalisation. Celui qui est aussi Directeur Général de la DGDP, la Direction Générale de la Dette Publique (ex-OGEDEP, Office de Gestion de la Dette publique), profite d’une autorisation arrachée à la hussarde à son ministre de tutelle parti en mission à l’étranger pour enfin bouger avec des équipes dont un groupe d’artistes musiciens, des membres de son parti et des regroupements politiques.
«BRAVOURE, CALME, CHANCE».
Ces équipes l’avaient précédé dans la journée dans le Grand Bandundu à bord de bus ou de véhicules privés certaines s’escrimaient à monter une tribune sur le site où Batumona, également coordonnateur des Forces Politiques Alliées à l’UDPS, FPAU, allait s’adresser aux Kwangolais lors d’une première prise de parole en public dans la contrée depuis la fin de la campagne pour la présidentielle du Candidat du CACH, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo dont il fut l’adjoint de Vital Kamerhe Lwa Kanyingni Nkongo à la direction de campagne.
Mais le député provincial élu de Kinshasa qui se présenta à la course pour le poste de gouverneur était loin de s’imaginer ce qui l’attendait sur cette route nationale n°1. Ignorait-il que la sécurité sur le tronçon Menkao-Pont Kwango en passant par Mbakana, Mongata, Batshiongo, Kabuba, etc., s’était gravement dégradée avec l’arrivée d’assaillants Yaka-Mobondo ?
Fin mars, sa ferme Kembi, dans le village Talangaï, le long de la rivière Lufimi, à 4 kms du grand village Kibirika, sur le plateau des Bateke, avait été occupée par ces mêmes assaillants Mobondo. Des morts comptés, son personnel et des membres de sa famille chargés de la sécurité de la ferme avaient eu la vie sauve en trouvant refuge dans la forêt voisine. D’une valeur marchande estimée à 15 millions de $US, Batumona cultive arachide, manioc, patate douce, etc., à cette ferme. Il y compte des têtes de bétail (250 bovins, des chèvres, des porcs), fait de la pisciculture outre un lac artificiel qu’il a érigé et un centre hospitalier mis à la disposition de ses 45 travailleurs.
Ce vendredi 12 mai, « c’est la bravoure, le calme et certainement la chance qui ont fait le reste», raconte, ému au Soft International, ce ressortissant du territoire de Masimanimba qui vit dans la Capitale, y multiplie les activités et s’initie depuis peu au Kikongo, la langue de la contrée, qu’il baraguine.
Non loin de Batshiongo, à la tombée de la nuit, alors que Batumona et sa délégation mettent le cap sur Kenge où les attendent les équipes d’avance pour lancer l’activité programmée de nuit, leurs véhicules sont stoppés par des hommes munis d’armes blanches et de fusils de chasse, leurs têtes couvertes de bandes rouges, se déplacent sur des motos. Nul ne sait qui ils sont ni ce qu’ils veulent. Mais Batumona soupçonne être tombé dans un piège des fameux miliciens Yaka qui sèment la terreur ces dernières semaines sur la route nationale n°1 sur l’axe Kinshasa-Kenge.
S’engage un dialogue avec ces inconnus que Batumona apprendra plus tard qu’ils venaient d’abattre peu avant un adjudant au nom de Serge et des membres de sa suite arrivés de Kenge pour sécuriser cette route nourricière alors que des nouvelles annonçaient la prise du pont sur la rivière Kwango. Nul ne sait réellement comment et par quel miracle les véhicules de Batumona se sauvent et parviennent à foncer droit vers Kenge. Et là, problème pour l’homme politique.
Que faire ? Batumona encourage le gouverneur de province Jean-Marie Peti Peti de dépêcher une unité des Forces Armées Congolaises avec à sa tête un lieutenant-colonel au nom de Bienvenu Banza Kabue. Mais le militaire ne reviendra pas à Kenge.
À Batshiongo, l’unité des FARDC à bord d’un véhicule fait des tirs de sommation sur les assaillants « Mobondo ». Elle parvient à arrêter trois chefs Mobondo qu’elle veut amener à Kenge en vue de réclamer justice. Le véhicule entreprend des manœuvres et cherche à garer à Mongata avec les trois hommes à bord alors que des tirs de sommation se poursuivent. Mais les munitions s’épuisent vite. C’est ce moment que les miliciens choisissent pour se précipiter sur les militaires en usant d’armes à feu et d’armes blanches. Au total, on dénombre onze morts ce jour-là. Dont sept militaires tombés sur place. Le colonel est enlevé. Conduit dans la forêt, il y est décapité. Le corps du lieutenant-colonel Bienvenu Banza Kabue sera retrouvé 24 heures plus tard par une équipe de la GR, l’armée d’élite des FARDC arrivée en renfort.
Quand la nouvelle atteint le chef-lieu de la province du Kwango, stupeur et psychose gagnent la ville. Faut-il tenir le meeting reprogrammé samedi 13 mai ou l’annuler ? À Kenge, la question taraude tous les esprits qui attendent le retour de Batumona d’une visite de courtoisie et de réconfort rendue au gouverneur Petit Peti. Que va-t-il faire? «Nous sommes tous invités à être courageux dans nos propres vies et la bravoure est une chose tellement intéressante». Une phrase de l’acteur Jeff Bridges, 67 ans, qui a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle de chanteur de country dans «Crazy Heart» (2009), lors d’une conférence de presse à Los Angeles, et qui inspire Batumona.
Le podium est monté. Le meeting va être tenu malgré tout.
Et, le samedi même, peu après 15:00′, la délégation met le cap sur la deuxième étape du tour, la grande ville de la contrée Kikwit, à 251 kms à l’Est, en passant par la cité de Masimanimba.
L’homme qui fut vice-ministre des Travaux Publics en 2005, vice-gouverneur de la ville province de Kinshasa mais aussi l’un des compagnons de route du haut représentant et envoyé spécial du président de la République Kitenge Yesu disparu le 31 mai 2021 à Kinshasa avec qui il avait noué des liens resserrés à la réunion de l’opposition à Genval, s’est ainsi replonge dans son espace sociologique. Avec courage, il poursuit la sensibilisation des bases électorales en vue du rendez-vous du 20 décembre 2023.
Dimanche 14 mai, Batumona et ses équipes sont à Kikwit où ils ont passé la nuit. En début d’après-midi, ils tiennent leur deuxième activité, un concert et une prise de parole avant de reprendre la nuit la nationale n°1 et de revenir à Masimanimba. Là, même programme lundi 15 mai dans ce qui est appelé « le quartier latin».
Il faut rappeler que la nouvelle loi électorale congolaise (n°22/029 du 29 juin 2022 modifiant et complétant la loi n°06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales telle que modifiée par la Loi n°11/003 du 25 juin 2011, la Loi n°15/001 du 12 février 2015 et la Loi n°17/013 du 24 décembre 2017) institue un seuil de recevabilité des listes électorales.
« Sont également irrecevables les listes du parti ou du regroupement politique qui n’auront pas atteint 60% des sièges en compétition. Cette disposition s’applique aux élections législatives, provinciales, municipales et locales directes » (art. 22, al. 2). Du coup, les partis politiques congolais qui désormais ont atteint sinon dépassé le nombre de 1000 dans le pays, n’ont qu’une option s’ils veulent peser aux élections du 20 décembre 2023 et exister : se constituer dans des re-groupements politiques.
Le regroupement politique est, aux termes de la loi susdite, «une association créée par les partis politiques légalement constitués en vue de conquérir et d’exercer le pouvoir par voie démocratique. Le ministère ayant les partis politiques dans ses attributions transmet en toute diligence à la Commission Électorale Nationale Indépendante la liste des regroupements politiques légalement constitués» (art. 14, al. 1 et 2).
Pour les élections à venir, les Forces Politiques Alliées de l’UDPS ont constitué, en fonction de divers liens, trois regroupements : l’Alliance pour le Mouvement de Solidarité pour le Changement, AMSC, l’Alliance des Acteurs Politiques pour le Changement au Congo, AAPCCO et l’Alliance et Action pour un État de Droit.
DES ACTES POSÉS SUR LE TERRAIN.
Lors de ce premier tour qu’il effectue dans le Grand Bandundu depuis les scrutins de décembre 2019, Batumona a été accompagné de cadres de certains de ces regroupements. La grande annonce dont il est porteur est la visite «avant juillet» du président de la République.
Lundi 18 février 2019, un peu moins d’un mois après sa prise de fonction au Palais de la Nation, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avait organisé un deuxième dîner solennel à la cité de l’Unité Africaine où il résidait alors.
Ce fut à l’occasion de la réception de son équipe de campagne Grand Bandundu conduite par celui qui fut directeur de campagne Grand Bandundu, le professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba. Dans un discours, le président de la République nouvellement élu avait assuré, en réponse à un discours des jeunes prononcé par celui qui deviendra plus tard le président national du Parti pour l’Action, P.A, le Dr Pierre Steveen Massey Hombo, qu’il réserverait sa première visite en province à l’espace Grand Bandundu.
Certes, «cela ne sera possible qu’à condition que certains actes aient été posés sur le terrain », avait-il ajouté.
Ce qui n’a pu l’être «suite à des questions liées à la coalition FCC-CACH, à la guerre en Ukraine qui a rendu la vie chère par manque d’acheminement de produits vivriers, à la guerre d’agression nous imposée par le Rwanda avec l’infiltration des Congolais», explique Batumona aux populations qui viennent l’écouter.
«Deux ans perdus s’agissant de la coalition FCC-CACH, engloutis dans les manœuvres de FCC qui ne voulait pas que Félix Tshisekedi puisse réussir son mandat. C’est après la rupture que vous avez re-marqué sa volonté de redresser notre pays», ajoute-t-il.
Mais, ça y est, « le président vous apporte des solutions à vos multiples problèmes en lien avec les infrastructures routières, l’adduction d’eau potable, la lutte contre les érosions, Kakobola (la mise en œuvre du projet de centrale hydro-électrique), Wamba, Bakadi, le plan agricole, l’amélioration de la vie sociale », déclare Batumona à Kenge.
Discours semblable à Kikwit et à Masimanimba où il s’adresse en langue Lingala sauf à Masimanimba quand il accorde une interview sur la chaîner de Radio-TéléAction où il choisit le Kikongo.
À Kenge, Kikwit et Masimanimba, Batumona lance un appel à la convocation d’un dialogue pour la paix durable réunissant des notables des provinces du Kwango, du Mai-Ndombe et de la commune de la Nsele pour mettre fin à l’insécurité qui s’abat, avec des décapitations des centaines de villageois dont des chefs coutumiers Yaka et Téké sans qu’on n’en connaisse les raisons.
Une tragédie née dans la ville de Kwamouth dans le Maï-Ndombe et qui touche désormais le Kwango et le Kwilu et la banlieue de Kinshasa. Batumona présente Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo comme l’unique candidat des regroupe-ments AMSC, AAPCCO et AÉ à la présidentielle de 2023.
«Le 20 décembre 2023, nous irons aux élections et n’oubliez jamais le deuxième mandat à accorder à Fatshi Béton pour 2024 à 2028», conclut-il.
DADEI.