Le rapport Bloomfield Risque Pays sur le Congo

Le rapport Bloomfield Risque Pays sur le Congo

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1586|LUNdi 3 JUIllet 2023.

Ci-après, le rapport Bloomfield Investemnt Risque pays République Démocratique du Congo 2023.

Climat des affaires.
La lenteur dans la mise en place effective des réformes souhaitées par les opérateurs économiques et la fragilité de la gouvernance ne permettent pas d’encourager une hausse significative des investissements en R-dCongo. De plus, le resserrement des conditions financières et la pression inflationniste entraînés par la guerre en Ukraine dégradent progressivement le climat des affaires du pays.
Dans ce contexte, le gouvernement poursuit ses efforts à l’effet d’améliorer cet environnement à travers, entre autres, la création du Guichet Unique de Délivrance du Permis de Construire (GUPEC) et la mesure régulière de la santé des affaires à travers un baromètre national.

◗Performances macroéconomiques.
Dans un contexte marqué par la crise russo-ukrainienne et le resserrement financier, la R-dCongo fait preuve de résilience et a réalisé un taux de croissance de 6,6% (révisé à 8,9% après concertation avec le FMI) contre 6,2% en 2021. Les différents chantiers de transformation structurelle de l’économie pourraient être limités au regard du contexte sécuritaire inquiétant et de l’incertitude que peut créer la tenue de l’élection présidentielle prévue pour 2023.

◗Gestion des finances publiques.
L’exécution du budget 2022 (notamment les recettes fiscales attendues de la TVA) a été impactée par la pression inflationniste enregistrée dans le pays. Malgré ce fait, les recettes ont été mobilisées à hauteur de 124,9% et les dépenses ont été exécutées à hauteur de 114,7%. Le déficit budgétaire du pays est ressorti à 1,6% du PIB, en dessous de la norme de 3% de la SADC. La dette publique du pays restant soutenable, elle représente par rapport au PIB 16% à fin 2022 contre 14,9% en 2021. Cette marge de manœuvre est consolidée en termes d’endettement avec la part du service de la dette dans les recettes fiscales hors dons qui est de 8,4% en 2022 contre 10,5% un an plutôt.

◗Solidité du système financier.
La Banque Centrale du Congo a poursuivi ses activités en relevant à la fois son taux directeur de 7,5% à 8,25% en novembre 2022 puis de 8,25% à 11% entre mars et juin 2023, ainsi que le coefficient de réserves obligatoires sur les dépôts en CDF de 0% à 10%. Le marché de change est demeuré relativement stable en 2022 avec un taux de change de 0,8% à l’indicatif par rapport à 2021. L’inflation est ressortie à 13,1% à fin décembre 2022 (au-dessus de l’objectif annuel de 11%) contre 5,3% en 2021.

◗Risque socio-politique.
L’environnement politique de la R-dCongo en 2022 est relativement apaisé même si l’anticipation des élections présidentielles de 2023 fait ressortir certaines tensions de la réalité politique du pays. Un bon déroulement du scrutin présidentiel de décembre 2023 devrait permettre au pays de persévérer sur la voie de la stabilité politique. La situation sécuritaire à l’Est du pays demeure fragile en raison des attaques persistances de groupes armés malgré les négociations de paix entamées. Au niveau social, le gouvernement s’est engagé dans l’amélioration des conditions de vie de la population congolaise à travers plusieurs projets (PDL-145T, PPA-LCPI…).

PRÉSENTATION DE L’ÉTUDE.
La présente étude est une évaluation du risque pays de la République Démocratique du Congo (R-dCongo) à travers notamment l’analyse des performances économiques, des finances publiques, du système financier et du risque socio-politique. Bien que la méthodologie de notation financière souveraine de Bloomfield Investment Corporation et la méthodologie d’évaluation de risque pays présentent des similitudes, la présente étude n’est en aucun cas une évaluation de la qualité de crédit de l’État. L’objectif du département Bloomfield Intelligence de l’agence de notation, à travers cette étude, est d’établir une cartographie du risque pays de la République Démocratique du Congo, mettant en relief ses atouts, ses opportunités et faiblesses afin d’éclairer au mieux les décisions d’investissement et de politiques de développement.
La République Démocratique du Congo est le deuxième pays le plus vaste du continent africain après l’Algérie. Elle est située en Afrique centrale, sur l’équateur et couvre une superficie de 2 345 410 km2, avec 80 millions de terres arables, et 145 millions d’hectares de forêt. La R-dCongo partage ses frontières d’une longueur de 9 165 km avec neuf pays, à savoir : au Nord la République Centrafricaine et le Sud-Soudan ; à l’Est l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie ; au Sud la Zambie et l’Angola et à l’Ouest la République du Congo.
Elle est caractérisée par quatre types de reliefs à savoir : la cuvette au Centre ; la plaine côtière à l’Ouest ; les plateaux au Nord, au Nord-Est et au Sud et les massifs montagneux à l’Est, au Sud-Est et à l’Ouest.
Sa pluviométrie représente une moyenne de 1000 mm par an. Cependant, la R-dCongo est semi enclavée avec moins de 100 km de littoral sur l’océan Atlantique. Ainsi elle contourne cet enclavement en recourant aux voies routières et ferroviaires donnant accès aux façades Ouest et Sud de l’Afrique.
En outre, la R-dCongo dispose de ressources minières et énergétiques considérables et très diversifiées. Elle a l’une des plus riches biodiversités au monde en raison d’innombrables et variables richesses fauniques et floristiques qui la composent.
La R-dCongo compte plus de 98 millions d’habitants avec un taux de croissance démographique estimé à 3,2% en 2019 (annuaire statistique 2020). La densité est de 42 habitants au km2 avec d’énormes disparités entre les 26 provinces (Kinshasa, Kongo Central, Kwango, Kwilu, Maï-Ndombe, Équateur, Tshuapa, Mongala, Sud-Ubangi, Nord-Ubangi, Tshopo, Ituri, Haut-Uele, Bas¬Uele, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema, Kasaï-Central, Kasaï, Kasaï-Oriental, Sankuru, Lomami, Haut¬-Katanga, Lualaba, Tanganyika et Haut-Lomami), dans la mesure où la majorité de la population est concentrée sur un petit nombre de provinces situées principalement à l’Est, au Sud et au Sud-Ouest du pays. La capitale du pays, Kinshasa, abrite, à elle seule, plus de 13 millions d’habitants et se présente comme l’une des 25 plus grandes agglomérations urbaines du monde.

ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE.
Structure de l’économie.
Le PIB nominal de la R-dCongo est estimé à 126.353 milliards de CDF (avant la révision du FMI) contre une projection de 127471 milliards de CDF pour l’année 2022, soit une hausse de 12,1% par rapport à 2021 et de 40,1% comparativement à 2020.
En dehors de la particularité de l’année 2020 liée au choc covid-19 pendant laquelle les secteurs primaire et tertiaire avaient des contributions sensiblement égales, le secteur primaire demeure le principal contributeur à la richesse créée par la R-dCongo entre 2020 et 2022. La répartition du PIB par secteur d’activité se présente comme suit : secteur primaire qui représente 46,4% du PIB en moyenne entre 2020 et 2022 ; secteur secondaire qui constitue 15,2% du PIB en moyenne sur la période ; secteur tertiaire qui représente en moyenne 37,3% de la richesse créée par le pays entre 2020 et 2022.
La contribution restante est attribuée aux droits et taxes sur les produits, avec une valeur moyenne estimée à 1,1 % du PIB.

Une économie dynamique.
L’économie de la R-dCongo maintien sur l’année 2022 le dynamisme de ses activités économiques après la période du choc covid-19 en 2020 et ses effets induits en 2021. Ainsi, malgré l’environnement inflationniste mondial ressenti avec la crise russo-ukrainienne, le taux de croissance serait ressorti à 6,6% en 2022 après un niveau de 6,2% en 2021 contre 1,7% en 2020.
Le secteur primaire affiche la contribution à la croissance la plus importante en 2022, soit 4,5%. Il est suivi du secteur tertiaire et du secteur secondaire dont les contributions s’établissent respectivement à 1,4% et 0,6%. En considérant les sous-secteurs, l’industrie extractive enregistre la plus grande contribution (+4,1 points de croissance en 2022) et se positionne comme la locomotive de la croissance du pays. Au niveau des secteurs secondaire et tertiaire, les branches qui participent majoritairement à la croissance de l’économie sont respectivement l’industrie (+0,4 point) et le Commerce de gros et de détails (+1,1 point).
Le taux de croissance économique de la République démocratique du Congo, initialement estimé à 6,6% pour l’année 2022, a été révisé à la hausse à la suite de consultations entre le FMI et les autorités congolaises. Ainsi, le taux de croissance réel du PIB devrait s’établir à 8,9010 pour l’année 2022, avec un PIB nominal de 132 064 milliards de CDF, et une projection de croissance de 6,8%) pour l’année 2023. En raison de l’indisponibilité de données relatives à la révision de ces taux de croissance, l’analyse dans la section se rattache aux données couvrant le taux de croissance de 6,6% réalisé en 2022.

Secteur primaire.
Le secteur primaire est le principal contributeur au PIB de la R-dCongo avec une part qui s’élève à 36,45% en moyenne entre 2018 et 2021. En 2022, la contribution du secteur primaire dans le PIB se situe à 38,56% et son taux de croissance est ressorti à 9,8% contre 7,5% en 2021. La performance du secteur est impulsée par les industries extractives et dans une moindre mesure par le sous-secteur de l’agriculture. Les deux branches affichent des taux de croissance se situant respectivement à 13,1% et 2,9% en 2022.
– Le leadership de la filière extractive. La croissance économique de la R-dCongo est principalement soutenue par la filière extractive, qui représente 99% de la valeur totale des exportations du pays en 2022. La concentration de la croissance du pays sur les industries extractives le rend vulnérable à la fluctuation des cours sur les marchés internationaux et donc dépendant de la conjoncture de l’économie mondiale. Ce secteur devrait rencontrer plus d’intérêt dans les cinq prochaines années en raison du processus de transition énergétique mondial actuel qui entraînerait une augmentation de la demande de cobalt de 130/0 l’an, dont la R-dCongo demeure le principal pourvoyeur à l’international.
Une branche agricole aux rendements timides. État des lieux du potentiel agricole. La R-dCongo dispose d’un potentiel agricole et halieutique considérable qui demeure sous exploité : 80 millions d’hectares de terres arables (dont 10% exploitées) ; 4 millions de terres irrigables (0,4% exploitées) ; une disponibilité de 7 à 8% d’eaux douces exploitables du monde ; des pâturages d’une étendue d’environ 125 millions d’hectares ayant une capacité de charge de 40 millions de têtes de gros bétails ; un potentiel annuel estimé à 850 000 tonnes de poissons (lacs, rivières et fleuve Congo) et 150.000 tonnes pour la pisciculture. Après le Brésil, la R-dCongo est le deuxième pays de la planète possédant des terres arables cultivables disponibles. La R-dCongo, complètement aménagée, serait capable de nourrir près de 2 milliards de personnes, soit le quart de la population mondiale en 2021.

Une nécessité d’améliorer les performances agricoles. Malgré l’énorme potentiel agricole et halieutique et des conditions climatiques favorables à une exploitation toute l’année, le pays connaît une production en moyenne très faible (relativement aux économies possédant les conditions similaires) et fait face à l’insécurité alimentaire. Au niveau de la production halieutique, la récolte de la R-dCongo se situe à 238 000 tonnes des produits de la pêche, soit 26% du potentiel halieutique exploitable avec ses cours d’eau, lacs et fleuves.
Par ailleurs, sur la période de 2020-2022 le secteur a enregistré le plus faible niveau d’investissement (28,9 milliards CDF) comparativement aux secteurs des services (3.029,8 milliards CDF), de l’industrie (2.676,6 milliards de CDF) et des infrastructures (1.072,4 milliards de CDF).
Le faible niveau de production (agricole et halieutique) pousse le pays à recourir massivement aux importations en vue de combler les insuffisances. Ces importations lui coûtent en moyenne une facture annuelle estimée à 5.150,7 milliards de CDF, soit 56.688,1 CDF par habitant et par an. En outre, selon les estimations de l’IPC réalisées entre juillet et décembre 2022, 26% des congolais (environ 27 millions d’habitants) seront confrontés à une insécurité alimentaire aiguë. Les pertes post récoltes pour le riz et le maïs se situent à 30% chacune et les producteurs n’engrangent que moins de 20% de la valeur ajoutée dans la chaîne de valeur. La persistance de la situation pourrait aboutir entre autres à une dépréciation du capital humain ; une insécurité alimentaire pour plus de 40% de la population dans les cinq prochaines années ; une augmentation de la facture des importations alimentaires à plus de 13.006 milliards de CDF par an dans les cinq prochaines années.

La mise en œuvre du Pacte pour l’alimentation et l’agriculture. Le pacte pour l’alimentation et l’agriculture s’inscrit dans la continuité du PNIA et vise à transformer structurellement le secteur agricole. Il est évalué à 13.598 milliards de CDF pour une période de dix ans. Ce programme vient concrétiser la vision du chef de l’État qui consacre la «revanche du sol sur le sous-sol» en faisant du secteur agricole le moteur du développement économique national.
La mise en œuvre du Pacte se fera à travers trois principales phases :
– Phase n°1 (sur 3 ans) : elle prend en compte la mise en place de la chaine semencière et le développement multisectoriel des chaînes de valeur dans 30 ETD pilotes. Le besoin de financement est estimé à 4.918,2 milliards de CDF.
– Phase n°2 (sur 4 ans) : elle consolidera la chaîne semencière, transformera les systèmes productifs, implantera des infrastructures idoines dans les corridors et pôles de développement économiques, avec une dissémination dans les 60 ETD au moins. Le besoin de financement est estimé à 5.345,8 milliards de CDF.
– Phase n°3 (sur 3 ans) : elle effectuera la dissémination dans 90 ETD au moins, assurera la mutation structurelle et la consolidation des acquis. Le besoin de financement est estimé à 3 849 milliards de CDF.
À terme, le Pacte permettra d’impliquer directement 4.910.000 ménages agricoles (soit 30% des ménages agricoles) du pays dans la production et le développement des chaînes de valeur du manioc, du maïs, de l’arachide, du riz, de l’huile de palme, du soja, et du haricot.
La mise en œuvre du Pacte pour l’alimentation et l’agriculture devrait conduire la R-dCongo vers une autosuffisance et une sécurité alimentaire tout en favorisant la régression de la pauvreté extrême. Ce programme devrait également freiner l’exode rural des jeunes (via la création d’emplois dans les ETD) et réduire la dépendance de l’économie du pays au secteur minier. Toutefois, des risques subsistent à la réalisation du Pacte, notamment la dégradation de la situation sécuritaire, les incertitudes liées aux élections et la disponibilité des ressources.

Secteur secondaire.
Le secteur secondaire représente 25,35% de la richesse créée par la R-dCongo en 2022. Il s’agit de la part dans le PIB la plus faible comparativement aux autres secteurs d’activité.
Toutefois, le taux de croissance du secteur secondaire s’est amélioré} passant de -4,9% en 2020 à 3,2% en 2021 et 4,1% en 2022.
La dynamique retrouvée du secteur provient du rebond enregistré par l’ensemble des sous-secteurs :
◗ Industrie : le taux de croissance se chiffre à 4,2% en 2022 contre 4,1% en 2021 et -7,2% en 2020.
w Construction : le rythme de croissance est passé de -0,1% en 2020 à 1,1% et 4,0% respectivement en 2021 et 2022.
◗ Électricité, gaz, vapeur et eau : le taux de croissance a progressé de 2,4 points de pourcentage pour ressortir à 3,9% en 2021 contre 1,5% en 2020. En 2022, le taux de croissance s’est établi à 4,1%.
Les principales améliorations} ces deux dernières années, sont principalement imputables sur le Plan Directeur d’Industrialisation mis en œuvre timidement depuis avril 2021. Ce plan d’un coût estimatif de 12.011,5 milliards de CDF vise entre autres à relever le nombre d’industries qui demeure baissier de 94,5% entre 1960 (9.600) et 2017 (525).

Secteur tertiaire.
Le secteur tertiaire est le second contributeur à la valeur ajoutée du PIB de la R-dCongo (contribution de 33,54% en moyenne entre 2018 et 2021 et de 32,44% en 2022).
Après le niveau de 0,2% atteint en 2020, le taux de croissance du secteur est ressorti à 5,60% en 2021 et 3,8% en 2022. Le ralentissement du rythme de croissance observé entre 2021 et 2022 est imprimé par les composantes suivantes : « transports et communications » (9,8% en 2021 contre 2,5% en 2022), « services marchands » (3,4% en 2021 contre 1,5% en 2022), « services non marchands » (2% en 2021 contre 1% en 2022).
S’agissant de la branche « commerciale » et de celle des services d’intermédiation financière, elles ont enregistré un accroissement de leur rythme de croissance en 2022. La valeur ajoutée du secteur « Commerce » a progressé de 80/0 en 2022 contre 3,9% et -3,3% respectivement en 2021 et 2020.
Quant aux services d’intermédiation financière, leur taux de croissance est passé de -3,9% (2020) à 3,2% (2021) et 21% (2022).

Un bilan mitigé de la mise
en œuvre du PNSD 2019-2023.
Le Plan National Stratégique de Développement (PNSD) a été élaboré dans le but de rendre la croissance économique plus inclusive et résoudre le problème de la pauvreté. Il porte sur la période 2019-2023 et présente les résultats partiels d’après :
Au niveau macroéconomique
Suite à la mise en œuvre du Plan national de développement stratégique (PNSD), la R-dCongo a enregistré des taux de croissance respectifs de 6,2%) en 2021 et 6,6% en 2022, dépassant ainsi le taux de croissance de 2018 qui était de 5,8% avant la mise en œuvre du PNSD. Avec la révision effectuée par le Fonds monétaire international (FMI), portant le taux de croissance de 2022 à 8,9%, l’objectif fixé à long terme par le PNSD, qui est de 8,0%, semble déjà avoir été atteint en avance.
Sur la période 2019-2022 l’économie congolaise a connu une croissance de 4,7% en moyenne. Cette hausse a permis au pays de passer d’un PIB par habitant de 1.011.460 CDF (soit 491 $US) en 2018 à 1.264.840 CDF (soit 614 $US) en 2022, soit un gain de 271.920 CDF (soit 132 $US ; +25%) en 5 ans. Cependant, ce rythme de progression observé demeure faible pour atteindre l’objectif visé de 808 $US (soit 1.664.480 CDF) en 2023.
Le niveau d’investissement se situe à 27,5% en 2022 après 21,2% en 2019. Ce taux reste tout de même en dessous de l’objectif de départ (36,7%) mais supérieur à celui de 2018 (19,7%).

Au niveau sectoriel.
Concernant le secteur de la santé, le niveau d’espérance de vie a légèrement progressé passant de 60,37 ans en 2018 à 61,55 ans en 2021. Ceci pourrait s’expliquer par une présence plus importante en couverture de services essentiels de soins de santé, dont l’indice se situe à 40,2% en 2022 contre 37,4% en 2018 (selon le ministère du plan).
Sur le plan agricole, la prévalence de sous-alimentation qui était de 44,6% en 2018 est passé à 29,8% en 2022, soit une baisse de 33,2%. Si ce rythme est maintenu, l’objectif fixé dans le PNSD de 22,32% en 2023 pourrait être atteint.
Le taux d’accès à l’eau potable s’est amélioré passant de 27% en 2018 à 30% en 2022, soit une augmentation de 3 points de pourcentage. Ce taux demeure très faible pour atteindre la cible de 54% fixée pour 2023.
Le taux d’accès à l’électricité a également progressé de 3,4 points de pourcentage et ressort à 22% en 2022 contre 18,6% en 2018.
Le volume de biens transportés par les rails (soit 158 millions de tonnes-kilomètres) s’est contracté de 16% en 2019 par rapport à son niveau en 2018 (188,05 millions de tonnes-kilomètres). Ces indicateurs traduisent la nécessité de moderniser le réseau routier congolais afin d’assurer une meilleure desserte des localités en biens.
Au niveau de l’éducation, le taux brut de scolarisation préscolaire observé en 2022 (6,80/0) est en hausse de 2 points de pourcentage par rapport à son niveau de 2018 (4,80/0). Ce taux reste toutefois trop faible pour atteindre son objectif fixé de 15,0% pour 2023. Par ailleurs, le taux brut de scolarisation au primaire s’est établi à 111,9% en 2022 en dessous de celui de 2018 (113,0%). Ce taux s’éloigne de l’objectif fixé de 122% pour 2023.
Les perspectives pour 2023.
À la suite de la révision à la hausse du taux de croissance de la R-dCongo, passant de 6,6% à 8,9% en 2022 selon les données du Fonds monétaire international (FMI), les perspectives à long terme (2023) ne semblent pas particulièrement favorables malgré cette performance historique. En effet, les estimations actuelles prévoient un taux de croissance économique de 6,30/0 (révisé à 6,8%) pour l’année 2023. Plusieurs facteurs pourraient limiter cette croissance et représenter un risque à la baisse, tout en entravant son caractère inclusif.
Au niveau national, la recrudescence des conflits armés dans l’Est du pays rend l’économie congolaise vulnérable en lien avec un contexte sécuritaire non maîtrisé provoquant des déplacements massifs de populations. À cela, s’ajoute l’incertitude d’une stabilité politique en raison de l’élection présidentielle prévue pour la fin 2023.
En outre le modèle de croissance de la R-dCongo, pays à faible revenu, demeure encore trop peu diversifié et les efforts pour réduire la dépendance du pays aux secteurs miniers (industrie extractive) sont pour l’heure limités.
Au niveau international, les conséquences économiques de la guerre en Ukraine, à travers la hausse globale des prix des aliments et du pétrole, pourraient exercer une pression plus forte sur le déficit budgétaire, l’inflation et la consommation des ménages, exacerbant ainsi la pauvreté et les inégalités.

CLIMAT DES AFFAIRES.
Un climat des affaires à améliorer sensiblement.
Le climat des affaires en R-dCongo demeure une préoccupation pour les acteurs économiques. En effet, au dernier classement Doing business de 2020, le climat des affaires s’était sensiblement dégradé et cette situation devrait s’accentuer avec les effets de la covid-19 et de la guerre en Ukraine. Au nombre des facteurs perturbant le climat des affaires on trouve :
– L’état des infrastructures : à ce niveau, il est noté une dégradation des voies de communication de surface ce qui contribue à accroître les coûts ; un mauvais état des plateformes portuaires et aéroportuaires ne permettant pas de bénéficier de l’économie d’échelle; l’absence de port en eau profonde ce qui fait de la R-dCongo un pays quasi-enclavé ; l’accès limité à l’électricité, avec un taux ne dépassant pas 15%;
– Le cadre juridique et administratif : il est constaté une lourdeur dans la fourniture des documents administratifs ; des modifications imprévisibles des règles et des créations intempestives des nouvelles obligations à charge des entreprises ;
– Le cadre judiciaire : il est enregistré un délai assez long dans les délibérations des litiges notamment les litiges commerciaux, (de 1 à 3 ans) ; une absence de juridiction spécialisée d’appel en cas de contestation au niveau du tribunal de commerce (ce sont les juridictions de droit commun ayant compétences pour tous les litiges).
Des actions en faveur de l’amélioration du climat des affaires
– Création du Guichet Unique de Délivrance du Permis de Construire (GUPEC).
La GUPEC a été créée par le décret n°22/221 du 24 mai 2022. Il s’agit d’un établissement public à caractère administratif doté de la personnalité juridique et de l’autonomie de gestion. Il a pour rôle de faciliter la délivrance du permis de construire en R-dCongo à travers la dématérialisation du processus de demande, traitement et délivrance du document qui pourront désormais se faire en ligne.
Cet établissement permettra ainsi un meilleur encadrement des recettes par la traçabilité des paiements au profit du trésor public. Par ailleurs, cette réforme permettra de gagner des points au climat des affaires en R-dCongo, dans la mesure où l’octroi du permis de construire est un indicateur d’évaluation qui compte dans l’appréciation des investissements.
– Suppressions de certaines taxes jugées arbitraires
Le gouvernement congolais, dans le but d’alléger les charges des opérateurs économiques et favoriser la création d’entreprises a décidé, sur une liste de 67 prélèvements qualifiés d’arbitraire par la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) de supprimer quatorze (14) taxes à l’importation et exportation des marchandises et de rabattre vingt (20) taxes à l’import-export.
Ces recommandations ont été prises à l’occasion du conseil des ministres du 8 juillet 2022, sans accompagnement d’actes administratifs jusqu’à ce Jour.
– Mise en place du baromètre national du climat des affaires
Le mercredi 23 février 2023, le gouvernement a lancé le Baromètre National du Climat des Affaires (BNCA) au moyen de la cellule climat des affaires. Cet indicateur quantitatif et chiffré a pour objectif de mesurer l’évolution du climat des affaires en R-dCongo et de mettre en évidence les difficultés auxquelles sont confrontés les opérateurs économiques dans le pays. Ces informations pourraient guider les décisions des dirigeants congolais. En complément du Doing Business de la Banque mondiale, suspendu depuis 2020, cet outil a présenté ses premiers résultats en juin 2023, révélant un taux de satisfaction de 37%. L’enquête a été réalisée auprès de 403 entreprises réparties dans 13 secteurs de l’économie nationale.
Par ailleurs, le gouvernement poursuit sa lutte contre la corruption. Ainsi, le pays a progressé de 3 rangs par rapport à l’année 2021 avec un score de 20/100 contre 19/100 en 2021 selon le rapport 2022 de transparency international, le pays se positionne désormais à la 166e place sur 180 pays évalués, au classement de l’indice de perception de la corruption.
Cette progression est la résultante des actions mises en œuvre par les différentes Institutions du pays qui luttent contre la Corruption en R-dCongo notamment l’agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC) et la mise en œuvre des dispositifs innovants :
– le mécanisme de dénonciation en ligne via le site web, www.aplc.cd.
– La création d’une Task-force qui a pour but de favoriser la collaboration institutionnelle et opérationnelle entre services et organismes publics œuvrant dans la lutte contre la corruption.
– L’adoption d’une Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption, dont l’objectif global est de renforcer l’intégrité et faire reculer la corruption d’au moins 600/0 à l’horizon 2022-2026, et qui s’articule sur trois axes stratégiques : Détection, Prévention et Répression.

Évolution des investissements.
De 2003 à 2021, 1.868 projets ont été agréées au code des investissements pour un coût d’investissement global de plus de 98.880 milliards de CDF (soit 48 milliards de dollars), avec 235.000 emplois crées.
Pour l’année 2022, les investissements en R-dCongo continuent de progresser. Le nombre de projets agréés est ressorti à 117 pour un montant de 10.619,7 milliards de CDF (5,155 milliards de $US) contre 5.506 milliards de CDF (2, 673 milliards de $US) en 2021, soit une hausse de 1,8%
Cette hausse des investissements les deux dernières années pourraient s’expliquer par les actions en faveur de la promotion de l’entrepreneuriat, à savoir :
– la mise en place, en 2020 du Programme National pour le Développement de l’Entrepreneuriat au Congo (PRONADEC) visant le développement de l’entrepreneuriat ;
– la création de plusieurs structures d’accompagnement notamment l’Agence Nationale de développement de l’entrepreneuriat congolais (ANADEC) en octobre 2021. L’ANADEC a mis en place un projet d’implantation des incubateurs dans l’ensemble de la République Démocratique du Congo. La phase pilote de ce projet a permis de créer deux incubateurs dans le secteur du cuir et de l’agroalimentaire et; d’accompagner une cinquantaine de jeunes congolais.
– La promulgation le 8 septembre 2022 de l’ordonnance- loi22/030 du 8 septembre 2022 relative à la promotion de l’entrepreneuriat et des startups et de l’ordonnance-loi 22/031 relative à la promotion de l’artisanat. Cette loi devrait favoriser l’esprit d’entreprise et l’innovation, participer au développement de l’entrepreneuriat ainsi que des start-ups.
En outre, le gouvernement a lancé en 2021 le « challenge entreprise » un concours qui vise notamment à donner du poids à l’entrepreneuriat congolais, à encourager les entrepreneurs et soutenir les PME. La deuxième édition de ce concours tenue en avril 2022, a permis de récompenser les participants pour leur savoir-faire en termes de création d’entreprise et surtout pour leur projet innovant. Les 11 gagnants ont reçu individuellement 20,6 millions de CDF et les autres participants ont reçu un chèque de 2,06 millions de CDF chacun.
La progression des investissements indique que la R-dCongo est sur la bonne voie pour un environnement des affaires favorable. Le nombre d’emplois créées a également augmenté pour ressortir à 9.330 en 2022 contre 6.908 en 2021, soit une hausse de 35,1% (2.422 emplois).
Les investissements en R-dCongo restent dominés par les Investissements Directs Étrangers (IDE). En 2022, les IDE représentent 87,3% du total des investissements contre 12,7% pour les investissements nationaux. Sur la période 2018-2021, le secteur des « services » enregistre en moyenne le plus grand volume des investissements, l’industrie vient en seconde position et le secteur «infrastructures» en troisième position.
Cependant, en 2022, les investissements ont été orientées majoritairement vers le secteur « Industrie » (49%) suivi de celui des « Infrastructures » (27%) et des « Services» (24%). Le secteur des « services » a été affecté par les mesures prises pour lutter contre la propagation du virus de la Covid-19 jusqu’en début 2022.
Les investissements dans le secteur « Agriculture et exploitation forestière » sont quasi inexistants sur la période 2018-2022. Le faible niveau d’investissement dans ce secteur pourrait s’expliquer par :
– l’inexistence et/ou l’insuffisance de certains prérequis à la bonne réalisation des activités. En effet ce secteur est caractérisé par une faible mécanisation ; une production de subsistance ; l’inexistence des produits financiers adaptés aux exigences de ce secteur ; l’absence d’une chaîne de valeur agricole ; des difficultés d’évacuation de la production vers des points éloignés du pays en raison de manque de routes de desserte agricole ;
– le manque d’incitation suffisante à l’investissement notamment Sur le plan fiscal.

Code des investissements.
◗Un bilan mitigé du code minier 2018
Le code minier revisité de 2018 a fait l’objet d’une évaluation en octobre 2022 (quatre ans après sa mise en œuvre) par la FEC et de toutes les parties prenantes du secteur. Cette évaluation a fait ressortir les avancées et les limites de ce code. Au nombre des avancées on note l’encaissement des paiements internationaux, de l’impôt spécial sur les coûts excédentaires ; le prélèvement de quotité participative de l’État dont le capital social de l’entreprise est passé de 5% à 10% ; l’exclusivité de la sous-traitance pour les sociétés dont la majorité du capital est détenue par les Congolais ; la participation requise d’au moins 10% des personnes physiques de nationalité congolaise lors de la création d’une société minière ; le rapatriement de 60% des recettes exportations.
Cependant, il est constaté que depuis la mise en œuvre du code de 2018, la R-dCongo n’a pas pu attirer de nouveaux investisseurs dans l’exploration géologique ; apporter des investissements importants dans le développement de nouveaux gisements, en dépit de la présence de minerais stratégiques de qualité que possède le pays. Cette situation pourrait être imputable notamment à certaines dispositions de la loi minière (notamment à la fiscalité moins incitative) mais également à un climat des affaires moins attractif. Par ailleurs, le secteur minier rencontre certaines difficultés notamment un déficit d’énergie.
Une révision de ce code minier et la résolution des problèmes internes au secteur minier devraient rendre le climat des affaires dans le secteur plus, rassurant et permettre d’attirer de nouveaux investissements.
◗ Réflexion sur la révision du code des investissements de 2002
Les réflexions autour de la révision du code des investissements de 2002 ont été menées, à l’initiative du ministère du plan le 10 mars 2022. À cet effet, la FEC a dressé un bilan de la mise en œuvre de ce code et, formulé des recommandations. Il ressort de ce bilan les éléments suivants : l’absence d’une politique globale et cohérente en matière des investissements, traduite par un déficit de coordination des actions du gouvernement, des mesures contradictoires ; le déficit d’efficacité du code des investissements à attirer, promouvoir et à sauvegarder les investissements ; la rigidité et la généralisation des dispositions du code des investissements en tenant compte de la spécificité des secteurs ; la prolifération des normes juridiques en matière d’exonération souvent en contradiction ou en supplément avec le code des investissements.
Les recommandations formulées se présentent comme suit : élaborer et valider un document des stratégies et politique de la R-dCongo en matière d’investissements dans le cadre d’une démarche participative qui tienne compte des secteurs prioritaires, de la réalité économique du pays et des provinces ainsi que des spécificités des secteurs d’activités ; élargir les consultations à un grand nombre d’entreprises afin de recueillir leurs avis et considérations ; améliorer la sécurité juridique et judiciaire en veillant à la rationalisation et la cohérence des normes juridiques sur les exonérations et à la souplesse des règles relatives au règlement des différends ; faire une analyse comparative des situations dans les autres pays africains avec lesquels la R-dCongo est appelée à échanger dans le cadre des organisations régionales en vue de tirer les meilleures pratiques à insérer dans le prochain code des investissements à élaborer.
Nonobstant la prise en compte de toutes ces réformes dans un nouveau code des investissements, leur application trouve des difficultés selon la FEC du fait de leur assignation aux ministères sectoriels alourdissant la procédure de validation des recommandations.
Leur prise en compte devrait ainsi renforcer les investissements nationaux et étrangers et embellir in fine le climat des affaires.

FINANCES PUBLIQUES.
Exécution budgétaire.
L’exécution budgétaire 2022 a été impactée par la pression inflationniste causée par la guerre en Ukraine notamn1ent au niveau des recettes fiscales attendues de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). En effet, le gouvernement a décidé, par décret pris le 15 octobre 2022 avec effet rétroactif à partir du 15 avril 2022 de : (i) supprimer la perception de la TVA sur les produits de première nécessité pour une période de 12 mois afin de contenir la pression sur les prix des biens et (ii) augmenter les subventions pétrolières afin de contenir les prix du carburant à la pompe.
◗ Évolution des recettes budgétaires
Les recettes et dons mobilisés pour l’année 2022 sont ressorties à 21.912 milliards de CDF contre 15 567 milliards de CDF en 2021, soit une hausse de 40,8%. Les recettes budgétaires sont constituées des recettes et de dons.
Les recettes ont été mobilisées à hauteur de 20 237 milliards de CDF en 2022, soit une hausse de 59,6% par rapport à celles de 2021. Cette évolution provient essentiellement de l’amélioration des recettes fiscales (+66,6% en glissement annuel avec une part de 74,8% dans les recettes totales) et des recettes non fiscales (+29,4% pour une part de 22,7% dans les recettes totales).
L’impôt sur le revenu enregistre la part la plus importante des recettes fiscales. En 2022, il représente 59,7% des recettes fiscales. Il est suivi des taxes sur les biens et services (représentant 30,6%), de l’impôt sur le commerce extérieur et les transactions courantes, soit 9,7% des recettes fiscales en 2022.
Les recettes non fiscales sont composées principalement des recettes tirées des ressources naturelles et des télécommunications et des redevances versées à des ministères sectoriels. Ces dernières représentent respectivement 54,4% et 12,2% des recettes non fiscales en 2022.
Concernant les dons, ils sont ressortis à 1 675 milliards de CDF en 2022 contre 2 884 milliards de COF en 2021, soit une baisse de 41,9%. Les dons sont constitués de dons projets et de dons d’appui budgétaire qui représentent respectivement 60,6% et 39,40/0 du total des dons.
◗ Évolution des dépenses
Les dépenses totales ont été exécutées à hauteur de 22.526 milliards de CDF en 2022 contre 16.167 milliards de CDF en 2021, ce qui correspond à une progression de 39,3%. Elles sont composées des dépenses courantes, des dépenses d’investissement et des dépenses extraordinaires.
L’accroissement des dépenses totales en 2022 est imputable essentiellement à l’augmentation des dépenses courantes (+39,9%) et des dépenses extraordinaires (+738,9%).
La progression des dépenses courantes résulte principalement de la hausse notamment des salaires (+20,6%), des intérêts exigibles (+58,4%), des biens et services (+71,9%) et des subventions et autres transferts courants (+49,1%).
Les salaires représentent les dépenses les plus importantes des dépenses courantes entre 2019-2022. En 2022, ils représentent 44,5% des dépenses courantes contre 51,5% en 2021. Ils sont suivis des biens et services (28,1%) et des subventions et autres transferts courants (24,8%)
Les dépenses extraordinaires ont considérablement augmenté en 2022, elles sont ressorties à 3.188 milliards de CDF contre 380 milliards de CDF en 2021, soit une hausse de 2.808 milliards de CDF (738,9%).
Les dépenses d’investissement, quant à elles ont reculé de 12,80/0 pour s’établir à 4 540 milliards de COF en 2022 contre 5 205 en 2021. Elles sont financées par les ressources intérieures et les ressources extérieures à hauteur de 52,6% et 47,4% respectivement en 2022. L’important accroissement des ressources intérieures en 2022, justifie globalement les efforts du gouvernement à améliorer le bien-être des populations et soutenir davantage le rythme de croissance de l’économie par des projets structurants. Au nombre de ces projets, on observe, une accélération du revêtement du réseau routier, une adduction en eau potable sur le projet de développement des 145 territoires, etc.
Le déficit budgétaire (base caisse) de la R-dCongo est ressorti à 2.109 milliards de CDF contre 3.493 milliards de CDF en 2021, soit un recul de 1.384 milliards de CDF. Il représente 1,6% du PIB en 2022 contre 1,0% en 2021, il demeure inférieur au seuil établi par la norme communautaire (SADC) de 3%. Le gouvernement a prévu des dispositions afin de résorber le creusement du déficit. Il s’agit du recours au marchés intérieur par les bons et obligations du Trésor; du recours aux appuis budgétaires ; et à l’utilisation de la marge de trésorerie dégagée avec le bon comportement des recettes
wUn niveau d’endettement soutenable.
La dette de la R-dCongo progresse régulièrement depuis 2019. À fin 2022, elle se chiffre à 19.150,7 milliards de CDF (9.499,86 millions de USD) contre 14.766,8 milliards de CDF (7.385,02 millions de $US) en 2021, soit une hausse de 29,7%. Rapportée au PIB, elle représente 16,02% en 2022 contre 14,91% à fin 2021.
Cette évolution est en lien avec la hausse conjointe de la dette intérieure et de la dette extérieure (qui représentent respectivement à 40,430/0 et 59,57% de la dette totale).
Le service de la dette s’est établi à 1.773,9 milliards de CDF (879,95 millions de $US) en 2022 contre 1.075,1 milliards de CDF en 2021 (537,69 millions de $US), soit une hausse de 65%. Rapporté aux recettes publiques hors dons, il représente 8,8% en 2022 contre 8,5% en 2021 et aux recettes fiscales hors dons, 11,70/0 en 2022 contre 11,8% en 2021.

Loi des finances 2023.
Le budget de l’Etat pour l’année 2023 s’élève à 32.456,8 milliards de CDF (soit 16,1 milliards $US) contre 22.253,0 milliards de CDF en 2022, soit une augmentation de 45,9%. Il comprend le budget général qui s’élève à 30.299,6 milliards de CDF et prend en compte les’ recettes et les dépenses de l’administration centrale ; les budgets annexes fixés à 541,9 milliards de CDF et comprennent les recettes et les dépenses des services publics des ministères; les comptes spéciaux qui se chiffrent à 1.615,2 milliards de CDF.
Le gouvernement congolais dans son souhait de renforcer le recouvrement des recettes internes pour l’année 2023 a adopté une politique fiscale orientée vers la modernisation des Administrations financières ; la lutte contre la corruption, l’évasion et la fraude fiscale ; la promotion de la culture et de la justice fiscale ; la création d’un environnement fiscal attractif aux investisseurs privés.
Cette politique est aussi orientée vers les réformes fiscales de l’année 2023 notamment la poursuite de la mise en œuvre du système de traçabilité des produits soumis aux droits d’accises ; le renforcement du dispositif contre la fraude et la contrebande ; la réduction du taux de la TVA de 16% à 8% pour certains produits de première nécessité et son élargissement à d’autres biens ; la disponibilité des imprimés des valeurs (permis de conduire) ; la réduction du taux de l’IPR de 15% à 3% sur les revenus des fonctionnaires et agents publics ; la rationalisation du régime des exonérations fiscales et douanières ; la vulgarisation du code minier sur toute l’étendue du territoire national; l’intensification des actions de communication et sensibilisation des contribuables à l’approche des échéances fiscales ; le retrait des agréments et autorisations aux boutiques « duty free » qui œuvrent en dehors des aéroports ; l’exonération des droits de douane de la Taxe sur Valeur Ajoutée (TVA) et des droits d’accises des savons liquides ainsi que des solutions alcooliques dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.

Les réformes des finances publiques.
La mise en œuvre du plan stratégique de réformes des finances publiques de 2010, en dépit de certaines réalisations n’a pas pu atteindre les objectifs (financiers et budgétaires) qui lui était assignés (évaluation PEFA 2019). Le gouvernement congolais a donc adopté en novembre 2021, un plan stratégique de la réforme des finances publiques couvrant la période 2022-2028. Ce nouveau plan vise à équiper la R-dCongo d’un système de gestion des finances publiques performant via l’atteinte des axes stratégiques.
La mise en œuvre effective de ces réformes devrait permettre d’améliorer la gestion des finances publiques.

SYSTEME MONÉTAIRE ET FINANCIER.
Une politique monétaire accommodante.
Depuis la crise sanitaire, qui a fortement secoué le pays, la politique monétaire a été menée de façon prudente tout en accompagnant la reprise des activités économiques de la République Démocratique du Congo. En 2022, la Banque Centrale du Congo a poursuivi ses activités, tout en adaptant le dispositif de la politique monétaire à l’évolution de la conjoncture économique. Le taux directeur de la BCC a connu une évolution de 7,5% en 2021 à 8,3% le 24 novembre 2022, ce qui représente une hausse de 80 points de base. En 2023, cette tendance à la hausse s’est poursuivie avec une augmentation de 75 points de base, en mars et 200 points de base en juin, portant le taux directeur actuel à 11%.
Les coefficients de réserves obligatoires demeurent inchangés en 2022 par rapport à leur niveau en 2021 et 2020. Ils sont fixés à 0,0% pour les dépôts en monnaie nationale à vue et à terme, à 13,0% et 12,0% respectivement pour les dépôts à vue et à terme en monnaies étrangères. Cette politique a permis de prélever une liquidité de 780,8 milliards de CDF, dépassant l’objectif initial de 422,3 milliards de CDF, ce qui a contribué à maîtriser la base monétaire active et à atténuer les fluctuations de l’offre de monnaie et du niveau général des prix. Par ailleurs, en juin 2023, la Banque Centrale a relevé le coefficient des réserves obligatoires sur les dépôts en monnaie nationale de 0,0% à 10,0%, ce qui devrait permettre d’accroître plus de liquidité en monnaie locale.
La réserve obligatoire s’est établie à 2.375,6 milliards de CDF à fin décembre 2022 (même niveau en 2021) contre 1.594,8 milliards de CDF à fin décembre 2020. Cette mesure vise à rétablir les positions excédentaires des réserves des banques et d’améliorer le potentiel d’octroi des crédits en monnaie nationale pour poser les jalons de la dédollarisation progressive de l’économie.
Le niveau des réserves de change de la R-dCongo, se situe à 2,63 mois d’importation à fin décembre 2022 contre 2,61 mois à fin décembre 2021 et 0,65 mois d’importation en 2020. Le nombre de mois d’importation couverts par les réserves de change du pays a augmenté de 1,98 mois entre 2020 et 2022 mais reste relativement contenu.
De même, la masse monétaire de la R-dCongo a progressé de 5,7% à fin décembre 2022 pour ressortir à 26.093,7 milliards de CDF en 2022 contre
24.678,6 milliards de CDF à la même période de l’année précédente. Cette évolution est principalement portée par l’accroissement des actifs intérieurs nets (+29,3%) avec des actifs intérieurs nets en baisse (-3,9%).
Sur la période 2021-2022, cette masse monétaire se situe en moyenne à 25.386,15 milliards de CDF.

Un marché de change relativement stable.
À fin 2022, le taux de change moyen annuel du franc congolais par rapport au dollar américain reste relativement stable sur le marché officiel. Il s’établit en rythme annuel à 0,9% à l’indicatif et de 4,6% au parallèle par rapport à leur niveau en 2021.
Le taux de change moyen annuel sur le marché officiel s’est établi à 2.006,5 CDF le dollar américain en 2022 contre 1.989,4 CDF en 2021 et 1.851,5 CDF en 2020. La valeur du franc congolais se situe en moyenne annuelle à 1.942,2 CDF pour un dollar américain sur la période de 2020-2022.
Sur le marché parallèle le taux de change se situe à 2.060,3 CDF le dollar américain en moyenne annuelle en 2022 contre 2.027,4 CDF en 2021 et 1.915,1,0 CDF en 2020. Sur la période 2020-2022, le franc congolais s’échange à 2.000,9 CDF contre un dollar américain.

Un taux d’inflation au-dessus de l’objectif fixé.
Le taux d’inflation de la R-dCongo s’est établi à 13,1% en 2022 (situé au-dessus de l’objectif annuel de 11%) contre 5,3% en 2021,15,8% en 2020. Il ressort en moyenne à 9,20/0 sur la période 2018-2022.
En 2022, cette inflation considérée dans toutes les couches de consommation, est essentiellement marquée dans les composantes suivantes : produits alimentaires et boissons non alcoolisées (65,55% à fin décembre 2022 contre 60,62% en 2021 et 65,04% en 2020) ; logement, eau, gaz, électricité, et autres combustibles (10,23% en 2022 contre 21,160/0 en 2021 et 2,340/0 en 2020).
Cette inflation pourrait se justifier par la hausse des prix des produits alimentaires et pétroliers provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
C’est le cas du prix des produits pétroliers tels que l’essence et le gasoil qui ont connu une hausse sur tout le territoire national congolais comme suit:
◗ Au niveau de l’essence : le prix a progressé en novembre 2022 de 21,7% (soit 2.855,0 CDF contre 2.345 CDF en mai 2022) dans la zone Ouest, de 17,6% (soit 3 345,0 CDF contre 2 845,0 CDF) et identiquement de 21,4% (soit de 3.400,0 CDF contre 2.800,0 CDF) dans la zone du Nord et de l’Est;
◗ Au niveau du gasoil : dans la zone de l’ouest le prix se situe à 2.845,0 CDF en novembre 2022 (soit une hausse de 21,8% par rapport à mai), dans la zone Sud il est de 3.485,0 CDF (soit +22,7%) et de 3.450, CDF dans le Nord et l’Est (soit +25,5%). Cette situation traduit la sensibilité de l’économie congolaise (en cas de conjoncture internationale morose), altère le budget des ménages congolais, affaiblit le pouvoir d’achat des ménages et contribue à la paupérisation de la population.

Un secteur bancaire en soutien à l’économie.
◗ L’encours de crédit suit une tendance haussière
Au regard des conséquences de la hausse généralisée des cours des produits alimentaires et pétroliers sur l’échiquier mondial (due à la crise russo-ukrainienne), couplée avec un contexte de faible liquidité des marchés (un resserrement des conditions financières) sur l’économie nationale en 2022, le secteur bancaire est demeuré dynamique. Ce dynamisme est constaté par la hausse entre autres des crédits à l’économie et des dépôts bancaires. En 2022, l’encours de crédit à l’économie s’est établi à 12.832,1 milliards de CDF contre 9.615,7 milliards de CDF en 2021 et 9.277,6 milliards de CDF en 2020. L’encours du crédit a progressé de 33,4% en 2022 par rapport à son niveau en 2021. Le total de crédit accordé par les acteurs du secteur bancaire représente 10,16% et 8,73% du Produit Intérieur Brut respectivement en 2022 et 2021.
Les crédits octroyés par les banques commerciales à l’économie congolaise sont principalement dominés par les crédits sur les autres secteurs (secteur privé, administration d’États fédérés et local…) à 94,1% tandis que, ceux affectés à l’administration centrale ne représentent que 5,4%.
De plus, les crédits concédés à l’économie restent, largement dominés par les crédits en devise. Les crédits en devise représentent 94,8% en 2022 (contre 95,7% en 2021), et les crédits en monnaie nationale ont une part de 5,2% en 2022 (contre 4,3% en 2021).
Par conséquent, l’accroissement des crédits octroyés justifie bien la confiance qu’ont les acteurs du secteur bancaire au potentiel de développement de l’économie congolaise. Les banques jouent un rôle important dans la dollarisation de l’économie du fait de la forte dominance des crédits en devise. Par ailleurs, le système bancaire a enregistré un concours bancaire (composé de crédits à décaissement et crédits d’engagement) de 13.662,8 milliards de CDF à fin décembre 2022 contre 10.081,4 milliards de CDF à fin décembre 2021, soit une hausse de 35,5%. Le crédit à décaissement se chiffre à 11.380,3 milliards de CDF en 2022 contre 8457,6 milliards de CDF en 2021 (soit une augmentation de 2 922,7 milliards de CDF). Le crédit à l’engagement quant à lui, est passé de 1.623,9 milliards de CDF en 2021 à 2.282,5 milliards de CDF en 2022, ce qui correspond à une majoration de 658,6 milliards de CDF.
La part des concours bancaires liée aux crédits à décaissement et aux crédits à l’engagement se situe respectivement à 83,3% et 16,7% en 2022.
En outre, les crédits à court terme sur la période 2021-2022 enregistrés par le système bancaire étaient de 2 778,3 milliards de CDF en 2022, soit un rehaussement de 31,2% par rapport à 2021 (2.118,2 milliards de CDF). Le niveau des crédits à moyen et long terme est passé de 3.602,8 milliards de CDF en 1.2021 à 4.990,2 milliards en 2022, d’où une amélioration de 37,7%. L’évolution rapide des crédits à moyen et long terme constitue un portail (pour les entreprises du secteur privé, pour l’administration centrale et autres) d’élaboration de politiques d’investissements. Les crédits documentaires à l’exportation se sont accrus de 159,1% se chiffrant à 199,7 milliards de CDF en 2022 contre 77,1 milliards de CDF en 2021. Une tendance baissière (-67,5%) est enregistrée au niveau des crédits documentaires à l’importation, ils passent de 398,0 milliards de CDF en 2021 à 129,4 milliards de CDF en 2022.
◗ Un encours global des dépôts en hausse. L’encours global des dépôts bancaires, est passé de 12.514,2 milliards de CDF en 2018 à 18 261,1 milliards de CDF en 2020 et de 24678,6 milliards de CDF à 26.093,7 milliards de CDF respectivement en 2021 et 2022. La progression de l’encours global des dépôts (5,7% en 2022 par rapport à 2021) demeure en deçà de celui des encours de crédits.
À fin décembre 2022, le taux d’intérêt moyen débiteur des banques se situe à 13,57% contre 15,57%) en 2021 (soit un recul de 2 points de pourcentage). Parallèlement, le taux d’intérêt moyen créditeur s’est accru de 11 points de base et ressort à 3,67% au 31 décembre 2022 contre 3,56% à la même période de l’année précédente.
La baisse du taux d’intérêt débiteur devrait permettre d’injecter plus de liquidité sur le marché, ce qui pourrait favoriser la croissance économique. Cette injection serait soutenue à fortiori par la forte mobilisation des épargnes en lien avec le relèvement du taux moyen créditeur (3,67% en 2022 contre 3,56% en 2021).

RISQUE SOCIO-POLITIQUE.
L’environnement sécuritaire en R-dCongo reste très fragile. Plus de 100 groupes armés, dont Allied Democratie Forces (ADF), le M23, l’Alliance des Forces Démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) opèrent dans l’est, le nord-est et l’ouest de la République Démocratique du Congo.
En 2022, le M23 qui avait quitté la R-dCongo en vertu de l’accord de paix signé en 2013 avec le gouvernement, a repris ses exactions (massacres, viols, vols, pillages,) dans les zones que le groupe contrôle en alléguant le non-respect des clauses de cet accord.
En dépit de l’aide de la Monusco (force locale des Nations Unies) et de la force régionale de l’Afrique de l’Est déployée en juin 2022, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) n’arrivent toujours pas à avoir le contrôle de la totalité du territoire national notamment la région de l’est sous l’emprise des rebelles. Les nombreuses tentatives de cessez-le-feu (25 novembre 2022 et 7 mars 2023), ainsi que du retrait du M23 des zones assiégées n’ont pas été respectées. Dans ce contexte, selon le classement de Global Organized Crime Indexl1 en 2021, la RD Congo affiche le score de criminalité le plus élevé au monde (7,75 sur une échelle allant de 1 à 10) en lien avec les conflits armés, les violences intercommunautaires, la présence des groupes armés impliqués dans les activités illégales notamment le pillage des ressources minières.
Selon les statistiques du Global Economy12, en 2022, l’indice des menaces de sécurité en République Démocratique du Congo est ressorti à 8,7 sur une échelle de 0 (faible) à 10 (élevé) points. Les pays frontaliers qui approchent cette moyenne sont: la République de la Centrafrique (8,3 points), le Soudan du Sud (8,2 points) et le Burundi (7,7 points), ce qui accentue le risque d’externalité négative en provenance des pays voisins. L’intensification du conflit avec le M23 et les activités d’autres groupes armés notamment l’exploitation illégale des ressources naturelles sont à la base de la crise humanitaire que vit la R-dCongo. En effet, en 2022, l’Unicef enregistre plus de 5,7 millions de déplacés internes dont la moitié sont des enfants. Plus de 26 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, 17 millions de personnes ont besoin d’une aide d’urgence et 8,9 millions de personnes ont besoin d’une assistance sanitaire d’urgence.

Situation politique quasi-stable. Le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, arrivé au pouvoir à l’issue de l’élection présidentielle de décembre 2018 a entrepris plusieurs actions en vue de décrispé l’environnement politique. Au nombre de ces actions, la réunion de l’opposition aux différentes tables de négociation demeure porteuse pour la marche de la réconciliation nationale. De plus, l’intégration récente de plusieurs cadres politiques de l’opposition au gouvernement renforce la cohésion des partis politiques du pays. La prochaine élection présidentielle est prévue pour le 20 décembre 2023. Le processus d’enrôlement des électeurs, débuté le 24 décembre 2022 a été relativement perturbé dans l’est et l’ouest du pays en lien avec la situation sécuritaire et les violences intercommunautaires. Par ailleurs, des coalitions ont commencé à se former notamment la coalition de partis soutenant le président sortant appelé « Union sacrée de la nation ».
Du côté de l’opposition quatre opposants ont décidé de s’unir et mener des actions pour une bonne organisation des présidentielles. Le bon déroulement du scrutin présidentiel de 2023 devrait permettre à la République Démocratique du Congo de persévérer sur la voie de la quasi-stabilité politique et de poursuivre les réformes majeures au niveau du climat des affaires, des finances publiques, de l’éducation, de la santé, de la dédollarisation de l’économie, etc., pour permettre à la majorité de sa population de bénéficier des immenses atouts que possède le pays.

Un niveau de développement humain faible. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement, la R-dCongo enregistre une légère baisse de son Indice de Développement Humain (IDH) qui est passé de 0,480 en 2019 à 0,479 en 2021. Se maintenant dans la catégorie des pays à faible revenu, ce fléchissement est imputable essentiellement à l’espérance de vie à la naissance (59,7 ans en 2021 contre 60,7 ans deux ans plus tôt) des habitants. De plus, les nombreux conflits armés dans certaines régions du pays surtout à l’est engendrent le déplacement de plusieurs populations avec des conditions de vie qui se dégradent profondément. En 2023, selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), ce sont environ 5,8 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Le revenu réel par habitant connait cependant une tendance à la hausse sur la période 2018 et 2022. La rupture économique enregistrée en 2020 du fait de la covid-19 a été soutenue par des actions sociales du gouvernement dont les effets permettent d’accroître la richesse individuelle des habitants de la R-dCongo.
Avec un taux de croissance démographique de plus de 3% l’an, l’inégale répartition de cette richesse pourrait être observée à travers le taux de pauvreté national. En effet, ce taux est estimé à 72,1% en 2021 et 62% en 2022 impliquant plus de la moitié de la population dans une trappe à pauvreté.
Cette situation réelle a conduit au maintien du programme des filets sociaux entamé depuis 2019 et au développement du marché local, capables de réduire significativement la pauvreté.

Un système de santé à faible portée sociale. En 2021, les indicateurs de la santé enregistrent des évolutions mitigées : le taux de mortalité pour 1000 personnes, est ressorti à 10% ; le taux de mortalité infantile, moins de 5 ans est fixé à 79% en 2021 contre 82 en 2020 et 84 en 2019 ; le taux de mortalité néonatale est fixé à 27% en 2021 contre 28% en 2018 ; le ratio de décès maternels pour 100.000 naissances vivantes s’élève à 547 en 2020 contre 541 en 2019. En 2021, l’espérance de vie à la naissance a reculé d’un (1) point pour s’établir à 59,7 contre 60,7. Ce recul traduit un faible niveau de développement humain (l’indice du développement humain est ressorti à 0,479 en 2021).
Par ailleurs, le pays est confronté à plusieurs maladies et urgences dont l’épidémie de la peste, de la rougeole, de choléra, de la Maladie à Virus Ebola, du paludisme, les infections respiratoires aigües, la grippe, de diabète qui sont à la base de centaines de morts dans le pays. En 2022, le pays a enregistré une flambée de certaines épidémies actives notamment la rougeole, la fièvre typhoïde, le choléra, le monkeypox.
Le gouvernement congolais, depuis 2001 s’est engagé dans l’amélioration du secteur de la santé à travers la mise en place de la politique nationale de la santé. La mise en œuvre de cette politique par le ministère de la santé a permis d’élaborer une Stratégie de Renforcement du Système Sanitaire Nationale (SRSS) en 2006. Cette stratégie révisée en 2010 est déclinée en plans quinquennaux.
En 2022, la RD Congo est à son troisième plan quinquennal couvrant la période 2019-2022 (dont l’objectif est d’accroitre la couverture et l’utilisation des services et soins de santé de qualité pour la population). Les précédents plans couvraient les périodes 2011-2015 et 2016-2020. La mise en œuvre de ces précédents plans n’a pas été totalement effective en raison notamment de l’insuffisance de ressources consacrées à ce secteur.

◗ Bilan à fin 2020 de l’exécution du Plan National de Développement Sanitaire PNDS 2019-2022. L’exécution du PNDS 2019-2022 pour l’année 2020 a été perturbé par la survenue de la covid-19 qui a davantage fragilisé le système sanitaire en RD Congo. Néanmoins certains résultats ont été obtenus à fin 2020.
Les actions en faveur de la réduction de la pauvreté et des inégalités. La République Démocratique du Congo est confrontée à une grande pauvreté en lien notamment avec les successions de conflits, d’instabilité, de troubles politiques, de la présence de groupe armés, de la survenue de la covid-19 et la pression inflationniste induite par la guerre en Ukraine depuis 2022. La R-dCongo est le cinquième pays le plus pauvre du monde selon le classement de Global finance. En 2022, environ 60 millions de personnes vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour (Banque mondiale). En outre, la majorité de la population vit toujours dans des conditions précaires et sans accès véritable à la protection sociale. La population couverte par au moins un régime de protection sociale était seulement de 14,1% en 2019 (Organisation Internationale du Travail). Le gouvernement a donc décidé de réduire la pauvreté grandissante et les inégalités sociales des populations à travers plusieurs actions notamment la Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS), le Plan de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T) et le Programme Présidentiel Accéléré de Lutte contre la Pauvreté et les Inégalités (PPA-LCPI) et le projet STEP.
◗La Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS).
Le gouvernement congolais, dans sa volonté de garantir à toutes les couches de la population une couverture de protection sociale a adopté en 2017 une politique nationale de protection sociale. Le nouveau programme couvre la période 2019-2023 et est orienté autour de quatre piliers présentés comme suit : Pilier 1 : la bonne gouvernance ; Pilier 2 : l’homme ; Pilier 3 : la société solidaire ; Pilier 4 : une croissance économique durable.
Les principaux progrès enregistrés dans la mise en œuvre de la politique nationale de protection sociale sont les suivants : la mise en couvre de la couverture santé universelle (CSU) à travers la promulgation de l’ordonnance-Loi n023/006 du 3 mars 2023 modifiant et complétant la Loi n°18/035 du 13 décembre 2018 fixant les principes fondamentaux relatifs à la santé publique. Cette loi introduit la dimension de la CSU dans la loi sur la santé publique en R-dCongo ; la mise en place d’un dispositif institutionnel pour la CSU : un Conseil National de la Couverture Sanitaire Universelle (CNCSU) ; un Comité technique de coordination de la CSU ; le Fonds de solidarité de la santé et le Fonds de promotion de la santé ; l’élaboration d’un Plan Stratégique National pour la CSU articulé autour de quatre axes stratégiques : Axes stratégique 1 : amélioration des prestations des services de santé et continuité des soins de qualité aux différents niveaux du système de santé ; axe stratégique 2: extension de la protection contre les risques financiers liés à la maladie pour tendre vers l’assurance maladie universelle ; axe stratégique 3: renforcement de l’approche « Santé dans toutes les politiques publiques» pour réduire la charge de morbidité afin d’assurer la viabilité du dispositif de la couverture universelle en santé ; axe stratégique 4 : gouvernance et gestion du système national de CSU.
◗Le Plan de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T). Le gouvernement a élaboré un plan de développement local des 145 territoires CPDL-145T) que compte la R-dCongo pour la période 2021-2023. Le coût global de l’exécution de ce plan est estimé à 1,66 milliards de $US dont 300 millions de $US pour 2021, 700 millions de $US pour 2022 et 660,1 millions de $US pour 2023. Le PDL-145T vise notamment à : (i) réduire les inégalités spatiales, (ii) redynamiser les économies locales, et (iii) transformer les conditions et le cadre de vie des populations congolaises vivant dans des zones où les infrastructures et services sociaux sont quasi inexistants. Il est orienté essentiellement autour de quatre composantes : Composante 1: améliorer l’accès des populations des territoires ruraux aux infrastructures et services socioéconomiques de base; composante 2: promouvoir le développement des économies rurales et des chaînes de valeur locales; composante 3: renforcer les capacités de gestion du développement local; composante 4: développer un système d’information géo référencé de suivi à même de renseigner sur les progrès du programme.
La mise en couvre du PDL-145T est confiée à trois agences notamment : le PNUD: Programme des Nations Unies, pour le Développement.
Sa zone d’intervention concerne 9 provinces21 à travers 54 territoires ; le BCECO : Bureau Central de Coordination qui intervient dans 9 provinces soit dans 48 territoires, et la CFEF : Cellule d’exécution des Financements en faveur des États Fragiles opérant dans 7 provinces et dans 43 territoires.
◗Le Programme Présidentiel Accéléré de Lutte contre la Pauvreté et les Inégalités (PPA-LCPI). Le chef de l’État a mis en œuvre avec l’aide des partenaires techniques et financiers, le Programme Présidentiel Accéléré de Lutte contre la Pauvreté et les Inégalités (PPA-LCPI) sur la période 2020-2024. Ce programme vise à réduire à court et moyen terme les disparités en termes de développement humain durable dans les zones rurales sur l’ensemble du territoire national. Il est orienté vers les populations extrêmement pauvres, vulnérables et qui sont exposées aux risques : sécuritaire, endémique et environnemental. Évalué à un coût de 6,5 milliards de dollars, le PPA-LCPI est articulé autour de trois principales composantes: Composante 1 : améliorer l’accès des populations rurales et périurbaines aux infrastructures et services socio-économiques de base ; composante 2 : promouvoir des économies rurales et locales dynamiques; composante 3 : renforcer des capacités de gestion du développement local aux niveaux national, provincial et local.

◗Projet STEP.
Le Gouvernement congolais a, sur financement de la Banque mondiale et à travers le Fonds Social de la R-dCongo, mis en œuvre le projet pour la Stabilisation de l’Est de la R-dCongo pour la Paix, «STEP», dans le but d’améliorer l’accès aux infrastructures socio-économiques et aux moyens de subsistance des communautés vulnérables des provinces situées à l’est du pays. D’un coût de 824 millions de $US, le projet STEP couvre six provinces et la capitale Kinshasa. Plus de 5,8 millions de personnes ont été bénéficiaires de ce projet dont 3 millions de femmes. La mise en œuvre de ce projet sur la période allant de février 2014 à décembre 2022 a permis en autres les réalisations suivantes : rénovation de près de 2 185 infrastructures de base dans 1.166 communautés vulnérables (établissements scolaires et structures de soins) dans le cadre de 950 programmes de développement communautaire et de 1.235 dispositifs de travaux publics ; fourniture des filets de protection sociale (notamment les transferts monétaires sans conditions, programmes de travail Contre rémunération, aide à l’investissement formations à l’entrepreneuriat) à 530.000 personnes, ayant reçu un total de 93 millions de dollars en espèces.

Un système éducatif en amélioration.
Le secteur de l’éducation en République Démocratique du Congo s’est progressivement amélioré au fil des années notamment au niveau de l’Enseignement Primaire Secondaire et Technique (EPST). Cette évolution est en lien avec notamment la sensibilisation en faveur de l’enseignement national ; la politique de gratuité de l’enseignement primaire initiée par le gouvernement en 2019 ; la progression de financement de l’éducation particulièrement de l’EPST. La part du budget de l’éducation dans le budget de l’état est passée de 17% en 2019 à 21,6% en 2021. La part de budget de l’EPST dans le budget de l’éducation a également augmenté passant respectivement de 68,78% en 2019 et à 80,08% en 2021. Toutefois, la part du budget de l’éducation représente 2,6% du PIB en 2021 contre 1,8% en 2020, Les performances de financement de l’éducation de la R-dCongo demeurent relativement faibles au regard des recommandations du cadre indicatif du Partenariat Mondial pour l’Éducation (PME) où la norme est de 4% à 6% du PIB. Par ailleurs, en vue d’accompagner la politique de gratuité de l’enseignement primaire, le gouvernement congolais, avec le concours de la Banque mondiale a mis en place le projet pour l’équité et le renforcement du système éducatif (PERSE). Ce projet vise principalement : la réduction des frais scolaires sur les foyers; l’amélioration de l’accès à l’enseignement primaire dans les dix provinces sélectionnées; le renforcement des systèmes fondamentaux d’éducation.
Il est financé à hauteur de 800 millions de dollars et couvre la période comprise entre le 8 septembre 2020 et le 31 décembre 2024.
– Évolution des indicateurs du préscolaire, du primaire et du secondaire. Au niveau du préscolaire, le nombre d’établissements a augmenté de 26,5% à 10.436 unités en 2020-2021 contre 8.250 établissements en 2019-2020 au niveau national. Le nombre de classe a progressé de 52,80/0 à 37 947 classes en 2020-2021 contre 24.829 classes en 2019-2020. Le nombre d’éducateurs a aussi augmenté de 28,9% à 31.917 en 2020-2021 contre 24.747 l’année précédente ; le taux brut de scolarisation du préscolaire est ressorti à 6,8% en 2020-2021 contre 5,7% en 2019-2020, soit une hausse de 1,1 point de pourcentage ; entre 2020-2021, au niveau national le ratio enfants éducateur est de 23 contre 24 en 2019-2020. Ce qui permet un bon encadrement des enfants d’une année à l’autre. Concernant le primaire, le nombre d’établissements a progressé de 16,8% à 70.077 en 2020-2021 contre 59 987 l’année précédente ; le nombre d’enseignants s’est accru de 14,7% à 511.999 enseignants par rapport à 2019-2020 ; le taux brut d’admission au primaire est en baisse, il est passé à 129% en 2020-2021 contre 139% en 2019-2020 ; le taux brut de scolarisation au primaire est de 111,9% en 2020-2021 contre 107,3% en 2019-2020, soit une progression de 4,11 points de pourcentage; le taux d’achèvement (TA) au primaire est de 75,4% en 2020-2021 contre 70,7% en 2019-2020, soit une augmentation de 4,7 points de pourcentage. Le TA des garçons est supérieur à celui des filles, soit 78,5% contre 72,5% ; en 2020-2021, le ratio élèves/maître est de 39 contre 42 l’année précédente, alors que le maxima est 55 et le minima est de 26. S’agissant du secondaire, le nombre d’établissements au secondaire a progressé de 17,3% à 38.447 en 2020-2021 contre 32/787 en 2019-2020 ; le nombre de classe a évolué de 55,9% à 751.034 classes en 2020-2021 contre 327.740 l’année dernière ; le nombre d’enseignants en 2020-2021 est de 557.804 contre 474.740 l’année dernière soit une hausse de 17,5% ; le taux brut d’admission s’est établi à 60% en 2020-2021 contre 59,5% en 2019-2020 soit une hausse de 0,5 point de pourcentage ; le taux brut de scolarisation a progressé de 2 points de pourcentage à 52% en 2020-2021 contre 50% l’année précédente; le taux d’achèvement est de 37,90% en 2020-2021 contre 34% l’année dernière, soit une hausse de 5,2% en lien avec le retour massif d’élèves ayant abandonné la 5ème ; en 2020-2021, le ratio élèves/classe au secondaire au niveau national est de 14 contre 21 en 2019-2020 ; le ratio élèves/enseignant est de 13 contre 14 l’année précédente.

BLOOMFIELD INVESTMENT.
Département Bloomfield Intelligence. 2023

Ulrich Valaki

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