L’improbabilité d’une intervention militaire au Niger

L’improbabilité d’une intervention militaire au Niger

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1590|LUNdi 07 aoÛt 2023.

 

Des pays de la sous-région – le Mali, le Burkina Faso, la Guinée Conakry – dirigés par des juntes militaires, tout comme l’Algérie qui partage au nord près d’un millier de kilomètres avec le Niger, ont publiquement mis en garde contre une intervention militaire contre les putschistes de Niamey soutenus par une jeunesse locale qui brandit dans les rues de la capitale, des drapeaux russes lors des manifestations s’en prenant violemment à l’ambassade française.

Le Mali, le Burkina Faso voire la Guinée se sont dits solidaires des putschistes déclarant dans un communiqué, s’agissant du Mali et du Burkina Faso, qu’une intervention militaire au Niger serait une «déclaration de guerre». « Nous refusons catégoriquement toute intervention militaire », a déclaré le président algérien Abdelmadjid Tebboune samedi 5 août lors d’une interview télévisée avec la presse algérienne.

Au Nigeria, pays frontalier du Niger au sud et pays le plus peuplé du continent, des parlementaires et responsables politiques ont fait valoir leurs inquiétudes. Le Sénat s’est déclaré opposé à une intervention militaire. Réuni à huis clos après un débat vif, les parlementaires ont appelé le président Bola Tinubu, président en exercice du bloc ouest-africain, de reconsidérer une éventuelle intervention militaire au Niger de la CÉDÉAO, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest en l’appelant à « encourager les autres dirigeants de la CÉDÉAO à renforcer l’option politique et diplomatique ».

Le Tchad dirigé par une junte militaire, a déclaré qu’il n’enverrait aucun militaire se battre au Niger. À ce jour, le chef de l’État tchadien Mahamat Idriss Déby, à la tête lui-aussi d’une junte militaire, est le seul dirigeant africain qui a tenté une médiation en faisant le déplacement de Niamey. Il a rencontré le chef de la junte, le général Abdourahamane Tchiani et s’est entretenu avec le président destitué Mohamed Bazoum séquestré dans la résidence présidentielle privée. Sur le continent européen, l’Allemagne, la grande puissance européenne, s’est aussi déclarée pour un règlement diplomatique de la crise.

 

LA PUISSANTE PRESSION DE PARIS.

Certes, le Sénégal de Macky Sall qui, en 2017, avait pris la tête d’une intervention militaire régionale pour chasser du pouvoir le président gambien Yahya Jammeh, en installant le vainqueur de l’élection présidentielle Adama Barrow, a déclaré être prêt à mettre ses soldats en mouvement. On peut s’attendre au même discours de la part de la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, frappée le 1er août 2023 par la mort d’une immense personnalité du pays, l’ancien président Henri Konan Bédié, « le sphinx de Daoukro » et qui est en deuil.

Même si la pression française, la puissance tutélaire, se fait totale – tout comme celle de Washington néanmoins un peu en retrait – les Chefs de l’État membres de la CÉDÉAO, peuvent-ils prendre le courage de donner le go à leurs armées pour aller remettre au pouvoir le président Mohamed Bazoum sans faire courir le risque d’un soulèvement dans leurs pays et d’une contestation plus forte que jamais de la France qualifiée désormais plus que jamais de puissance coloniale et néo-coloniale quand le rejet de l’Hexagone sur le continent gagne chaque jour de terrain au profit de la Russie et de la Chine ?

Outre cela, la junte militaire de Niamey conduite par le général Abdourahamane Tchiani, 59 ans, à la tête du CNPS, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, dont la force face à une armée régionale est inexistante, a d’ores et déjà ouvert la porte de son pays au groupe russe Wagner présent sur le continent et particulièrement dans la sous-région mais qui diplomatiquement a demandé un temps de réflexion avant de donner sa réponse.

Tout cela dans un contexte où, plus que jamais, les Américains parlent de plus en plus avec les Russes alors que la présidentielle américaine s’approche à grands pas et que malgré ses multiples déboires avec la justice, le Républicain Donald Trump donne à réfléchir au parti démocrate ?

Même si les médias français – Rfi, France 24, LCI, etc. – puissamment installés sur le Continent – défendent plus que jamais les intérêts de leur pays mis en mal en Afrique, à l’heure où Le Soft International va sous presses, rien n’indique que la solution militaire sur Niamey était envisageable.

Ancien élève de l’École nationale des officiers d’active de Thiès, au Sénégal, le général Abdourahamane Tchiani a passé l’essentiel de ses premières années de militaire à l’étranger : il a servi plusieurs fois dans des missions onusiennes en Côte d’Ivoire, au Congo et au Darfour, au Soudan, ainsi que dans une mission de la CÉDÉAO. De retour dans son pays, il a d’abord été basé dans la région de Diffa, avant de s’installer à Dirkou, Agadez.

Au milieu des années 90, il est nommé commandant de compagnie à la frontière tchadienne. C’est « un officier ayant fait ses preuves sur le terrain », commente un ex-militaire.

« On ne le connaît pas beaucoup en dehors des milieux militaires. Il n’a pas de présence publique affichée. C’est un homme de l’ombre, puissant, mais pas une figure très consensuelle», selon un autre commentateur.

À la tête de la garde présidentielle, « il a transformé la garde présidentielle en une puissante machine dotée d’armements sophistiqués », selon un autre commentateur.

Trois jours après l’annonce de la séquestration du président renversé et de sa famille, le général Abdourahamane Tchiani a déclaré avoir pris le pouvoir à la suite de «la dégradation de la situation sécuritaire ». Rappelant la présence de groupes djihadistes dans le pays, il a dénoncé une approche sécuritaire sous son prédécesseur qui « n’a pas permis de sécuriser le pays en dépit de lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs ». «Le CSNP, par ma voix, demande aux partenaires et amis du Niger, en cette étape cruciale de la vie de notre pays, de faire confiance à nos Forces de défense et de sécurité, garantes de l’unité nationale», a ajouté le général Abdourahamane Tchiani.

LE SOFT INTERNATIONAL.

 

 

 

 

 

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