Ces minings qui peuvent avoir le meilleur mais aussi le pire

Ces minings qui peuvent avoir le meilleur mais aussi le pire

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1591|MARDI 22 AOÛT 2023.

Les hommes d’affaires nationaux ou étrangers sont connus. Leur réputation établie. Ils pillent, maquillent, falsifient. Ils sont si malins que les pouvoirs publics peinent à les maîtriser même s’ils peuvent les considérer comme partenaires au développement… Cela ne se passe pas seulement au Congo ou en Afrique. Aux États-Unis d’Amérique par exemple, cités comme le pays le plus industrialisé et le plus développé au monde avec son rêve qui attire la jeunesse, que n’apprenons-nous pas comme scandales chaque jour !

Les quatre firmes occidentales (ou non, peu importe!)installées dans le Grand Kivu, ont-elles péter un plomb après la signature le 17 juillet dernier, d’un contrat de joint-venture entre Sakima SA et une entreprise émeratie ? Par le biais d’un ancien journaliste congolais connu au Soft International, elles disent non. Reprochent-elles à l’État congolais leurs propres turpitudes ? Même réponse à la bouche…

 

LES MEILLEURS ET LES PIRES.

Qui ne sait que les plus grands criminels de la Terre sont des hommes d’affaires qui se servent des populations locales? Ils peuvent être américains, russes, rwandais, ougandais, etc., qu’importe ! Ce sont des criminels qui exploitent la terre africaine sans contrepartie, nous appauvrissent comme jamais, font des millions de morts en enrichissant leurs pays.

Ne voit-on pas comment chaque jour l’Afrique, face à eux, se réveille et se révolte! Le Noir qui œuvre pour le Blanc, qui n’a jamais lu l’immense ouvrage du Français Alain Peyreffite, ancien homme des médias, plusieurs fois ministre dans son pays – « Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera », Paris, Fayard, 1973 – ignore dramatiquement! Quel Occidental hier s’imaginait qu’un jour viendrait où le Chinois se déversait littéralement sur le monde et que l’Occident irait s’endetter en Chine en passe de devenir la première puissance de la Terre? Il reste que si les milieux d’affaires peuvent être les meilleurs pour ce qu’ils apportent, ils sont souvent aussi les pires de tous.     

Les minings (Stone Mining Compagny, CDMC Sarl, Amur Sarl et Dfsa Congo Mining) paraissent en effet par leur chargé des Relations Publiques, soudées comme un bloc, décidées de traîner l’État congolais devant des juges, au Congo comme à l’étranger. Qui les en empêcherait?

À l’examen de leurs dossiers, elles seraient aujourd’hui bien en peine d’expliquer pourquoi depuis tant d’années que les droits miniers leur ont été octroyés, elles ont été incapables de peser sur le développement socio-économique des communautés impactées par leurs divers projets, alors que certaines d’entre elles engrangent des bénéfices substantiels grâce à l’exploitation artisanale des minerais issus des sites couverts par les permis d’exploitation en leur possession.

Faut-il se demander si Stone Mining Compagny, CDMC Sarl, Amur Sarl et Dfsa Congo Mining partagent réellement la même vision que leur soi-disant «partenaire» Sakima SA à ce sujet.

Petit regard d’une histoire sur les sites Sakima SA et des médiocres retombées enregistrées.

 

Pour CDMC Sarl.

En octobre 2016, Sakima SA et ce mining concluent un contrat relatif à l’exécution du projet Sakima n° 01/16 portant sur la mise en valeur des permis d’exploitation n° 15,17 et 76.b Le projet consistait à organiser une meilleure collecte de la production artisanale au profit de Sakima SA ; à réaliser des travaux de prospection complémentaire des gisements ; à certifier les réserves desdits gisements ; à élaborer une étude de faisabilité bancable pour l’exploitation industrielle des gisements identifiés.

À l’exception de la collecte de la production artisanale à laquelle CDMC Sarl s’est livrée intensément, rien manifestement d’entrepris sur la prospection complémentaire des gisements, de certification des réserves minières ou d’élaboration d’étude de faisabilité bancable n’ont été réalisés par ledit partenaire.

En décembre 2020, un contrat de joint-venture est conclu entre les deux sociétés portant sur les PE 17 et 76 que CDMC exploite depuis trois ans et dont la firme  prétend aujourd’hui, en 2023, que les travaux de prospection complémentaire et de certification des gisements sont en cours d’exécution.

Le contrat prévoit pourtant des mécanismes clairs de prise de décision et de collaboration technique (art. 23 à 27) que CDMC piétine sans scrupules. Entre temps, la société commune Congo Fair Mining a signé des contrats de collecte de production artisanale avec plusieurs entités de traitement de la place dont NBB & Frères, Sogecom, CDMC Entité Sarl etc., sans en référer nulle part à Sakima SA.

De 2016 à 2023, la production artisanale est évacuée sans désemparer. La migration vers la production industrielle est toujours renvoyée aux calendes grecques (en invoquant diverses raisons) et les retombées sociales de la présence de CDMC  dans les sites exploités sont estimées nulles.

Stone Mining Company.

En janvier 2018, Sakima et Stone Mining Company concluent un contrat relatif à l’exécution du projet Sakima n° 05/17 portant sur le PE 2595. Ce contrat avait visait à réaliser des travaux de prospection complémentaire des gisements; à certifier les réserves de ces gisements ; à élaborer une étude de faisabilité bancable pour l’exploitation des gisements identifiés.

En novembre 2020, un contrat de JV est signé entre les deux partenaires portant sur la création d’une société commune pour la mise en valeur des PE 20, 2594 et 2595.

À ce jour, Stone Mining Company prétend être sur le point de lancer la production industrielle alors que l’étude de faisabilité n’a jamais été transmise à Sakima SA ni agréée par cette dernière ; les rapports géologiques sur les travaux de prospection complémentaire des gisements n’ont jamais été entreprise en collaboration avec les experts Sakima SA (si tant est qu’ils ont été faits) ; la gestion de la société commune ne respecte pas les dispositions contractuelles en matière de budgets et programmes ainsi que des états financiers, qui doivent être approuvés par les organes délibérants.

À ce sujet, le Directeur Général Adjoint désigné par Sakima SA pour cogérer la JV n’a toujours pas pris ses fonctions dès lors qu’il est dépourvu de moyens logistiques à pourvoir par Stone Mining Company.

Amur Sarl.

En octobre 2017, un contrat relatif au projet Sakima SA n° 03/17 est conclu entre Sakima SA et Amur Sarl. Ce contrat vise à la mise en valeur (production industrielle) des sites couverts par les PE 19, 88 et 2598 par les travaux de prospection complémentaire des gisements ; la certification des réserves des ces gisements ; l’élaboration d’une étude de faisabilité bancable en vue de l’exploitation industrielle des gisements

En janvier 2011, les deux parties concluent un contrat de JV pour la mise en valeur du PE 2598 à travers la création d’une société commune dénommée Compagnie Minière de Kalehe. Depuis lors, aucune des obligations n’est respectée par Amur Sarl. Pis que ça, la gestion de la société commune se fait au mépris des dispositions contractuelles relatives aux budgets et programmes ainsi qu’aux états financiers annuels qui n’ont jamais été soumis à l’approbation des organes délibérants.

Outre cela, le fait qu’aucun cahier des charges n’a été signé avec les communautés locales impactées par le projet. Comment ne pas conclure  qu’en réalité, Amur Sarl ne dispose d’aucune capacité financière de soutenir un projet d’exploitation industrielle des minerais susceptible de sortir la contrée de Kalehe du marasme dans lequel elle se trouve actuellement.

 

Desa.

Ce contrat d’amodiation conclu avec cette firme date de septembre 2006. Il suffit de se rendre sur terrain pour constater qu’en dix-sept ans, aucun investissement n’a été réalisé par l’amodiataire dans les sites couverts par les quatre permis d’exploitation (PE 12 20 2592 2593).

Dans le même temps, des dizaines de milliers  de tonnes de minerais de cassitérite ont été évacués par ce mining sans la moindre royaltie versée à Sakima SA ou aux communautés locales impactées par le projet.

Au cours des quinze premières années, le loyer d’amodiation mensuel de 20.000 $US était très irrégulièrement payé et d’importants arriérés, avoisinant souvent le million de dollars américains, ont été enregistrés. Si, depuis août 2021, le loyer d’amodiation mensuel de 60.000 $US est régulièrement payé, il n’en demeure pas moins qu’aucun rapport n’a été transmis à Sakima SA sur une possible migration vers la production industrielle. En revanche, la collecte de la production artisanale n’a jamais été aussi intense.

Que dire en définitive ? Les quatre minings (Stone Mining Compagny, CDMC Sarl, Amur Sarl et Dfsa Congo Mining) dont la présence sur sites est bien antérieure à la constitution des JV, ne sauraient prétendre aujourd’hui être en train d’honorer des engagements qu’ils étaient censés honorés depuis au moins cinq ans  S’abriter derrière des considérations du genre «insécurité» ou « retard dans la cession des titres » qui ne sont que des faux-fuyants, relève au mieux d’une mauvaise foi. À l’État congolais d’affûter ses armes face aux juges annoncés.

LE SOFT INTERNATIONAL.

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