A-t-on eu recours à des médias pour faire passer une thèse dans la mort de Chérubin Okende ?

A-t-on eu recours à des médias pour faire passer une thèse dans la mort de Chérubin Okende ?

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1593|MARdi 12 SEPTEMBRE 2023.

Directeur adjoint et journaliste du site actualites.cd, correspondant de l’hebdomadaire franco-africain basé à Paris Jeune Afrique et de l’agence britannique Reuters, Stanis Bujakera Tshiamala a été arrêté le 8 septembre aux environs de 22:30′ à l’aéroport international de N’Djili alors qu’il allait prendre un vol pour se rendre à Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga.

Aucune raison de cette arrestation n’avait été donnée par une source officielle au moment d’aller à l’impression mais, selon divers sites en ligne, cette interpellation serait en lien avec l’enquête sur l’assassinat le 13 juillet 2023 de l’ancien ministre des Transports, Communication et Désenclavement, Chérubin Okende Senga.

Lors de la journée de cet assassinat, plusieurs observateurs avaient fait état de l’annonce «suspecte» par plusieurs médias en ligne de cette mort parlant d’une planification d’opposants.

Outre cela, l’hebdomadaire français Jeune Afrique dont Stanis Bujakera Tshiamala est correspondant, a fait état d’un rapport d’enquête des services spéciaux congolais qui n’aurait jamais existé, aux dires du porte-parole du Gouvernement Patrick Muyaya Katembwe.

 

AU TOUR DES AMBASSADES.

Un rapport de l’ANR, l’Agence Nationale de Renseignement, « totalement faux », publié dans le but de « discréditer » le travail de l’enquête en cours, a déclaré le ministre de la Communication et des Médias, interrogé le 4 septembre lors d’une conférence de presse. «Vous êtes sûr que ce rapport est de l’ANR ?», a-t-il poursuivi. Muyaya a relevé des erreurs dans le document, l’absence de la lettre « e » sur l’inscription « sécurité intérieure» – ou il est écrit «sécurité intérieur » à l’en-tête au lieu. Jeune Afrique « a été manipulé par une volonté délibérée de désorienter l’enquête en cours », a poursuivi le porte-parole.

Il a annoncé une «protestation vigoureuse» du ministère de l’Intérieur auprès de Jeune Afrique et de Rfi pour obtenir «rectification».

Ce qui est reproché au journaliste c’est donc précisément la « propagation de faux bruits», la «diffusion de fausses informations ».

Quelqu’un a-t-il utilisé – comme c’est coutume dans un contexte pré-électoral électrique – la plume d’un journaliste pour faire prévaloir une thèse ? C’est sans doute ce que recherchent les enquêteurs dans une mort qui a choqué toute la classe politique. Il n’empêche !

Comme c’est de coutume, les chancelleries occidentales sont montées en première ligne.

«Nous sommes profondément préoccupés par la détention du journaliste congolais Stanys Bujakera, correspondant de Jeune Afrique. La liberté d’expression et le droit à l’information sont des piliers fondamentaux de toute démocratie», écrit sur son compte Twitter (X), l’ambassade de France.

L’ambassade britannique n’en dit pas moins : «Nous sommes préoccupés par la détention du journaliste Stanys Bujakera, arrêté depuis deux jours. La liberté de la presse et de l’expression sont des valeurs clés pour la démocratie».

Ni celle des Belges: « Nous suivons de près la situation du journaliste Stanys Bujakera arrêté hier, dans le cadre de ses activités de journaliste. La liberté de la presse est l’un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques».

Ni l’ambassade des États-Unis : «Nous restons profondément préoccupés par la détention du journaliste Stanis Bujakera. Les journalistes devraient pouvoir faire leur travail sans crainte de poursuites».

Pour Jeune Afrique, l’arrestation de Stanis Bujakera Tshiamala a un lien avec « un article publié sur le site de Jeune Afrique le 31 août et qui ne porte pourtant pas sa signature, mais celle de Jeune Afrique. Il est dès lors surprenant et inquiétant d’apprendre que notre correspondant est interrogé sur le contenu d’un article qu’il n’a pas signé et pour lequel il ne peut donc pas être tenu responsable».

L’hebdomadaire français dit « réitérer sa pleine confiance à l’ensemble de ses journalistes, qui ont à cœur de proposer une information juste et vérifiée, et travaillent avec sérieux et professionnalisme». Puis : «Nous osons croire à l’attachement des autorités congolaises au libre exercice du journalisme en République Démocratique du Congo ».

ALUNGA MBUWA.

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