La piste aérienne de Kikwit détruite en voie d’être avalée par une géante érosion

La piste aérienne de Kikwit détruite en voie d’être avalée par une géante érosion

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1594|MARdi 26 SEPTEMBRE 2023.

En moins de trois mois, une troisième mission d’inspection des aéroports et des aérodromes du pays conduit actuellement le président du Conseil d’Administration de la Régie des Voies Aériennes-Société Anonyme sur les pistes aéroportuaires du Grand Bandundu. Le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba veut voir de ses propres yeux les problèmes qui accablent les entités de la RVA-SA et écouter le personnel.

Après les aéroports de Kinshasa-Ndjili et de Ndolo, ceux du Sud et de l’Est (Luano/Lubumbashi dans le Haut-Katanga, Kolwezi dans le Lualaba, Kalemie dans le Tanganyika, Goma dans le Nord Kivu, Bangboka/Kisangani dans la Tshopo), au tour de l’Ouest en attendant le Centre et le Nord.

Du 21 au 22 septembre 2023, c’est l’espace Grand Bandundu, le cœur du Grand Bandundu, la grande ville de Kikwit, à 530 km de la Capitale Kinshasa, à 330 km de Tshikapa, la ville diamantifère du Kasaï occidental, qui a accueilli la délégation de la Régie des Voies Aériennes-Société Anonyme conduite par le président du Conseil d’Administration et composée d’un Administrateur, le député de la Tshopo, Étienne Masanga Kisigayi et d’un sous directeur d’exploitation des Aéroports à la RVA-SA.

 

PISTE D’ATTERRISSAGE ENVAHIE.

Accueillie à l’aérodrome de Kikwit par le commandant de l’aérodrome, Raphaël Nanizaya Ngina, la délégation, a, après un échange de mots protocolaires, visité les installations aéroportuaires, le site VSAT qui permet la visibilité des avions qui survolent l’espace aérien, les équipements du matériel pour l’installation de la centrale photovoltaïque, le tarmac, la     piste d’atterrissage avant d’aller se rendre compte de l’envahissement du domaine foncier de la RVA spolié.

Si, depuis un certain temps, l’aérodrome de Kikwit ne reçoit presque plus de vol régulier, la piste d’atterrissage truffées de toutes parts par des trous qui, à la saison des pluies, se transforment en mares, c’est surtout une érosion géante qui menace la piste aérienne et constitue un danger immédiat.

« Cette érosion est causée par les eaux de ruissellement des maisons des habitations érigées à moins de 100 m de la piste, qui est un domaine foncier de la RVA», explique le Commandant de l’aérodrome, Raphaël Nanizaya Ngina qui poursuit : « Les eaux de ruissellement de ces habitations ont créé un lit sur la piste d’atterrissage où l’on retrouve actuellement sable et déchets ».

Puis : «L’érosion est si proche qu’elle va sous peu couper la piste en deux et rendre celle-ci impraticable».

« Les terrains ont été vendus par des chefs coutumiers en lien avec un ancien maire de la ville», poursuit le commandant.

« Difficile pour les avions de manœuvrer pour l’atterrissage ou le décollage. La navigation est devenue très difficile, la présence de ces habitations perturbe la propagation des ondes électromagnétiques. Une situation à la base des nombreuses plaintes des pilotes», ajoute l’homme.

L’autre problème est que la piste sert désormais de point de passage permanent, en plusieurs endroits, pour les habitants proches. Des voies de circulation ont été ouvertes.

« Les habitations sont devenues proches de la piste et les enfants des spoliateurs, quand il y a un avion qui atterrit, ont tendance à s’approcher de la piste et c’est très dangereux pour la navigation aérienne. Il y a un vrai risque d’accident».

« La meilleure solution c’est de faire déguerpir tout ce monde qui a occupé le terrain de la RVA. C’est pour la sécurité des personnes et aussi celle sécurité de la navigation aérienne», explique-t-il. Il faut dire que ce site ressemble à tout sauf à un aéroport.

 

UN IMPORTANT CENTRE DE NÉGOCE EN DISPARITION.

Le plan cadastral du site aéroportuaire de Kikwit date de 1953. Il couvrait initialement 1.200 m de largeur et 3.800 m de longueur. Aujourd’hui, le domaine foncier ne compte que 800 m de largeur et 3.400 m de longueur suite à cette spoliation.

Comme sur les sites qu’il a déjà visités, à Kikwit, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba a promis au personnel de la RVA Kikwit qu’il va prendre l’initiative de se référer au Gouvernement et, pourquoi pas, au Président de la République, Chef de l’État, afin que «ce qui revient à la RVA-SA lui soit restitué et que les spoliateurs soient évacués».

Cet important centre de négoce de l’Espace Grand Bandundu, ville-étape sur la nationale 1, qui débute à Moanda, à l’embouchure du fleuve Congo, dans le Kongo Central, jusqu’à Kasumbalesa, territoire de Sakania, à la frontière zambienne, dans le Katanga, perd un peu chaque jour de sa superbe. Avec un peu moins de 1 million d’habitants, la ville basse, dans la commune de Lukolela, avec son côté urbain, ses petits immeubles et ses maisons en dur, n’est plus vraiment ouverte à la circulation après une érosion qui a coupé la nationale n°1, à l’entrée de la ville.

Mais le manioc, la banane, le maïs, l’ananas, l’arachide, l’huile de palme de cette grande zone agricole continuent de faire la fortune des gros transporteurs locaux, des Kinois mais aussi des Kasaïens, appelés ici «les rois du coin».

Plus que jamais, une prise de conscience s’impose. Lors d’une communication au Conseil d’Administration de la RVA ouvert le 22 septembre, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba a sensibilisé l’instance d’administration de la RVA à un effort d’anticipation et d’adaptation en soulignant le contexte politique que vit désormais le pays. «Nous sommes tous des politiques. Notre pays est face aux échéances électorales de décembre 2023. Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État a clairement confirmé dans son discours prononcé le mercredi 20 septembre 2023 du haut de tribune de la 58ème Assemblée Générale de l’ONU à New York que les élections démocratiques, libres, transparentes et apaisées auront lieu en décembre 2023. Le processus électoral est en train de s’acheminer inexorablement vers les étapes décisives. De ce fait, nous constatons que le Gouvernement se mobilise pour donner les moyens à la CÉNI et assurer la sécurité ; le parlement ajuste les calendriers des travaux de la dernière session de cette législative ; les partis politiques et regroupements se mettent en ordre de bataille. Bref, tout le monde est dans l’effervescence y compris les services publics et les sociétés du Portefeuille de l’État concernés. C’est dans ce cadre que se situe l’implication indéniable de la RVA-SA. En tant que gestionnaire des aéroports et de l’espace aérien, la RVA-SA doit s’adapter au contexte lié à l’organisation des élections. Point n’est besoin de relever que lors de la période de la campagne électorale et celle du scrutin proprement dit, il y aura des mouvements considérables des personnes et des biens qui vont s’effectuer sur nos aéroports outre des aéronefs affrétés et autres jets privés qui arrivent dans l’espace aérien congolais. La tâche de la RVA-SA sera partout et sa responsabilité plus grande encore. Je tiens à sensibiliser le Conseil en guise d’anticipation et d’adaptation. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Que faire ? C’est la question que je remets à votre réflexion et à laquelle le Conseil doit accorder le bénéfice de l’urgence. Nous sommes appelés à nous engager dès maintenant si nous voulons contribuer à la réussite du processus électoral et à la stabilité des institutions actuelles et futures. Plus que jamais, il nous faut aménager et rentabiliser les aéroports secondaires et autres aérodromes en vue de contribuer au désenclavement de l’arrière-pays par la voie aérienne ».

ALUNGA MBUWA.

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