Quand Brussels Airlines inflige un traitement criminel à ses 230 passagers du Congo

Quand Brussels Airlines inflige un traitement criminel à ses 230 passagers du Congo

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1594|MARdi 26 SEPTEMBRE 2023.

Qu’un vol soit annulé ou retardé, rien de plus courant. Que l’avion soit cloué au sol pendant trois jours, voilà qui est inhabituel lorsqu’il s’agit d’une compagnie aérienne internationale, mieux ? occidentale, européenne.

Le vol SN 358 de la compagnie belge Brussels Airlines de vendredi 15 septembre 2023 opéré par un Airbus A330-300 prévu pour décoller de Kinshasa N’Djili à 20:20′ pour atterrir à Bruxelles Zaventem le lendemain 16 septembre à 06:35′, n’a effectué la liaison que trois jours plus tard, soit le lundi 18 septembre à 08:00′ du matin!

Qu’est-ce qu’il s’est passé? La compagnie belge est restée muette. Si des médias à l’étranger ont parlé d’avarie sur l’un des deux moteurs, à l’aéroport de Kinshasa, ni communication ni, pis que ça, prise en charge digne de ses 230 passagers.

Quand on sait que certains de ces passagers avaient dû débourser jusqu’à 7.000 $US voire plus pour se trouver un siège sur ce vol, que de questions à se poser au regard du traitement que la compagnie leur a infligé.

 

DES PASSAGERS SUR DES BANCS DE BOIS.

Vendredi 15 septembre 2023, ils seront restés dans l’Airbus immatriculé 00-SFF stationné sur le tarmac de 20:20′ à 23:00′ avant d’être priés de quitter l’avion pour attendre dans l’aérogare jusqu’aux petites heures, puis d’être embarqués à bord des véhicules jaunes baptisés «esprits de mort» trouvés sur le parking à l’extérieur, puis, assis sur des bancs de bois, de prendre la direction de la cité sans qu’aucun passager ne sache vers où il se rendait.

Ayant atteint miraculeusement la ville, les véhicules brinquebalant et qui démarraient quand le chauffeur pouvait réussir à tripoter deux fils de fer, s’arrêtent devant un hôtel Léon Hôtel au centre-ville, inconnu du grand public. Soupçonnant un piège, les passagers opposent un refus catégorique. Ils ne descendront pas de ces véhicules.

« Autant encore rester à bord et que la mort vienne me chercher plutôt que d’aller la chercher là où elle se cache », murmure un homme, regard porté entre ses jambes. Il est samedi 16 septembre et bientôt, le jour se lève.

Puis, un homme sorti de nulle part dans la nuit demande son passeport à chacun de ces hommes et ces femmes avant de dire aux chauffeurs de reprendre le chemin.

Vers où ? Surprise !

Les véhicules s’arrêtent, un quart d’heure plus tard, devant le tout nouvel établissement hôtelier ouvert il y a à peine un mois, le Hilton Kinshasa.

Rien à dire : il y a ici une chambre et un lit convenables pour certains privilégiés. Sauf qu’aucun ne trouvera de quoi mettre sous la dent. Personne n’y aura droit à un repas. Ni cette nuit à l’arrivée, ni le lendemain au départ.

L’accord trouvé par miracle avec un hôtel non encore plein est explicite. Ceux qui auront faim devront retourner voir au Léon Hôtel.

Nul ne sait qui s’y est rendu mais au moins tous se retrouveront le soir pour une seconde fois à l’aéroport, dans l’espoir que l’Airbus 330-300 était parvenu à régler ses problèmes et que le vol finirait ce soir-là par avoir lieu.

Hélas ! Comme la nuit dernière, bis repetita. Aucune communication. Et, incroyablement, les 230 passagers doivent reprendre le chemin retour vers la ville, aux mêmes heures…  Mais pas avant que certains s’en soient pris au personnel au sol.

« Ils nous prennent comme des chiens », tonne une passagère remontée.

À 03:00’, les plus chanceux retrouvent une chambre au Hilton, les plus nombreux sont appelés à comprendre la situation en se trouvant une chambre là où ils peuvent dans l’espoir que la troisième tentative le lendemain sera la bonne…

 

CONDUITE CLAIREMENT CRIMINELLE.

Comment la compagnie belge Brussels Airlines explique-t-elle un tel traitement infligé à ses passagers du Congo, elle dont la desserte de Kinshasa (FIH) est la plus rentable au point de lui consacrer un vol régulier journalier au départ de Bruxelles ?

À Kinshasa, la compagnie aérienne belge ne dispose ni d’une infrastructure hôtelière, ni de deux ou trois autobus pouvant transporter son personnel et, le cas échéant, ses passagers. Face à une telle situation, que faire ? Les passagers connaissant-ils leurs droits ? Disposent-ils de l’information requise ?

Il est vrai que l’État congolais a sa part dans cette situation. C’est son devoir de s’y pencher en empêchant une conduite aussi criminelle de ces entreprises qui s’installent dans le pays. Il y va de son image et de l’image du pays. Même si à l’international, il existe d’autres dispositions.

« En aérien, la sécurité des passagers et du personnel prime sur toute autre considération. Par contre, la prise en charge des passagers et le remboursement obligatoire du titre de transport défaillant après six heures de retard sont strictement d’application pour tout vol au départ et à destination de l’Union Européenne. Les passagers de ce vol seront à coup sûr intégralement remboursés et indemnisés. Il n’y a pas match : c’est réglementé et effectif en Europe», explique un spécialiste des voyages. « La réclamation doit être portée sur le territoire de l’Union Européenne. Des cabinets spécialisés contacteront les passagers lésés et leur proposeront l’assistance juridique qui sera supportée par la compagnie aérienne défaillante. Ce mécanisme est relativement bien rodé et ne rencontre aucune exception. C’est une directive européenne qui s’applique sans discussion. Je l’ai expérimenté à quelques reprises, à mon plus grand étonnement », poursuit l’homme.

Il fait état de l’entreprise allemande HOTAC (email info@hotacgroup.com ; phone +496192 977 1568 ; office FrankfurtRheinMain AM Holzweg 26) qui écrit sur son site fournir «au niveau mondial des nuitées d’hôtellerie pour les équipages des compagnies aériennes » ; qui «est à la fois le prestataire de services et le partenaire des compagnies aériennes et d’hôtels » ; qui dispose d’un « réseau exclusif étendu dans plus de 100 pays ». Qui est aussi spécialisée dans «la gestion des réclamations».

« Nous assistons les compagnies aériennes 24 heures sur 24 et 365 jours par an en cas de perturbation des vols (annulations de vols, refus d’embarquement, retards, etc.), en mettant à leur disposition des capacités d’hôtellerie et de transport. Nous assurons le bon déroulement des opérations entre compagnies aériennes, agents de service d’escale, hôtels et entreprises de transport. Lorsqu’une situation d’urgence se produit, nous assistons la cellule de crise et assurons des capacités d’hôtellerie, de transport et de restauration suffisantes pour les membres, l’équipe d’assistance spéciale, les secouristes ainsi que l’organisation de post-urgence. Notre niveau élevé de flexibilité nous permet d’être opérationnels en très peu de temps. Nous soutenons ou assurons la coordination de la communication interne et externe entre la compagnie aérienne, les hôtels et les entreprises de transport. Nos collaborateurs sont opérationnels sur le terrain en 48 heures maximum».

Bonne chance aux Congolais ainsi maltraités par la compagnie belge…

ALUNGA MBUWA.

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