L’histoire racontée de Pascal Tabu Ley né Isin-a-Moe Tambu Pascal Emmanuel

L’histoire racontée de Pascal Tabu Ley né Isin-a-Moe Tambu Pascal Emmanuel

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1599|mardi 2 janvier 2024.

Il s’appelait Isin-a-Moe Tambu Pascal Emmanuel. Le «Roi» de la rumba congolaise, l’immense artiste compositeur Pascal Tabu Ley, alias Rochereau, alias Seigneur Ley, alias Monument Vivant, etc., fut l’enfant unique de ses parents. Il aurait eu une centaine d’enfants avec plusieurs épouses. L’incroyable histoire de l’auteur-compositeur le plus prolifique de la musique congolaise, le chanteur de charme le plus adulé des musiciens congolais de la IIIème et de la IVème génération, le premier à introduire le show dans la musique congolaise et le premier musicien congolais et africain à jouer dans la salle mythique de l’Olympia de Paris, en France, et dans la plus grande salle de spectacles du monde, Carnegie Hall de New York, aux États-Unis d’Amérique.

 

Où et dans quelles circonstances est né Tabu Ley, l’auteur-compositeur le plus prolifique de la musique congolaise, le chanteur de charme le plus adulé des musiciens congolais de la IIIème et de la IVème génération, le premier à introduire le show dans la musique congolaise et le premier musicien congolais et africain à jouer dans la salle mythique de l’Olympia de Paris, en France, et dans la plus grande salle de spectacles du monde, Carnegie Hall de New York , aux États-Unis d’Amérique ? Voici racontées, pour la première fois, les péripéties de la merveilleuse histoire de la naissance de ce monstre de la musique congolaise, africaine et mondiale éteint le samedi 30 novembre 2013 au matin à l’hôpital Saint-Luc de Bruxelles, victime d’un AVC en 2008 dont il ne s’en était jamais remis.

Il est est incontestablement, l’un des plus grands, des plus prestigieux et des plus illustres des artistes-musiciens congolais et africains. La grossesse qui porte cette future star est conçue à Léopoldville, la capitale du Congo-Belge, l’actuelle ville de Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo et de la musique congolaise et africaine. Mais, cette future icône de la musique est née à Bagata, alors une bourgade du district du Kwilu, située dans l’ancienne province de Léopoldville. Qu’est-ce à dire ?

 

SIX ANS D’ANXIÉTÉ.

Les parents de Tabu Ley, papa Tambu et mama Collette, se marient, vers 1934, dans leur village de Mampo. Ce village se trouve dans le secteur de Kwilu-Ntober, territoire de Bagata, dans l’actuelle province du Kwilu. Quelque temps après, papa Tambu immigre à Léopoldville. Il y trouve du travail salarié dans une entreprise. Ainsi, il s’y installe et y fait venir son épouse. Ils passent un, deux, trois, quatre, cinq ans ensemble sans avoir fait d’enfant. Là, ils entament une sixième année d’anxiété. En effet, Mama Collette connaît et subit plusieurs fausses couches durant cette période. Le couple s’en inquiète. Mais, il ne comprend rien à cette situation qui les tourmente jours et nuits.

En 1940, Mama Collette est à nouveau enceinte. Papa Tambu, est simultanément content et très anxieux. Car, il ne sait pas ce qui va encore leur arriver. Il fait part de cette situation à son beau-frère, le frère-aîné de son épouse, qui vit et travaille, lui, à Bagata. Celui-ci, soucieux d’avoir des neveux et des nièces pour la croissance de son clan, supplie son beau-frère de lui envoyer sa sœur à Bagata. Il tient, en effet, à suivre lui-même, de très près et d’une manière régulière et méticuleuse, l’évolution de cette énième grossesse de sa sœur jusqu’à son terme. Papa Tambu donne son accord. Il permet à sa femme d’aller passer quelques mois chez son frère à Bagata.

Mama Collette, alors enceinte de trois mois, quitte Léopoldville, par bateau, pour Bagata. Où son frère, sa belle-sœur et leurs enfants la reçoivent à bras ouverts et prennent attentivement soin d’elle. Quelques six mois plus tard, et plus précisément le 14 novembre 1940, elle accouche, incroyable, mais vrai, sans aucun incident, d’un garçon ! Son bébé et elle-même se portent merveilleusement bien. Les deux clans du bébé, paternel et maternel, et les amis de la famille jubilent. « Mama Collette n’a jamais eu d’enfant depuis six ans qu’elle s’est mariée. Aujourd’hui, elle en a un dans ses bras », crie et chante, très joyeuse, sa belle-sœur. Le petit garçon reçoit, à sa naissance, le nom ou le surnom très significatif d’Isin-A-Moe en langue Yanzi, la langue maternelle de ses parents. Ce nom ou ce sobriquet veut dire «origine ou source de la vie». Car, il a fallu que sa mère, Mama Collette, rentre d’abord auprès de ses ancêtres se ressourcer et se faire bénir avant d’avoir ce premier enfant tant attendu. Les prêtres catholiques, qui vivent l’évènement, donnent à l’enfant le nom de Tambu, celui de son père biologique, qui sera déformé à l’école et deviendra Tabu. Ils le baptisent et le prénomment Pascal Emmanuel.

 

RETOUR À LÉO.

Bénis par les prêtres et les ancêtres, Mama Collette et son fils reprennent, trois mois après sa naissance, et ce encore par bateau, le chemin de Léopoldville. En vue d’y rejoindre respectivement mari et papa. Arrivés au port de l’Otraco (SCTP, Société Commerciale des Transports et des Ports, ONATRA, Office National des Transports avant 2011) à Léopoldville, ils sortent du bateau. Papa Tambu, qui les attendait impatiemment, les voyant, se précipite vers eux, embrasse son épouse et lui arrache le bébé. Il le dévisage pendant près de cinq minutes. Il pousse un profond soupir, en signe de satisfaction. Les yeux rivés vers le ciel, il prie en ces termes : « Seigneur Dieu, tu fais de moi aujourd’hui, après six ans d’anxiété, père pour la première fois de ma vie. Je t’en suis très reconnaissant et je t’en remercie infiniment. Je te prie, enfin, de bénir abondamment cet enfant et de faire de lui une personne importante sur cette terre des hommes ».

Il ne remet pas l’enfant à sa mère. Il ne le lâche pas depuis leur arrivée. Il le colle à sa poitrine. Il le redresse de temps en temps et le soulève vers le ciel, en murmurant les noms de ses différents aïeux, maternels et paternels. Et ce, du port de l’Otraco à la maison, dans la commune africaine de Kinshasa. Arrivés ici, il sort les habits qu’il avait déjà achetés pour son fils. Il l’habille lui-même. Il crie, à tue-tête, de joie : « Chers papa, mamans et enfants de la parcelle, voici votre fils ou votre frère. Nous l’attendions depuis longtemps. Aujourd’hui,

Dieu a exaucé nos prières. Je deviens un papa digne de ce nom. J’ai maintenant un enfant, un garçon. Je remercie infiniment Dieu ainsi que vous tous, mes frères et sœurs ». Il disparaît un moment. Il réapparaît accompagné de deux jeunes gens munis de quelques casiers de boissons et des mets qu’il avait fait préparer par une maman de son village qui habite dans les environs. Il convie tous les habitants de la parcelle et quelques voisins à une petite réception en l’honneur de son fils et de son épouse. Ils boivent, mangent, chantent, dansent, etc.

 

ENFANT UNIQUE.

Malheureusement pour Papa Tambu et Mama Collette, ils n’auront plus jamais d’enfants après Isin-a-Moe Tambu Pascal Emmanuel. Celui-ci est le premier et le dernier enfant qu’ils ont eu dans leur vie. L’illustre Pascal Tabu Ley, alias Rochereau, alias Seigneur Ley, alias Monument vivant, alias…, etc., est donc l’enfant unique de ses parents.

D’où, en grandissant seul avec ses parents, sans grand-frère ou petit-frère biologique et sans grande-sœur ou petite-sœur biologique, Isin-a-Moe envisage de fonder, lui-même, quand il sera adulte et marié, une très grande famille. En faisant, lui-même, beaucoup d’enfants. Afin de s’entourer de ses enfants, de ses petits-enfants et, si Dieu le veut, de ses arrière-petits-enfants, durant sa vie terrestre.

Selon ce qu’il m’a lui-même confié en 2001, dans sa résidence de Limete, Tabu Ley a sorti de ses propres entrailles beaucoup d’enfants, garçons et filles : dix avec Georgette Mowana, alias «Tété», la femme de sa jeunesse, sa très chère première épouse et sa principale muse (dont Blackson Matthieu, Mireille-Esther, Colette, Gisèle et Isabelle) ; six avec Mama Mundi, sa seconde épouse ; un avec une Sénégalaise ; un avec une Congolaise de Brazzaville ; un avec une Rwandaise ; un avec une Kényane ; un avec Mbilia Bel, la voix d’or et la danseuse de tonnerre qui l’accompagne sur toutes les scènes pendant huit ans et, enfin, deux avec sa dernière femme, la belle Yanzi qu’il épouse après le décès de Mama Tété.

Il vécut un amour idyllique avec la Miss Zaïre 1969 Jeanne Mokomo, avec qui il a six autres enfants: Carine, Laty, Bob, Abel, Pegguy et Flore. Il aurait eu 120 d’après Papy Mboma. Il est le grand-père de la rappeuse Shay. Son fils Youssoupha parle de 86 enfants (en plaisant) dans un article du Parisien. «Ça fait partie du folklore de la grande star africaine qui a beaucoup d’amour et qui en donne beaucoup», explique-t-il. Ainsi, le père et son fils se retrouvent dans l’album Noir D**** de Youssoupha pour le titre Les Disques de mon père. Ils chantent en duo le 7 mai 2012 à l’Olympia.

Ainsi racontées, pour la première fois, les péripéties de la merveilleuse histoire de la naissance de Tabu Ley, de sa solitude en tant qu’enfant unique de ses parents et de l’immense joie qu’il éprouve dans la très grande famille qu’il a lui-même fondée en faisant vingt-trois enfants. Voilà, enfin, dévoilée l’origine de l’immense, éclatante et fructueuse carrière musicale qu’il a menée et connue sur cette terre des hommes. Dieu, ses ancêtres et ses parents, l’ayant abondamment béni à sa naissance, l’avaient prédestiné à un avenir sublime. Il a vécu cette réalité incontestée et incontestable de 1959, l’année qui marque le début de sa carrière professionnelle, jusqu’en 2013, l’année de sa mort. Soit 54 ans de vie grandiose.

MUSENE SANTINI BE-LASAYON. 

 

Ulrich Valaki

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