Seule la force fait face à la force
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1603|LUNDi 19 FÉVRIER 2024.
Mettre en place une task force d’intelligence (de stratégie) avec l’objectif de monter l’armée en puissance afin qu’elle dispose de la capacité de semer la terreur sur l’autre afin de le dissuader de ne jamais oser.
Que notre Congo soit si humilié depuis des décennies par certains de ses voisins relève de l’inacceptable pour un pays doté d’autant de moyens dont deux sont fondamentaux : la démographie et la richesse du sous-sol.
Il arrive qu’on entende dans le monde que le Congo est le pays le plus riche de la terre au point de vue de son potentiel économique.
De quoi le Congo est-il naturellement doté ?
Quelques-unes de ses ressources exceptionnelles : 80 millions d’hectares de terres arables, le cuivre, l’or, l’étain, le coltan, le cobalt, le lithium, l’uranium.
À cela, s’ajoute un potentiel hydroélectrique énorme, une biodiversité avec la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, une population qui dépasse les 102 millions d’habitants.
Qu’est-ce que les Congolais font ou ont fait à ce jour de ces richesses ? Rien hormis une exposition ou une disposition à l’exploitation par des passe-droits des multinationales étrangères que sont les pays voisins.
Qui ne sait que quand une telle situation arrive, cela n’est rien d’autre que signe de mauvaise gouvernance, de mauvaise compréhension ou de mauvaise hiérarchisation des priorités !
Quand le Congo aux immenses ressources naturelles est relégué au pied de l’échelle, comment des pays aux terres arides ou sèches (Corée, Dubaï, Kenya, etc.) ont su inspirer et inspirent respect ? Réponse : le savoir, la connaissance, en clair, l’école ou la formation. Question : pourquoi notre pays n’en est-il pas là ?
LA PRISE DE CONSCIENCE.
Si on s’en prend à notre Histoire, on n’aurait pas tort.
Au Congo, la colonisation n’a pas été des plus exemplaires. Quelle colonisation est citée comme ayant été exemplaire?
L’existence réside dans la conscience, la prise de conscience. La prise de conscience de ce que l’on est ; la prise de conscience de ce que l’on doit être ; la prise de conscience de ce que l’on doit faire pour être.
Tout, dans la vie, est force ; seule la force fait face à la force. Cela a été vrai hier ; cela est vrai aujourd’hui ; cela le sera vrai demain et certainement toujours…
Entre individus ou entre États, c’est là la seule et unique façon d’établir un pôle de stabilité qui passe par l’équilibre des forces, une situation qui inspire respect pour tous.
Que le Congo se jette dans la prière, qu’il organise des manifestations contre certains de ses voisins, qu’il désigne des acteurs étrangers dans la guerre à laquelle il fait face dans sa partie Est comme, de plus en plus, à l’Ouest avec l’incroyable phénomène de miliciens Mobondo qui ravagent l’espace Grand Bandundu, qui lui en fera le reproche ?
Mais, en l’espèce, la réponse adéquate consiste-t-elle à désigner ses agresseurs ou à apporter la réponse attendue, la réponse robuste ?
Prenons le tout récent cas, toujours en cours : celui d’Israël quand le mouvement palestinien, le Hamas, lance comme jamais une attaque contre l’État hébreu, sur le sol juif, et inflige à l’État hébreu un bilan humain sans précédent : 1.200 Israéliens tués dans la rue ou dans leurs maisons, 260 otages enlevés.
Ce fut au petit matin du samedi 7 octobre 2023 lorsque l’opération armée « Dé-luge d’Al-Aqsa » est déclenchée par le Hamas en réponse, dit ce groupe militaire palestinien, « aux attaques continues des forces israéliennes et des colons juifs contre le peuple palestinien, ses biens et ses lieux de culte, et plus particulièrement contre la mosquée Al-Aqsa dans Jérusalem-Est occupée ».
La réponse de l’État hébreux a été en retour de lancer l’opération « Épées de fer ».
Les premiers mots du Premier ministre Benyamin Nétanyahou prononcés le mercredi 11 octobre, face à la Knesset (le Parlement israélien), à l’annonce de cette opération, sont les suivants : « Israël est en guerre (…). C’est vraiment une guerre pour notre chez-nous (…). Le 7 octobre restera un jour noir dans l’histoire des peuples et le jour le plus horrible pour le peuple juif depuis l’Holocauste nazi (…). Cette guerre doit se terminer par une seule chose, une victoire totale en écrasant et éliminant le Hamas (…) Le Hamas est Daech, et le monde qui a été choqué par Daech et Al-Qaïda après les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis, doit le condamner et lui imposer des sanctions ».
Puis le go de la Knesset pour le nouveau gouvernement d’urgence mis en place pour mener la guerre d’effacement du Hamas.
Depuis, frappes intensives contre Gaza habité par plus de deux millions de Palestiniens, troupes au sol et dans des tunnels. Bilan, côté palestinien : 28.000 morts à ce jour, des quartiers entiers réduits en ruines.
Quelle puissance planétaire a condamné Israël ? Au contraire, tous les dirigeants du monde ont estimé qu’Israël était dans son plein droit d’assurer la sécurité d’Israël par l’opération menée par Tsahal.
Si, aujourd’hui, face à l’offensive israélienne et la perspective d’une marée humaine, certains dirigeants comme le Français Emmanuel Macron en viennent à hausser le ton contre Nétanyahou ou insistent (le cas de l’Espagne et de l’Irlande) sur le «respect» des droits de l’homme, d’autres, (l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande) sont à «implorer » Israël à «ne pas s’engager » plus loin. Les dirigeants de ces trois pays membres du Commonwealth craignent « une opération militaire sur Rafah (dans le sud de la bande de Gaza, ndlr, qui) serait catastrophique » au vu des « 1,5 million environ de Palestiniens réfugiés dans la zone » qui n’ont aucun autre endroit où aller.
Les Gouvernements espagnol et irlandais, « devant la situation critique à Rafah », adressent une correspondance à la Commission Européenne pour lui demander d’examiner « de manière urgente si Israël remplit ses engagements de respecter les droits humains à Gaza », écrit le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, dans un texte sur le réseau social X (Twitter).
Israël serait-il allé si loin, aurait-il fait autant de morts à Gaza si l’État hébreux n’avait disposé d’une force militaire, n’avait bénéficié d’un aussi énorme soutien militaire de son allié, la plus grande puissance du monde, les États-Unis d’Amérique, et si sa diplomatie n’avait été si forte ?
Ce qui se passe à Gaza ressemble comme deux gouttes d’eau à ce qui se passe en Ukraine. La Russie, qui sent la menace à ses frontières avec l’avancée des forces de l’OTAN, l’Alliance militaire Outre-Atlantique, se serait-elle permise d’envahir l’Ukraine si elle n’était pas une puissance militaire en mesure d’inspirer le respect ? Dans la vie, seule la force fait face à la force ! Face à la force, il n’existe aucune autre alternative : répondre ou se soumettre.
Face aux relations qui se détériorent jour après jour avec deux de ses voisins, Paul Kagame a, le 23 janvier, depuis Kigali, proféré des menaces : « Le Rwanda est un pays sûr et le restera. Quand il s’agit de défendre ce pays, qui a souffert pendant si longtemps sans personne pour l’aider, je n’ai besoin de la permission de personne pour faire ce qu’il faut pour nous protéger. Je n’ai pas répondu aux insultes qui viennent du Sud (Burundi, ndlr), de l’Ouest (RDC, ndlr). Celles-ci ne tuent pas. Donc, je ne peux pas (ré-pondre). Ce n’est pas notre genre. Mais ils apprendront avec le temps. Ils apprendront qu’ils ont fait une grosse erreur ».
Un autre verbatim attribué au président rwandais : « Je suis sûr et certain que certaines personnes s’amusent avec le feu alors qu’elles n’ont jamais été brûlées. Je le dis haut et fort que si par malheur les combats entre les groupes armées à l’Est de la RDC et l’armée congolaise dé-bordent jusqu’à violer la frontière rwandaise, le monde entier va blâmer le Rwanda pour ce que mon armée va faire contre la RDC. Kinshasa ne sera pas épargnée et, en moins d’une semaine, je le répète, en moins d’une semaine, l’armée rwandaise détruira toutes les grandes villes de la RDC et le monde va nous blâmer ».
Le Président rwandais aurait tenu ce discours sur la BBC.
Le 3 février, l’ACP, l’Agence Congolaise de Presse, a qualifié ce texte de fakenews. «Il n’existe aucune trace d’une interview de ce genre sur les différents canaux de communication officiels de la BBC, ni sur ceux de Paul Ka-ame. En outre, ladite interview est dénuée et ce, à dessein, d’éléments référentiels (lieu, date, acteurs, contexte, etc.) qui auraient concouru à sa mise en branle», écrit sans détours l’agence officielle.
Reste que la multiplication de ces textes face à la situation que vit le Kivu appelle une prise de conscience des dirigeants congolais. Seule la force fait face à la force.
Il est grand temps que le pays mette en place une stratégie de puissance qui seule passe par la puissance militaire et qu’il investisse dans la force et en prenne le temps.
Il n’est pas acceptable en aucune façon que le Congo ait recours à des forces étrangères pour défendre son territoire.
Soyons-en convaincus : ce ne sont pas les moyens qui manquent à ce pays. Il suffit de mettre en place une task force d’intelligence (de stratégie) avec l’objectif de monter l’armée en puissance afin qu’elle dispose de la capacité de semer la terreur sur l’autre afin de le dissuader de ne jamais oser.
KKMTRY.