Augustin Kabuya au cœur du débat sur la Constitution
C’est le Secrétaire Général de l’UDPS, Augustin Kabuya Tshilumba Mwana Bute qui avait, le premier, lancé le débat. Le débat de la révision (ou du changement) de la Constitution. Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo lui a donné raison. Lors de son discours à Kisangani, première sortie dans l’arrière-pays depuis sa réélection (plus de 73% des voix), le Président de la République a confirmé les déclarations du Secrétaire général du parti présidentiel.
«Notre Constitution a été rédigée à l’étranger et par des étrangers. Il faut au pays une nouvelle Constitution adaptée aux réalités du pays. Nous devons savoir que notre Constitution a des faiblesses et elle n’est pas adaptée aux réalités du pays. Notre Constitution doit être élaborée sur la base de nos habitudes, en tant que peuple congolais», a déclaré le président de la République mercredi 23 octobre 2024 lors de son meeting à la Place de la Poste, à Kisanagnai, ajoutant : «notre constitution doit être élaborée sur la base de nos habitudes, en tant que peuple congolais ».
Il a poursuivi qu’il désignera l’année prochaine une commission nationale chargée d’élaborer une nouvelle constitution adaptée aux réalités congolaises et « qui ne va plus handicaper le fonctionnement du pays».
Il n’en fallait pas plus pour que des opposants, Moïse Katumbi Chapwe et Martin Fayulu Madidi haussent le ton. Suivis par l’Église Catholique via l’ex-abbé Donatien Nshole pour qui « la CÉNCO (la Conférence Épiscopale nationale du Congo, ndlr) dit non au changement ou à la révision de la Constitution », ajoutant que « les prélats catholiques appellent à une mobilisation générale pour décourager ce projet qu’ils qualifient de dangereux pour le pays.
Lors d’une matinée politique le 25 octobre 2024 au siège de l’UDPS, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, Augustin Kabuya Tshilumba Mwana Bute est revenu sur son annonce. Il a affirmé que le Chef de l’État n’avait pas réalisé tout ce qu’il avait promis à la population lors de son premier mandat suite à l’actuelle Constitution qui le bloque. Ce qui est plus grave c’est quoi? La personne qui est censée protéger la Constitution est le Président de la République. Il vous dit qu’il y a des couacs, vous allez faire des débats pourquoi ? Le Chef de l’État a expérimenté son pouvoir avec la Constitution durant son premier mandat. Tout ce qu’il avait promis à la population, il a réalisé certaines promesses mais d’autres, la Constitution l’ayant e bloque », a-t-il déclaré.
LA RÉACTION DE LA PORTE-PAROLE.
Puis d’affirmer qu’il ne faut pas être pasteur pour savoir que la Bible est divisée en deux : Le nouveau et l’ancien testaments. « Je peux vous dire que toute personne née avec de l’intelligence vous dira que notre Constitution n’est pas bonne. Est-ce que pour connaître que la Bible a deux parties, l’ancien testament et le nouveau testament, il faut faire la théologie ? Est-ce qu’il faut être pasteur pour connaître ces choses ? Je vois des gens dans l’orgueil dire que Kabuya veut parler de tout, non», a-t-il rétorqué.
Plus tard, Kabuya a précisé :« C’est nous qui sommes la première force dans ce pays, vous m’écoutez ? Il n’y a personne qui peut nous intimider. Et je vous dis que le message du Chef de l’État lorsqu’il a parlé d’une opposition ya nzala (une opposition affamée) c’est une expression ou un langage qu’il a utilisé comme nous tous nous disons par exemple que je n’ai pas de munitions à perdre sur des corbillards. Est-ce que les hommes sont des corbillards ? Est-ce que moi j’ai les armes? Qu’ils ne dénaturent pas les propos du chef de l’État parce que par son éducation, il ne peut pas insulter les gens. Nous qui sommes ses proches, nous savons très bien comment il se comporte ». Il faut dire que la porte-parole du Président de la République Tina Salama, a déclaré que le Président signera prochainement une ordonnance qui définira les missions, l’objet et l’ampleur de cette révision constitutionnelle, ainsi que la composition de la commission, qui planchera en 2025 sur le projet.
Peut-on envisager un référendum pour changer cette constitution ? Oui, a répondu Tina Salama. Mais pour l’instant, rien n’est encore arrêté et l’idée reste ouverte à de nombreuses options.
Pour l’ancien ministre de la Santé, Eteni Longondo, « le texte actuel ne garantit pas la souveraineté du pays, quant à la question du troisième mandat, ce sera au peuple de trancher». « La Constitution était écrite dans une période de guerre, pendant que la nation congolaise était plus ou moins faible et qu’il fallait qu’elle accepte certaines choses au détriment de Congolais. Alors maintenant, nous pensons que nous sommes devenus forts et nous devons écrire une constitution qui donne aux Congolais la souveraineté de sa terre. Si le peuple congolais nous demande d’ajouter des années dans un mandat, par exemple de 5 à 7 ou de 5 à 9, là, c’est le peuple congolais. Mais pour le moment, nous n’en discutons pas », a-t-il déclaré sur Rfi.