Qui donc sait ce qui pourrait survenir?
Il avait été complet dans tous ses discours en lien avec la crise politique qui sévit présentement dans le pays avec l’arrêt des Conseils des ministres. Il a été court quand il l’a fallu, long quand il l’a fallu. On ne dira pas qu’il a été aussi complet que possible. Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a clairement toujours été complet dans toutes ses récentes allocutions.
Prenons le cas des hypothèses de travail qu’il a déroulées sur la table des consultations dans l’un de ses discours, celui de l’annonce des tours de table du Palais de la Nation intervenu au lendemain de la crise du protocole lors de la cérémonie de prestation de serment des juges de la Haute Cour au Palais du peuple, siège du Parlement, une goutte d’eau qui fit déborder le vase FCC-CACH qui allait peu après faire naufrage.
On pourrait l’oublier. Jamais pourtant, le Chef de l’état n’avait rien exclu dans son offre…
De même, lorsqu’il fit l’annonce de la nomination d’un informateur, jamais, le Chef de l’état n’exclut rien… Jusqu’à envisager l’hypothèse de l’échec de cette mission et d’en brandir la conséquence : la dissolution. Signe que Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo n’avait jamais rien considéré comme un point à jamais acquis, un point de non retour. Est-ce une question de choix d’éléments de langage qu’on en vient aujourd’hui à perdre de vue toutes ces fenêtres laissées ouvertes par le Président de la République ?
En clair, qui sait, aujourd’hui, de quoi demain sera fait ? Dans la guerre de conquête du bureau de la Chambre basse et, du coup, de la prise de la Primature et donc du pouvoir réel, qui sait, aujourd’hui, en dépit des signes publics observés d’une tendance, quel ticket sortira des urnes dans les confrontations annoncées à l’hémicycle? Le vote n’est-il pas secret après que l’électeur eût opéré son choix qui n’est nullement impératif dans cet isoloir de dissimulation inventé en 1857 par l’Australie, exporté dans le monde, dont au Congo?
Vécu comme une catastrophe nucléaire.
Même si le Président de la République dispose sur sa table d’une short list des candidats pré-sélectionnés, rien n’est jamais acquis. Tout dépend et dépendra des rounds à engager et à gagner sans la moindre contestation et… du dernier d’entre eux, le plus décisif, à gagner sans la moindre contestation. Mais lequel, pourquoi et comment?
Quand on revoit l’arrivée en grande pompe à la Cité de l’UA du «Chairman» de Gemena Jean-Pierre Bemba Gombo et de l’ex-gouverneur multi-millionnaire du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe qui forment un couple clairement stratégique et indissociable afin de mieux se protéger et se défendre, des questions fusent.
Fallait-il que le Président de la République bien qu’accompagné du président a.i. de l’UDPS Jean-Marc Kabund A Kabund, reçoive ce couple dans ce format, le front dressé face à/contre lui, ou cela aurait été préférable qu’il les écoute chacun en colloque singulier?
Quand deux personnes ont pensé une stratégie, l’ont montée et l’ont fixée, qu’elles viennent à vous rencontrer brandissant à la main cette arme redoutable, celles-là sont à éviter dans une négociation dès lors qu’elles ont déjà pris une longueur d’avance.
Cette image formée par un multi-millionnaire qui n’a jamais rien caché de ses ambitions politiques d’accession au pouvoir suprême, qui, un jour, a nargué et a affaibli son mentor qui ne lui avait jamais rien refusé emportant avec lui des personnalités politiques de diverses provenances triées sur le volet alors qu’elles occupaient des positions clé dans l‘Exécutif et qu’il a, des années durant, miraculeusement fidélisées et continue de miraculeusement fidéliser chaque jour qui passe et celle d’un ex-chef militaire aguerri par des années de lutte armée puis d’enfermement et d’humiliation dans une cellule de la justice pénale internationale, fut vécue par des partenaires et des alliés de la première heure de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo comme une catastrophe nucléaire, que ces partenaires soient du CACH (P.A, UREC) ou issus des rangs des FCC, ceux-ci n’affichant pas que des Lucifer…
Mais le débat ne s’arrête pas là. Le divorce d’avec les FCC était-il si irrémédiable? Si oui, avec quels FCC? Un Kabila hier comme aujourd’hui et certainement aujourd’hui plus qu’hier, est-il toujours aussi maître de la jungle politique congolaise ? Ce Kabila qui a fait son temps, dont nul ne veut plus dans le pays et qui clairement ne réclame rien sauf sa sécurité et celle de ses proches, n’est-il pas aujourd’hui certainement plus qu’hier disposé à facilement lâcher prise que ceux qui ont encore ou croient encore disposer de toutes leurs cartes, de tous leurs réseaux, de tous leurs millions enfouis dans des paradis fiscaux, de toute leur aura, et trouvent le moyen d’en rajouter encore et encore pour se conforter le plus possible avant de donner l’assaut final et d’attaquer qui ils veulent, dévorer qui ils veulent, à commencer par celui qui leur serait le plus à leur portée de main? Que l’un et l’autre ait chacun jeté son dévolu sur une institution clé – le premier la Primature, c’est-à-dire l’Exécutif national, le second, le Parlement, là où tout se décide, notamment les lois – est éclairant. Quel Président accepterait une saillie aussi pire que celle des FCC ?
L’eau qui a aidé à laver le bébé ne peut servir à rien. Elle est à jeter sans y penser. Mais jeter le bébé avec l’eau du bain c’est ne pas se donner la peine de séparer le bon du mauvais. Le seul schéma qui tienne aujourd’hui est celui qui empêche de jeter le bébé avec l’eau du bain.
Qui ne sait comment cette présidence raillée, moquée par ceux-là qui l’investissent aujourd’hui fut obtenue ? Comment ne pas comprendre le parler-vrai de Kabund et, certainement, celui d’un autre parler-vrai, Mende?
Avant de se normaliser, la politique au Congo n’a-t-elle pas besoin de plus de clarté et de moins de calculs? Un couple dont un membre passe son temps à faire des calculs quand l’autre se drappe d’une épaisse couette, peut-il exister?
Il reste à souligner une phrase de l’informateur Modeste Bahati Lukwebo lâchée à sa conférence de presse. Celle qui vante la démocratie et la liberté qu’il convient de laisser à chacun des Citoyens quand viendra l’heure cruciale – à savoir 2023 -, d’opérer un choix souverain.