À Goma, le calme avant la tempête?

À Goma, le calme avant la tempête?

Le Président promet de se rendre à Bukavu aussitôt la situation maîtrisée.

Tshisekedi Tshilombo a déclaré samedi 29 mai que la situation humanitaire à Goma est «grave mais sous contrôle», sur base des informations qui lui ont été rapportées par la mission gouvernementale de retour de Goma.

Très affecté  par la crise humanitaire née de la catastrophe naturelle résultant de l’éruption du volcan de Nyirangongo, il a déclaré, lors de sa première prise de parole en public depuis son retour de la conférence de Paris, qu’il  reste déterminé à se rendre sur place mais à Bukavu – où sont entassés des centaines de  Gomatraciens en fuite – en compagnie  de son épouse Denise Nyakeru Tshisekedi en vue de se rendre compte de lui-même de la coordination  des actions humanitaires et apporter un réconfort à ses compatriotes sinistrés aussitôt que les aéroports de la région seront ouverts au trafic.

Le président de la République a dénoncé la campagne de manipulation et de règlement de compte tendant à faire croire que le gouvernement ne contrôle pas la situation. Il s’est engagé à améliorer la communication qui a posé quelques problèmes.

Ainsi, le ministre de la Communication et des Médias a lui-même annoncé que le deuxième volcan Nyamulagira était entré en éruption avant de rétropédaler en parlant plus tard d’un feu de bois. Avec des effets que l’on peut imaginer au sein des habitants…

Après le chaos de l’évacuation ordonnée jeudi 27 mai face au risque d’une nouvelle éruption du volcan Nyiragongo, la ville de Goma, retrouvait samedi un semblant de normalité, le gouvernement défendant sa gestion de la crise face aux critiques.

La situation est «grave» mais «sous contrôle», après l’éruption du volcan Nyiragongo et l’évacuation de plusieurs centaines de milliers d’habitants de la ville de Goma, a assuré samedi 29 mai le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

«La situation est certes grave, mais elle est contrôlée», a déclaré au cours d’une conférence de presse le président, qui a jugé qu’il «fallait absolument évacuer la ville», en référence à l’évacuation soudaine ordonnée jeudi alors «qu’on ne sait toujours pas ce qu’il peut se passer». «Il y a une coulée souterraine de lave qui peut surgir à tout moment n’importe où dans la ville», a-t-il rappelé, «déconseillant vivement de rentrer à Goma».

«NOUS AVONS LE CONTRÔLE DE LA SITUATION». 

«La lave n’est plus dans le cratère, mais le volcan reste actif, il faut donc rester méfiant et c’est pour ça que nous ne voulons pas précipiter les choses en faisant revenir les populations». «Nous avons le contrôle de la situation», a réaffirmé le président Tshisekedi. «Les déplacés sont partis suite à une situation inédite : l’éruption elle-même n’a été prévue par aucun observatoire au monde (…), personne n’a vu venir cela, ça arrive».

«La coulée de lave souterraine a ouvert la porte à plusieurs hypothèses, toutes mettaient en danger la vie de nos compatriotes de Goma, il fallait absolument qu’ils évacuent la ville», a-t-il encore justifié.

Et d’avancer : «je préfère avoir à prendre en charge des populations déplacées, plutôt qu’elles soient décimées par une catastrophe naturelle». «Nous avons un problème de déplacés, mais au moins sont-ils en vie, les faire revenir (dans les circonstances actuelles) serait très dangereux».

Ces déplacés, estimés à environ 400.000 par le gouvernement, «ont fui dans plusieurs directions, beaucoup ont été reçus dans leurs familles, soit dans des familles hospitalières». «Il est difficile d’avoir le nombre exact des sinistrés pour organiser une prise en charge efficace. Voilà pourquoi il y a eu un temps qui s’est passé», a-t-il expliqué, alors que les critiques enflent dans le pays sur la gestion de l’éruption soudaine du 22 mai, et surtout l’évacuation ordonnée jeudi sans aucune organisation apparente ou soutien logistique, malgré les promesses des autorités dont une équipe gouvernementale composée de sept ministres arrivés sur place puis repartis sans apporter aucune solution.

Après l’éruption, le gouvernement a dépêché, en effet, à grands renforts de déclarations rassurantes, cette grosse délégation ministérielle à Goma, lançant travaux, enchaînant promesses d’aide et visites de «réconfort» aux sinistrés.

Mais les conditions de l’évacuation de jeudi ont ravivé les critique.

«L’Etat a décidé l’évacuation de la population de #Goma et #Nyiragongo sans AUCUNE aide apportée», a ainsi fustigé sur twitter le collectif d’activistes Lucha.

«Mettre des véhicules à disposition lors de l’évacuation, c’est très difficile», a reconnu le président, ajoutant : «aujourd’hui nous sommes en voie de pouvoir commencer à déployer de l’eau potable ainsi que des vivres» sur les sites où ils ont trouvé refuge, a-t-il affirmé.

«Ces déplacés ne le sont que pour quelques temps, le plus grand travail sera à Goma, où il y a 5000 maisons détruites» par les coulées de lave, a anticipé le chef de l’Etat, qui a promis d’organiser des convois de retour.

Il a par ailleurs lancé un «appel aux dons, même si «un budget sera dégagé». Il a promis là aussi «la transparence sur le budget dégagé et sa gestion, il n’y aura pas de problème de ce côté-là». Beaucoup avaient déjà vu dans l’éruption du 22 mai une illustration des «faillites de l’Etat», «aucun dispositif d’alerte n’ayant fonctionné», faute de budget notamment, et «d’une gestion au pifomètre», a ainsi estimé un média, jugeant que «la population a eu l’impression d’avoir été abandonnée à son triste sort».

Selon le volcanologue Benoît Smets parti depuis à Goma, si, depuis vendredi matin, les secousses ont nettement baissé d’intensité à Goma, «mais si on regarde uniquement la sismicité, on peut être « biaisé » effectivement en se disant : l’activité se calme. Il y a toujours le même nombre de tremblements de terre, mais leur intensité diminue en termes de magnitude. Si on ne regarde que cela, effectivement, on voit qu’il y a une diminution. Mais si on regarde la déformation du sol, donc le sol qui bouge à cause du magma qui bouge, lui, en profondeur, ce sol bouge encore. Donc, on n’a pas le signal qui nous dit que ça s’arrête».

«C’EST PEUT-ÊTRE LE CALME AVANT LA TEMPÊTE».

«En fait, ce qu’on a pour l’instant, c’est peut-être le calme avant la tempête. C’est pour cela que, pour l’instant, on a beaucoup de réserves sur les changements qui se passent au niveau de la sismicité. On est en plein moment charnière. Peut-être que demain, on aura plus d’informations à ce niveau. Ce qu’on peut dire pour se rassurer, c’est qu’en 2002, on était dans un scénario où on a eu cette activité sismique et quand l’intensité a diminué, c’était un signe qu’on se rapprochait de la fin de l’éruption».

D’ajouter : «Il faut savoir que les informations des réseaux de surveillance de l’Observatoire vulcanologique de Goma arrivent en temps réel à l’observatoire, mais ils arrivent aussi en temps réel au Luxembourg. Ce qui fait que l’on peut aider l’observatoire dans le traitement des données. Et on a aussi une vue pour les données de déformation du sol et les données des tremblements de terre. En discutant avec les observations de terrain faites par l’observatoire, on peut arriver à des conclusions, à un consensus entre scientifiques qui nous permet de donner quelque chose de plus crédible et de plus précis sur ce qui se passe».

«L’Observatoire vulcanologique de Goma a clairement des problèmes de financement de base. Donc, ils sont fort dépendants des projets internationaux pour pouvoir réaliser leurs travaux. Mais leurs techniques et leurs moyens de surveillance, eux, sont très modernes, grâce à l’aide internationale notamment. En fait, ce qui se passe ici, c’est qu’on a eu une éruption qui n’a pas prévenu. Donc, ces capacités de surveillance et ces problèmes de financement n’ont rien à voir avec le fait qu’on n’a pas pu détecter l’éruption. Le volcan n’a absolument pas prévenu.

Il n’y a aucun signal qui a pu nous dire, « attention, quelque chose va changer».

avec AGENCES.

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