Mwangi dribble le Congo
Comment le crésus kenyan James Mwangi dribble le Congo dans EquityBCDC.
Titre phare en couverture, «Equity BCDC : la drôle d’affaire. Coup monté contre la RDCongo?». Dans son édition datée 7 juin 2021 (n°6574), le très tshisekediste quotidien kinois depuis la nuit des temps, Le Phare, a mis les petits plats dans les grands. Six pages à l’intérieur. Des titres se succèdent aux titres. « Deux lettres en un seul jour : les avertissements du ministre du Portefeuille»; «le beurre et l’argent du beurre» ; «Coup monté contre la RDC» ; « la loi OHADA violée» ; «Qui est James Mwangi » ; «Remarques sur le PV de l’Assemblée générale ordinaire du 28 avril 2021 »; etc. Dès l’entame, voici : «La BCDC (Banque Commerciale du Congo) a été effacée de la carte économique de la République Démocratique du Congo en fin d’année. L’opération de sa fusion avec Equity Group Holding, représenté par sa filiale Equity Bank Congo, a étonné plus d’un observateur. Elle a rappelé à beaucoup l’ineffaçable souvenir de la fable de la Fontaine, «la grenouille et le bœuf».
«Une grenouille vit un bœuf. Qui lui sembla de belle taille. Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf. Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille… ».
Si «la grenouille se voulait faire aussi grosse que le bœuf», et qu’elle a fini par crever après avoir tenté vainement de rivaliser de muscles avec le bœuf, ce n’est pas le cas d’EquityBank Congo qui a réussi l’exploit inédit d’avaler le bœuf, mieux, l’éléphant bancaire congolais ».
A force d’opérations indues, dénoncées et qui continuent d’être dénoncées. Les lanceurs d’alerte s’aiguisent. Un «Groupe d’Universitaires congolais» non autrement identifié s’active, mené par Kris Kanioc non autrement identifié.
Députés et Sénateur observent. Enième scandale quand le CEO d’EquityBCDC se tait dans toutes les langues, rejette des questions impertinentes de journalistes. Jusqu’à l’homme par qui le scandale arrive, George Arthur Forrest qui, en août 2020, annonce, à la surprise générale, qu’il a décidé de balancer son porc.
« Je vends mes actions à Equity Group Holding dans l’espoir que cette institution devienne la plus grande banque du Congo », déclare ce fils d’un Néo-Zélandais, né en 1940 au Katanga, naturalisé belge, l’une des plus grandes fortunes d’Afrique francophone, selon le magazine américain Forbes, qui lui attribue, fin 2016, 800 millions de $US.
« Nous sommes convaincus que la fusion et le regroupement de ces deux filiales produiront une banque fusionnée avec un total bilan de plus de deux milliards de dollars », commente Equity Bank Congo.
Tout ça a lieu dans un contexte où la première banque commerciale privée du Congo, Rawbank, propriété d’une fratrie indo-pakistanaise, les Rawji, est impliquée dans une vaste enquête anti-corruption, soupçonnée de complicité de détournement de fonds publics destinés à financer les grands chantiers lancés par le Président Tshisekedi et que son patron belge, Thierry Taeymans, est menotté, conduit en prison à Makala, verse 35 millions de $US pour recouvrer l’air libre…
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«C’EST VRAIMENT DU N’IMPORTE QUOI ».
Ce fut une première sinon dans le monde aujourd’hui des affaires, du moins dans le pays. Un Chef d’Etat étranger qui inaugure dans un pays étranger l’enseigne d’une banque commerciale privée de son pays, le long de la plus grande avenue du pays étranger, en l’espèce, là où Mobutu paradait triomphalement lors des défilés du jour de l’Indépendance. Et cette opération n’est autre qu’une OPA hostile.
Jeudi 22 avril 2021, le Président kenyan Uhuru Kenyatta a coupé le ruban symbolique de la nouvelle deuxième banque du Congo, EquityBCDC, prononcé un discours vantant une embellie dans les relations économiques entre son pays et le Congo.
A côté de lui, à la tribune d’honneur en sublimation, parvenant mal à cacher sa jubilation, le nouveau crésus du système financier congolais savoure son plaisir, l’homme d’affaires kenyan James Mwangi a atteint son point culminant longtemps rêvé, interdit des vrais et faux Nationalistes congolais.
Un vrai point d’achèvement : bientôt, des milliards de $US issus d’opérations financières quelconques débouleront tout légalement dans les rues de Nairobi et de la sous-région à l’Est au grand bonheur de l’économie du déjà voisin géant économique au budget de l’Etat qui dépasse les 13 milliards de $US face au paradoxal nain congolais qui en est à 4 milliards.
Déjà, deux dossiers de transferts douteux signalés. L’un a trait à une provision des gratifications des cadres, l’autre porte sur un transfert en lien avec un dossier agricole de 7 millions de $US bloqué in extremis par le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba…
A la tribune d’honneur, deux Congolais : le Gouverneur de la Banque Centrale, Déogratias Mutombo Mwana Nyembo et le dirigeant le plus gradé de la nouvelle enseigne financière, le jeune et élégant banquier Célestin Mukeba Muntuabu – qu’à Equity Banque Congo S.A, ECB en sigle, où il était la veille D-G, après avoir fait ses classes à la petite enseigne allemande ProCredit Bank Congo – tout le monde l’appelle à l’anglaise par son prénom :
« Célestin ».
Mercredi 10 février 2021, il a quitté son modeste bureau du premier étage de l’avenue des Aviateurs où il accédait péniblement chaque matin, se tordant le cou, par petit escalier au plafond sur la tête, dans cet immeuble qui fut jadis le QG d’une chambre froide agro-industrielle, pastorale et commerciale du colon belge Jules Van Lancker, JVL, propriétaire dans l’actuel Kongo Central, de 150 000 ha avec 50.000 bovins.
Célestin Mukeba Muntuabu siège désormais au huitième étage du plus impressionnant immeuble que les Belges aient jamais construit en Afrique pour loger cette banque plus que centenaire créée en vue de permettre aux entreprises mammouths belges d’afflouer l’ancienne colonie avec des tonnes d’argent en cash via une banque de transit, la Belgolaise, installée au n°1, rue de Cantersteen, au cœur de Bruxelles, et qui va reconstruire la Belgique au lendemain de divers conflits.
En septembre 2015, ProCrédit Bank est reprise par Equity Group Holing qui a importé du Kenya la banque à la modeste bâtisse au toit marron logée à la septième place sur la vingtaine de banques présentes au Congo.
Dernier banquier belge dans l’ancienne colonie après les ennuis judiciaires à la Rawbank de son compatriote Taeymans, Yves Cuperys, un ancien de Fortis nommé en catastrophe à la Belgolaise en perdition qui, à ses dires, venait de conduire dix-sept ans avec succès, depuis 2004, cette BCDC, swape l’événement…
Peu avant, il a séché l’ultime réunion du Conseil d’administration de la nouvelle banque, convoquée le jour de la passation des flambeaux, confiait, à qui voulait l’entendre : « ne rien comprendre à ce qui se passait dans ce bâtiment ». D’ajouter, sans plus, comme à son habitude, donc prudemment, de la part d’un homme au verbe tranchant – mais on soupçonne tout : «C’est vraiment du n’importe quoi »…
MWANGI PREND LES CLES DE LA VILLE PROVINCE.
Autour de cette immense table du Conseil d’administration qui se tient dans cet imposant immeuble en béton armé de 19 niveaux qui domine le grand boulevard du pays, le 30-Juin, surplombe le majestueux fleuve, Noirs, Blancs, Jaunes d’Asie, francophones et anglophones, Mau-Mau, swahiliphones, lingalaphones, etc., sont face à face, dans une ambiance conspirationiste, dans une pièce pleine à craquer, masque bucco-nasal de rigueur.
Ces hommes et femmes se regardent sans se regarder. Des personnes de cultures diverses et un haut niveau d’incompréhension.
Le Belge profite d’un incident de protocole avec l’intrusion d’une tête couronnée de la presse pour le rediriger dans une salle attenante où il offre flûtes de Champagne et petits fours. Il ne retournera pas au Conseil d’administration… Qu’importe!
Ce jour-là, le Kenyan Dr James Mwangi a pris les clés de la ville Capitale et du pays en dévoilant en grande pompe la nouvelle enseigne qui descend l’animal totem de la banque.
Dans un palace de la place, le Kenyan pavane, assure des formations aux cadres, reçoit les médias dans un resto, promet tout à ceux qu’il rencontre, disant qu’il ne repartira pas dans son pays sans signer de contrats annoncés, mais ne réalise rien, floue tous, prolonge son séjour dans la ville, avant de revenir courant avril, comme de coutume à bord de son jet privé, suivi cette fois, par le Président de son pays, Uhuru Kenyatta.
ABSENCE DU PRESIDENT FATSHI A L’EVENEMENT.
En politique, les gestes sont une vraie com’. En eux-mêmes, ils disent tout. « Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi », enseigne ce proverbe chinois.
Pourquoi le Président du pays, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, est absent ce jeudi 22 avril aux côtés de son homologue kenyan qui fut le seul Chef de l’Etat à faire le déplacement de Kinshasa jeudi 24 janvier 2019 quand le nouveau Président élu – fils d’un père adulé – monte sur le trône, à l’esplanade du Palais de la Nation, face aux vagues de Kinsuka du majestueux fleuve, là où le journaliste français aventurier de télévision, Philippe de Dieuleveult, disparut le 6 août 1985, pour prêter serment devant son pays, devant son peuple, inaugurant une alternance démocratique pacifique au Congo ?
Entre Kinshasa et Nairobi, une page est à être écrite. Chaque jour qui passe, elle se remplit d’événements. Le dernier est l’annonce de l’arrivée des troupes kenyanes sur le sol congolais, dans l’Ituri. Elles vont lutter contre des groupes armés islamisés ! Ont-elles la réputation de troupes aguerries aux combats ? Sont-elles mieux que les FARDC ?
Le 6 février 2019, Nairobi fut la deuxième destination après Luanda, en Angola, de la tournée régionale du Président Tshisekedi au lendemain de son investiture. Le 23 novembre 2018, la capitale kenyane abrite la cérémonie de signature de l’Accord de CACH, Cap pour le Changement (UDPS-UNC) entre les candidats Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et Vital Kamerhe Lwa-Kanyingini au lendemain du fiasco de la réunion de Genève qui, le 13 novembre 2019, à l’initiative et avec du financement de la Haute Finance minière décidée d’en découdre avec Kabila, avait réuni toutes les têtes de l’opposition rassemblée. Kamerhe accepte de se retirer de la course en faveur du fils du Sphinx que tout le monde attendait comme le candidat commun de l’opposition mais, à la surprise générale, c’est Martin Fayulu Madidi qui sort d’une poche. Clameur et réprobation à Limete où des scènes de pillage démarrent avec des pneus brûlés sur la voie publique. Un rétropédalage est de rigueur.
Uhuru Kenyatta entre en scène et met des facilités en place.
Après l’accord politique du CACH que le Président kenyan porte, un accord de partenariat économique privilégié entre les deux pays au lendemain de la victoire éventuelle du candidat de CACH est au cœur des discussions. Nairobi vise l’entrée d’intérêts kenyans dans une banque congolaise. Equity Group Bank lorgne sur la banque de l’éléphant aux prises avec une foule d’OPA hostiles que des milieux financiers parviennent à bloquer.
Un projet d’Allianz Bank est tué dans l’œuf…
Un membre du dernier carré présidentiel, conseiller spécial et ambassadeur itinérant, Gilbert Mundela Tshimanga qui scelle des liens à Nairobi, est à la manœuvre au palais présidentiel, le State House. Décédé le 27 décembre 2019 dans la capitale kenyane dans des conditions floues, Mundela est enterré le 11 janvier 2020 dans son pays d’adoption, les Etats-Unis, dans le Maryland, l’Etat près de Washington DC, la capitale fédérale américaine.
Peu après l’investiture du nouveau président congolais, Vital Kamerhe Lwa-Kanyingini qui s’était désisté comme candidat Président et qui a été nommé Directeur de cabinet du Président, adresse, avec l’aval du Premier ministre Ilunkamba, un courrier suspendant cinq administrateurs congolais à la BCDC dont le PCA Pascal Kinduelo Lumbu qui, curieusement, cumule ces fonctions à la BGFI Banque.
MWANGI MENE UNE OPERATION DE SEDUCTION.
Fondateur de la banque BIC que le régime Kabila le contraint de vendre au minier israélien, grand ami du régime d’alors Dan Getler qui la revend à la First Bank of Nigeria en en tirant au passage des dividendes, le self made man congolais est un habitué des travées des milieux d’affaires.
Cette fois pourtant, il n’a pu voir venir le coup.
Kinduelo aurait été poussé à la porte par le jeu du Belge Cuypers assuré par le crésus kenyan qu’il se succéderait à lui-même à la tête de la nouvelle puissante architecture bancaire en mode création accéléré.
Il est question de l’entrée au capital de la BCDC, banque absorbante, non de la fusion.
Le discours ne manque pas de sel : « nous avons une succursale au Congo, EquityBank Congo, et aimerions que cette succursale travaille en synergie avec la BCDC et, comme la BCDC est financièrement plus importante que EquitBank Congo, il faut envisager l’absorption d’EquityBank Congo par la BCDC. Non le contraire».
En clair, après avoir annoncé le 18 novembre 2019 que Equity Group Holding a conclu «un accord en vue d’acquérir une participation de 66,53% dans la BCDC (l’acquisition) et qu’après la réalisation de l’Acquisition, il envisagerait de fusionner les activités d’EBC avec celles de BCDC pour créer une seule entité fusionnée. Le 7 août 2020, EGH a finalisé l’acquisition ».
« La principale raison de la fusion est de combiner les deux filiales d’EGH (EBC et BCDC) opérant actuellement en RDC pour créer une banque unique mieux placée pour concrétiser la vision d’EGH d’être le champion de la prospérité socio-économique des peuples d’Afrique et son objectif est de transformer des vies, de donner de la dignité et d’élargir les opportunités de création de richesse », lit-on dans un texte non daté, le « Document de fusion adopté par le Conseil d’Administration d’Equity Bank Congo SA », déposé à l’Office notarial Guichet Unique création d’entreprise.
Sur la mission de la nouvelle banque, il s’agit, toujours, selon ce document, « d’offrir des services financiers intégrés qui rendent autonomes socialement et économiquement les consommateurs, les entreprises et les communautés (car) la fusion créera un groupe de banques et d’immobilier, d’investissement doté de la force financière, de l’expertise et d’une portée régionale pour soutenir les aspirations de croissance économique de la RDC. La banque issue de la fusion sera un véritable leader du marché des services bancaires aux entreprises, aux PME et à la banque de détail et, en termes de capacité de banque numérique, capable de fournir des solutions pertinentes et rentables aux besoins de ses clients (…). La banque issue de la fusion pourra répondre aux besoins des plus grandes entreprises de RDC. Les opérations bancaires fusionnées deviendront la deuxième institution financière (et potentiellement la plus importante) de la RDC en termes de total actifs. Après la fusion, la banque issue de la fusion déclarera des actifs bancaires totaux de plus de 3.343 milliards de CDF et des fonds d’actionnaires de plus de 263 milliards de CDF dans ses états financiers bancaires autonomes (…). Cela signifiera que la banque issue de la fusion détiendrait environ 26% de part de marché en termes de total actifs car en 2018, BCDC était classée 2e (16% de part de marché) et EBC 4e (10% de part de marché). La banque fusionnée aurait un classement similaire en termes de taille du portefeuille de crédit et de rentabilité. En outre, la banque fusionnée disposera d’un vaste réseau d’agences physiques et d’autres points de présence dans toute la RDC – avec plus de 74 agences, 214 guichets automatiques de billets, 13 bureaux locaux dédiés et plus de 3035 agents bancaires pour compléter ses canaux numériques afin de servir sa clientèle combinée (…). La BCDC compte actuellement 524 employés et l’EBC 680 employés. L’ambition étant que la banque fusionnée se développe plus rapidement que la BCDC et EBC ne pourraient le faire seules, cela devrait signifier plus d’opportunités pour tous les employés des banques fusionnées de développer et de faire progresser leur carrière ».
LE MINISTRE N’A QUE SES YEUX POUR PLEURER.
Vrai rêve de vie pour un Belge qui, du fond du vieux Bruxelles, n’a nourri que détestation du Noir et du Congolais.
Les Kenyans travaillent à investir George Forrest et poussent leur avantage. En mains, l’étiquette CACH dont ils disent être les mentors.
Dans l’ex-Zaïre, Forrest a une histoire faite de hauts et de bas. L’ancien condisciple de Léon Kengo wa Dondo, trois fois Premier ministre de Mobutu, a, sous le Maréchal Président, consolidé ses arrières.
En 2009, grâce à des amitiés franco-libérales belges, il rachète plus des deux tiers des actions de la Belgolaise au sein de la Banque Commerciale du Congo, l’alors première banque commerciale du pays à majorité privée. Il injecte 30 millions de $US gagnés dans la vente du terril du cuivre au Katanga près du lieu dit «Mumbunda».
Il est en revanche mis sous haute surveillance par le régime Kabila qui le contraint, dans le secteur minier, à céder ses mines à l’ami Getler, et l’empêche de faire affaire avec une banque marocaine, outre que le régime annule son projet de compagnie aérienne avec la compagnie belge Brussels Airlines.
L’Australo-Belge mal aimé est sur le point de craquer. Il ne cache plus la détestation d’un pays qu’il dit être aussi le sien du fait d’y avoir investi, de père en fils, mais qui lui refuse tout. Il dit en avoir marre des lourdes charges que lui coûte cette BCDC – avec des très hauts salaires arrachés par le Belge de Fortis et des dividendes que se partagent les actionnaires, outre des treizièmes voire des quatorzièmes mois… En clair, alors que la pause retraite sonne aux portes, outre des ennuis de santé, Forrest décide d’arrêter l’aventure. Même si, au passage, il engrange 30 millions de $US de dividendes dans la BCDC. Son prix sera de 115 millions de $US. Les Kenyans enclenchent leur machine. Ils ne peuvent perdre cette affaire, en aucun cas. Ils passent par le Belge et par d’autres.
Le Belge entre en scène, souffle aux oreilles de l’Australo-Belge : « C’est maintenant ou jamais… ».
L’offre kenyane est de 95 millions de $US.
Ayant mis 30 millions au départ, l’Australo-Belge va céder sans pardonner le Belge de service même si une convention particulière négociée au recrutement permet à l’ex-Fortis de sauver la mise…
On parle de quelques millions de $US quand un ancien directeur congolais, en dépit de ses 40 ans de bons et loyaux services, reçoit un chèque de moins de 400.000 $US, suite aussi à un package conventionnel d’entreprise.
Outre que l’histoire fait état de quelques rétributions sous forme de commissions.
L’Australo-Belge veut pousser plus loin : se débarrasser du gigantesque patrimoine immobilier de la BCDC. Il ne parvient qu’à arracher la résidence latifundiere du long du fleuve ayant un mur mitoyen avec la Résidence française où, en marge du XIVè Sommet de la Francophonie, François Hollande reçut, mi octobre 2012, l’opposant historique Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
Forrest déloge le Belge poussé vers une autre villa fonctionnelle à quelques encablures, le long du fleuve, que les Kenyans parviennent à lui ravir en interrompant la fourniture d’eau et d’électricité, le sommant de libérer la maison au plus tard le 12 mai.
ILS FONT PERDRE LA MAIN A l’ETAT.
Où niche Yves Cuypers qui a inventé un amour irréfragable avec l’ex-Zaïre où il est même parvenu à diriger la prestigieuse Association congolaise de banques, ACB en sigle ?
Si Mwangi lui a fait longtemps miroiter le poste de D-G de la nouvelle banque EquityBCDC, le Kenyan a fini par créer une co-direction : l’une, plus juteuse, accordée au jeune Célestin Mukeba Muntuabu, une autre moins significative, est offerte au Belge. Une charge de marketing.
Quand tombe le veto de la Banque Centrale sur cet échafaudage, le Belge est mis à l’international, dans les avions. Un commis de bord entre Nairobi, Kigali, le Soudan, etc. L’homme boude.
Le grand jeu kenyan ne se limite pas là : Equity Bank Holding qui a poussé à la réalisation de son projet financier par la naissance de Equity BCDC, a désormais réussi à écarter – ou travaille à écarter – l’Etat congolais du capital de la nouvelle deuxième banque privée congolaise.
Désormais, le crésus kenyan ignore les représentants de l’Etat mais admet comme administrateur, un nommé Nestor Kindala, DirCaba du ministre du Portefeuille.
Il joue à atténuer les ardeurs revendicatives du ministre FCC-PPRD, Clément Kuete Nyimbi Bemuna qui cogne objection sur objection mais n’a que ses yeux pour pleurer.
Dans deux courriers datés du même jour, le 3 novembre 2020, il s’étonne que le 10 septembre 2020, un Conseil d’administration ait procédé à la nomination d’un nouveau Président, faisant part qu’à ce poste, « la pratique qui fait le droit », « un gentleman agreement (a toujours fait que le PCA soit) désigné par ses pairs – les administrateurs – sur proposition de l’Etat actionnaire et non par l’actionnaire majoritaire ».
Puis : « Vu l’importance de ce sujet, je souhaiterais vider cette question avant de poursuivre les opérations de préparation de la fusion en cours ».
Puis, un sans appel. Le ministre « invite » James Mwangi à reconsidérer sa proposition « pour permettre à l’Etat actionnaire de faire désigner son candidat comme il a toujours été d’usage aussi vite que l’agenda du Conseil d’administration pourra le permettre ».
Dans une seconde lettre datée du même jour, le ministre demande à se faire communiquer « le projet de fusion », tout comme « des calculs de la parité d’échange des titres ainsi que toutes les données financières relatives au ratio de fusion afin d’apprécier et de chiffrer en termes de proposition d’actions, la valeur économique des sociétés à fusionner».
Puis : « Je tiens absolument à recevoir tous ces éléments sur ma table de travail, dans un délai raisonnable, pour me permettre de les mettre à la disposition des experts du ministère ou du Gouvernement (…) en vue de recueillir leur opinion ».
Enfin : « Je précise que l’exécution de ce projet de fusion susceptible d’affecter la participation ou le portefeuille de la RDC au sein de la BCDC devra être préalablement soumis et délibéré en Conseil des ministres en ce qui concerne les intérêts étatiques. La convention de cession entre l’actionnaire majoritaire George Arthur Forest ne doit pas avoir comme conséquence fâcheuse de diluer les parts de la RDC ou de porter préjudice à ses droits acquis ou à ses intérêts, l’Etat congolais étant tiers à ladite convention ».
Dans l’intervalle, nul ne sait quelle gymnastique joue le Kenyan qui a minoré les parts de l’Etat, les faisant passer de 240.000 (25,5%) à 150.000 (15%).
Des tripatouillages qui font perdre la main de l’Etat au sein de l’unique banque commerciale privée dont l’Etat avait des intérêts…
Sauf que le Congo offre l’image que présente Stephen Smith, journaliste américain ayant longtemps travaillé dans les médias français sur l’Afrique et aujourd’hui professeur d’Université dans son pays. Assis à un bar d’un hôtel dans un pays de l’Est du Continent, il confie au Soft International, sur les crises récurrentes et les pillages des ressources naturelles au Congo : « Le Congo est comme un énorme pneu qui s’ouvre à qui s’arrive et se referme sur lui. Jusqu’à ce que mort par étouffement arrive…».
Désormais, de plus en plus, les langues se délient et distillent.
Après le ministre FCC-PPRD Nyimbi Demuna, au tour de la ministre USN, la très Warrior princesse katangaise AFDC-A Adèle Kahinda Mayina d’être élucidée par un rapport des experts de son ministère.
FLOUE, LE CONGO POUR UN TOUR DE TABLE.
« La prise de contrôle de la BCDC par Equity Group Holding aurait dû susciter le veto de la Banque Centrale du Congo pour prévenir tout risque systémique. Il s’agit du contrôle par un même opérateur de deux grandes banques sur le marché de la RDC (25% de parts de marché). En cas de problème de l’une, l’autre serait vraisemblablement impactée, ce qui risquerait de destabiliser l’ensemble du système bancaire. Pour une opération qui impacte la participation de l’Etat congolais, celui-ci aurait dû exiger une contre-expertise du rapport du commissaire à la fusion étant donné que l’évaluation des deux entités à fusionner était le fait d’un seul et même commanditaire, Equity Group Holding qui pouvait avoir intérêt à minimiser la valeur de la BCDC et à maximiser celle d’Equity Bank Congo. La dilution de la participation de l’Etat dans l’entité fusionnée a les mêmes effets que la renonciation volontaire à la souscription à une augmentation du capital qui est considérée par la loi sur le désengagement comme un acte de désengagement de l’Etat. Elle devait suivre la procédure requise, particulièrement obtenir la décision du Conseil des ministres », écrit ce rapport daté du 14 mai 2021.
La position de ces experts est sans équivoque. Ils estiment trop stratégique le secteur bancaire pour que l’Etat le laisse filer à l’étranger. Ils réclament la part de l’Etat au capital d’un ensemble qui représente 25 % des parts de marché et appellent à travailler pour empêcher «la dulition de la participation de l’Etat» qu’auraient manigancée les partenaires kenyans. Ils appellent à asseoir les engagements des partenaires notamment dans la répartition des postes au sein de la nouvelle banque. Floué par les Kenyans, le Congo les appelle à revenir à la table des négociations.
Pour dire vrai, dans ce dossier, aucun point de non-retour n’a, malgré tout, été atteint face à l’Etat congolais partenaire qui ne saurait laisser ses intérêts nationaux être galvaudés par des milieux d’affaires trop malins.
T. MATOTU