Le Fonds de solidarité contre le Covid-19 ne sait quoi faire de ses millions de $

Le Fonds de solidarité contre le Covid-19 ne sait quoi faire de ses millions de $

De tous les 12 comptes spéciaux (dont CAMI, FONER, FPI et Go-pass) que compte le budget de l’État, le Fonds national de solidarité contre le Covid-19 est le seul qui ne dispose ni assignations, ni plafond des dépenses. En 2020, son coordonnateur a indiqué avoir réalisé juste 10 milliards de FC des recettes, soit un peu plus de 5 millions de $US. Qu’en a-t-il fait? Un jour, l’IGF, l’Inspection Générale des Finances, en fera la lumière.

Le Fonds national de solidarité contre le Covid-19 est notamment financé par des dons et contributions apportés par les entreprises de la place, dont les banques et les mining. Ces dons sont d’ailleurs déductibles du résultat imposable à l’impôt professionnel sur les bénéfices et profits, à condition que ces dépenses soient justifiées par les pièces comptables. Pour 2021, alors que ses recettes semblent relever du secret d’État, le Fonds national de solidarité contre le Covid-19 s’est, enfin, créé un poste des dépenses : des portiques… intelligents, puisque le concept est à la mode. Et les bénéficiaires sont, tenez bien, la présidence de la République, l’Hôtel du gouvernement, l’INRB et les aéroports internationaux de N’djili à Kinshasa et de Luano à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga. Les portiques intelligents, indique le coordonnateur du Fonds national de solidarité contre le Covid-19  devraient aider ces institutions à «éradiquer la chaine de contamination de nouveaux variants indien et sud-africain qui s’avèrent dangereux plus que la première et la deuxième».

Facile à deviner qu’il s’agit ici des «vagues» de covid. Pour ce faire, le coordonnateur du Fonds contre le covid-19 a, comme il est devenu une coutume au Congo, préféré le gré à gré dont il a facilement obtenu l’aval de Ngongo Salumu, DG de la Direction générale de contrôle des marchés publics.

L’entreprise bénéficiaire est Galaxie Médias, une agence de presse qui gagne, en effet, un marché de 162.400 $US. D’aucuns s’en étonneront autant qu’ils seront pétrifiés d’apprendre l’INRB n’a pas de portique sanitaire alors que Jean-Jacques Muyembe Ntafum et son équipe ont préféré financer des travaux d’embellissement du siège de l’Institut national de recherches biologiques à la Gombe. Voilà qui devrait intéresser l’IGF par ce temps où, du Covid-19, l’on parle moins de contamination. Naturellement, les limiers de l’IGF devraient également plonger dans les comptes du Fonds national de solidarité contre le Covid-19 qui offre à une entreprise de presse, un marché, qui d’ordinnaire, reviendrait plutôt à un fournisseur du secteur des BTP ou connexes.

Les comptes spéciaux sont, en pratique, des structures qui peuvent affecter aux dépenses la totalité des recettes collectées durant l’année budgétaire. Ce qui n’exclut pas un contrôle.

POLD LEVI MAWEJA.

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