La pandémie du Covid-19 est loin d’être finie, alerte l’OMS

La pandémie du Covid-19 est loin d’être finie, alerte l’OMS

Si au Congo, le Covid-19 «reste stable et contrôlé sur l’ensemble du territoire national, avec une diminution des cas observée depuis quatre semaines consécutives» quand l’épicentre de la pandémie reste la ville de Kinshasa, le Gouvernement, en conseil des ministres vendredi 8 juillet, a invité la population «à faire preuve de vigilance, à continuer d’observer les mesures barrières et à se faire vacciner», a déclaré son porte-parole, le ministre Patrick Muyaya Katembwe. Depuis le déclenchement du Covid-19, au 13 juillet 2022, le Congo a enregistré un total de 92.006 cas avec 82.953 guérisons et 1.355 décès. 22 nouveaux cas ont été enregistrés dans trois provinces, 17 à Kinshasa, 4 au Nord-Kivu, 1 dans le Haut Katanga sur 731 cas testés.

Situation autre ailleurs dans le monde. Confinement de 320.000 habitants à Wugang en Chine, 5.100 hospitalisations quotidiennes aux États-Unis, port du masque recommandé à Moscou, etc. Clairement, le Covid-19 n’a pas dit son dernier mot.
«Alors que le virus fait une percée, nous devons le repousser», a déclaré, mardi 12 juillet, le directeur de l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, l’Égyptien Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse à Genève, poursuivant : « La pandémie de Covid-19 est loin d’être finie». « Alors que les hospitalisations et la transmission du Covid-19 augmentent, les gouvernements doivent déployer des mesures testées et éprouvées, comme le port du masque, une ventilation améliorée et des protocoles de dépistage et de traitement», a-t-il ajouté, en marge de la publication par l’OMS des résultats de la dernière réunion du Comité d’urgence sur le Covid-19, tenue vendredi 8 juilet.
L’OMS a annoncé le maintien de la pandémie de Covid-19 au rang « d’urgence de santé publique de portée internationale », le plus haut degré d’alerte de l’organisation, à la suite d’une décision unanime du Comité. Ce dernier signale la baisse des dépistages et du séquençage génomique, qui rendent « de plus en plus difficile » l’évaluation de l’impact des variants de Covid-19, et soulignent « l’inadéquation de la surveillance actuelle » de la pandémie. Le Comité relève notamment l’absence de mise en place de mesures de santé publique adaptées dans les régions touchées par une résurgence des cas.
La branche européenne de l’agence de santé, de son côté, a recommandé une deuxième dose de rappel de vaccin contre le Covid-19 pour les personnes vulnérables, alors que près de 7 millions de cas ont été recensés sur le continent européen au cours des sept derniers jours.
Lors d’un point-presse, Rochelle Walensky, la directrice des CDC, les Centres de prévention et de lutte contre les maladies, a déclaré que l’efficacité des vaccins contre les formes graves et la mort reste « probablement haute pour BA.4 et BA.5 », et appelé les Américains à recevoir au plus vite toutes les doses recommandées.

LES VARIANTS BA.5 ET BA.4 SE PROPAGENT VITE.
BA.4 et BA.5 sont des variants ou des sous-variants, d’anciens ou de nouveaux. Ils se propageraient plus rapidement. Et on sait que le SRAS-CoV-2 ne connaît pas de « saisonnalité » comme les virus respiratoires qui se transmettent «principalement durant l’hiver» (la saison froide, comme le virus respiratoire syncytial ou celui de l’influenza, par exemple), selon le Dr canadien Donald Vinh, microbiologiste-infectiologue au Centre universitaire de santé McGill. « On a présumé que le Covid-19 se transmettrait peu durant l’été (la saison chaude) parce qu’elle est causée par un virus «respiratoire«», dit-il. On a mal jugé son comportement».
Depuis le début de la pandémie, le Brésil, l’Amérique du Sud, le Texas et la Floride ont été frappés par d’importantes vagues de Covid-19, et ce, « en pleine chaleur », rappelle Nathalie Grandvaux, directrice du Laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du Centre hospitalier de l’Université de Montréal. La forte transmission actuelle s’explique par divers facteurs. BA.5 et BA.4 sont plus transmissibles que les autres sous-variants ; ils seraient même presque aussi contagieux que le virus de la rougeole.
« Avant, on disait que ça prenait au moins 15 minutes passées dans un endroit mal ventilé avec une personne infectée pour être contaminé, dit Nathalie Grandvaux. Aujourd’hui, si on échange avec quelqu’un qui est contagieux dans un endroit mal ventilé durant quelques minutes, on a toutes les chances d’être contaminé».
Les mesures sanitaires, comme l’obligation de porter le masque dans les commerces et les transports en commun, ont aussi été levées dans nombre de pays. « Il n’y a plus aucune barrière dans la société, dit le Dr Karl Weiss, président de l’Association des médecins microbiologistes-infectiologues du Québec. Le trafic aérien mondial revient quasiment à un état prépandémique. Le nombre de cas augmente tout simplement parce que les contacts sont intenses».
BA.5 et BA.4 parviennent également à échapper à l’immunité conférée par une autre infection ou le vaccin contre le Covid-19. Ces nouveaux sous-variants ont subi des mutations, et les anticorps développés par le passé sont moins efficaces pour les contrer.
«Avec Omicron, on avait espéré qu’au bout de cinq jours, la contagiosité était finie, ce qui n’est vraiment pas le cas, répond la Dre Caroline Quach-Thanh, microbiologiste-infectiologue au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. On demeure contagieux pendant 10 jours, comme avant». La donne ne change pas avec BA.5 et BA.4. D’après le Dr Vinh, ces sous-variants pourraient toutefois nécessiter une période d’isolement plus longue que 10 jours. « Il se peut que l’élimination du virus soit un petit peu plus lente, à cause de la charge virale élevée de BA.5 », avance-t-il.
Le Dr Weiss croit au contraire qu’un «changement de paradigme» s’impose en ce qui a trait à l’isolement des personnes infectées. Actuellement, la Santé publique recommande à la population de s’isoler complètement pendant cinq jours, puis de porter un masque «lors de toute interaction sociale» les cinq jours suivants. Les activités «en public non essentielles», comme les sorties au restaurant, chez des amis ou dans des festivals, sont alors à éviter.

MOINS GRAVE SI CAUSEE PAR BA.5 OU BA.4 ?
«On a des travailleurs de la santé triplement vaccinés qui obtiennent un test positif, qui ne sont quasiment pas malades et qu’on met à l’écart du système hospitalier pour 10 jours, déplore le Dr Weiss. On annule des opérations, on annule des activités». Le médecin rappelle que les travailleurs ne restent pas à la maison pendant 10 jours lorsqu’ils sont atteints d’une grippe. «Il va falloir revoir la façon dont on perçoit, d’un point de vue sociétal, le Covid, et comment on vit avec. C’est clair qu’on ne se débarrassera pas du virus de sitôt».
Difficile de répondre à cette question avec les données récoltées au Québec. Les tests PCR étant réservés à certaines catégories de la population (les travailleurs de la santé et les aînés, notamment), on peine à véritablement quantifier le nombre de personnes contaminées. Impossible, donc, de connaître la proportion exacte d’individus qui se retrouvent à l’hôpital en raison de ces nouveaux sous-variants.
«Malgré la quantité de gens qui sont infectés présentement, le nombre d’hospitalisations augmente, mais pas à la même vitesse que le nombre de cas, observe la Dre Quach-Thanh. Donc on a l’impression qu’en matière de sévérité, ce n’est pas à la même hauteur que la souche ancestrale de 2020».
Le Dr Vinh juge qu’il n’est «pas clair si le BA.5 cause une maladie plus sévère». «La gravité de la maladie ne dépend pas exclusivement du virus, mais aussi de l’immunité acquise par la population et par l’individu [touché]», explique-t-il. Une «grosse partie de la population a été vaccinée et a déjà [eu] le Covid-19», rappelle le Dr Weiss. «Sur le nombre total de gens infectés, la maladie sévère qui va entraîner une hospitalisation directe en lien direct avec le Covid, le décès ou des complications majeures, c’est un phénomène relativement très rare, même si ça existe, malheureusement», affirme le médecin, qui pratique à l’Hôpital général juif de Montréal.

avec AGENCES.

 

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