Léon Engulu Baangampongo Bakolele Lokanga, géante mémoire s’en est allée

Léon Engulu Baangampongo Bakolele Lokanga, géante mémoire s’en est allée

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1575|JEUDI 16 FÉVRIER 2023.

L’un des patriarches congolais, originaire du Grand Équateur, Léon Engulu Baangampongo Bakokele Lokanga a été inhumé lundi 13 février au cimetière Nécropole Ciel et Terre à la N’Sele, banlieue de Kinshasa. Décédé le 4 février dans la capitale, Léon Engulu qui fut un condisciple de classe de Mobutu à l’école des Frères des Écoles chrétiennes de Mbandaka, était âgé de 89 ans au moment de sa disparition.
Peu avant d’être porté en terre, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a déposé une gerbe de fleurs sur sa dépouille mortelle et s’est incliné devant le cercueil, devant la famille, en signe de respect, lors de la messe célébrée le 13 février en la cathédrale Notre Dame du Congo à laquelle plusieurs personnalités avaient pris part.
«L’officiant du jour, Mgr. José-Bernard Likolo, Évêque du diocèse de Lisala qui a célébré la messe, a remercié le Bon Dieu pour ses bienfaits en notre faveur sur terre. Il a ajouté que nous ne sommes que des pèlerins sur terre et que notre place est plutôt au Ciel aux côtés du Dieu créateur», a fait savoir un membre du bureau du président de la République présent à la messe.

APRES MOBUTU, LÉON ENGULU.
Homme politique de première heure, témoin oculaire de nombre d’événements, géante mémoire d’une histoire en majuscules, Engulu avait pris part, aux côtés d’autres pères de l’indépendance, à la Table Ronde politique de Bruxelles, en 1960 qui mit aux points le protocole conduisant le pays à l’indépendance.
À la Table Ronde, il est présent comme membre du Collège exécutif de la province de l’Équateur et vice-président du parti politique UNIMO, l’Union des Mongo, qu’il a fondé en janvier 1960 avec Justin Marie Bomboko Lokumba Is’Elenge et Eugène Ndjoku Ey’o Baba.
À l’accession du pays à l’indépendance, le 30 juin 1960, cet homme issu de la grande tribu Mongo, est nommé ministre provincial de l’Intérieur dans la province de l’Équateur dans le gouvernement Laurent-Gabriel Eketebi Moyidiba Mondjolomba. En 1963, après le démantèlement de la province de l’Équateur en petites provinces, il devient président de la province de la Cuvette Centrale. Il garde ce poste jusqu’en 1966. De 1966 à 1968, Mobutu le nomme gouverneur de la province du Kivu et, de 1968 à 1970, il est à la tête de la province du Katanga.
De 1970 à 1974, Mobutu fait de son compagnon Mongo, de l’école des Frères des Écoles chrétiennes, ministre des Travaux publics du Gouvernement central à Kinshasa.

GÉANTE MÉMOIRE.
En 1973, Engulu est brièvement vice-président de la République en charge de l’Administration du Territoire aux côtés de Jean Nguz a Karl-I-Bond, chargé, lui, des Affaires étrangères. En 1974, il fait son entrée au Bureau politique du Mouvement Populaire de la Révolution, MPR-Parti État où, dans un célèbre discours, il compare Mobutu à Jésus-Christ, le qualifiant de « Messie Noir ».
De 1974 à 1977, il est ministre des Affaires politiques (Affaires intérieures) et, du coup, se hisse à la tête du pays comme deuxième personnalité du gouvernement après Mobutu. En 1977, Engulu est Vice-président du Conseil Exécutif (Gouvernement), l’égal de l’homme fort du Katanga Jean Nguz a Karl-I-Bond.
De 1977 à 1979, Engulu est ministre de l’Agriculture et du Développement rural. En 1979, à la suite d’un malentendu avec le Premier ministre (Premier Commissaire d’État) Honoré Mpinga Kasenda, le compagnon de Mobutu quitte le Gouvernement. Engulu retourne à l’école, va au campus universitaire de Lubumbashi où il défend en 1981 un mémoire de licence. Peu avant, il était entré au Comité central du MPR, la haute institution de la République après Mobutu. Il y est membre jusqu’en 1990. En 1985-1988, il s’envole pour le Canada, à Montréal, décroche un master en sciences politiques, option administration publique.
Quand l’ex-Zaïre bascule dans la transition politique, cet homme sur qui clairement Mobutu assoie son pouvoir dans l’espace Équateur, revient aux affaires comme ministre de l’Intérieur et Administration du territoire, sous le Premier ministre Vincent de Paul Lunda Bululu. Il y reste jusqu’en 1991.
L’ouverture démocratique proclamée, Engulu trouve fait ses adieux au MPR devenu fait privé. Il crée l’Union Nationale des Démocrates, UNADE. Fin 1991, il est conseiller de Mobutu et, à la suite d’une dissension avec d’autres collègues, il quitte ses fonctions et décide cette fois de ne plus exercer une fonction publique jusqu’au départ de Mobutu du pouvoir en 1997.
Fin 2003, Engulu renoue avec la politique quand il entre au parlement de transition sous l’étiquette de l’ex-rébellion du Mouvement de Libération du Congo, MLC, de Jean-Pierre Bemba Gombo. Mais très vite, avec Bomboko, il quitte le MLC et crée avec José Endundo Bononge, l’UNADEC, l’Union Nationale des Démocrates Chrétiens, dont il devient président. Fin janvier 2007, lors des élections sénatoriales, Engulu est élu sénateur de l’Équateur, district de la Tshuapa. Bibliothèque géante du Congo, Léon Engulu Baangampongo Bakokele Lokanga qui parlait peu en public a donc tiré sa révérence. A-t-il laissé un témoignage à l’histoire ? Il faut l’espérer…

D. DADEI.

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