Regardent-ils dans la même direction?

Regardent-ils dans la même direction?

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1586|LUNdi 3 JUIllet 2023.

 

 

Ont-ils déjà eu un jour le regard tourné dans la même direction ? Face aux scrutins qui s’annoncent, on peut raisonnablement compter quatre opposants politiques dans le pays. Dans l’ordre de capacité de mobilisation des moyens: l’ex-gouverneur du Grand Katanga multimillionnaire, Moïse Katumbi Chapwe, l’ancien premier ministre multimillionnaire Augustin Matata Ponyo Mapon, l’ancien ministre MLC et député national Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu et l’ancien candidat de Lamuka à la présidence de la République désigné à Genève Martin Fayulu Madidi.

Regardent-ils dans la même direction au plan politique? Peut-on s’attendre à l’annonce d’une candidature unique ou commune?

Depuis la réunion mi-avril 2023 à Lubumbashi autour de l’ex-gouverneur du Katanga, certains avaient vu un début d’unité avec l’annonce de manifestations communes faite dans une déclaration lue par Olivier Kamitatu Etsu, le porte-parole de Moïse Katumbi Chapwe. « Nous, signataires de la présente déclaration, nous engageons à rester solidaires dans l’unité des actions pour faire aboutir la lutte du peuple congolais pour un véritable état de droit». Et d’insister sur leurs exigences dont la recomposition de la Cour constitutionnelle.

« la désignation consensuelle des animateurs des organes de la CÉNI, la conduite urgente d’un audit externe des opérations d’identification et d’enrôlement en cours en vue de la production d’un fichier électoral intègre, reflétant les réalités démographiques de chaque circonscription électorale ».

Certes, quelques manifestations communes ont pu avoir lieu dans la capitale mais depuis le retour de Moïse Katumbi Chapwe à son lieu de résidence, Lubumbashi et l’annonce par Martin Fayulu Madidi de renoncer à la course de la présidentielle tout comme son refus de faire participer ses membres au jeu électoral, quelque chose s’est mis en place.

Lors d’une conférence de presse le 19 juin 2023 à Kinshasa, l’un des candidats malheureux à la présidentielle de décembre 2018, a en effet annoncé qu’il quittait la course.

« Nous annonçons à l’opinion nationale et internationale que nous avons décidé de ne pas déposer les candidatures de nos membres à tous les niveaux des élections, tant que le fichier électoral, c’est-à-dire la liste des électeurs ne sera pas refaite dans la transparence et auditée par un cabinet extérieur compétent en la matière», a déclaré le président de l’ECIDé, Engagement pour la Citoyenneté et le Développement.

Afin de corriger les erreurs du passé, il faut, avait-il poursuivi, un minimum de consensus sur les principes et les règles du jeu susceptibles de conduire tous les acteurs concernés vers les élections générales (présidentielle, législatives nationales et provinciales, communales). « L’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs s’est déroulée dans l’opacité la plus totale », avait-il aussi déclaré sans être suivi par certains de ses compagnons au sein de son parti en tête le député Ados Ndombasi qui ont annoncé avec fracas leur départ lors d’imposantes conférences de presse. Signe avant-coureur?

 

Avec quel crédit dans l’OPINION ?

Il y a aussi les Katumbistes qui sont restés dans la course. Dans un tweet posté le 19 juin, le porte-parole de Moïse Katumbi n’avait pas, en l’espèce, mâché ses mots. «Aux tricheurs et aux fraudeurs, nous ne céderons rien ! Nous ne sommes pas naïfs. Nous les affronterons tête haute ! @Ensemble_MK & alliés présentera des listes à tous les niveaux. Jusqu’au bout nous lutterons pour des élections, démocratiques et inclusives & nous vaincrons !».

Sauf que depuis l’arrestation le 30 mai du très proche collaborateur du président d’Ensemble, Salomon Idi Kalonda accusé de collaboration avec le mouvement terroriste M23, le camp Katumbi est fragilisé. Détenu par le service de sécurité DÉMIAP, Détection Militaire des Activités Anti-Patrie, si son procès a lieu, il aura un effet dans l’opinion : l’image de Moïse Katumbi déjà donné pour être de mèche avec Kigali, en recevra un coup.

Un autre opposant déclaré à la présidentielle est déjà fragilisé. C’est Augustin Matata Ponyo Mapon dont le dossier de pillage du projet  de Bukanga Lonzo vient d’être relancé par la Cour constitutionnelle et par la Chambre haute du parlement tout comme celui des biens zaïrianisés.

C’est un nouveau réquisitoire déposé en juin par le procureur général près la Cour constitutionnelle, Jean-Paul Mukolo, aux fins d’obtenir l’autorisation de poursuites qui a mis le feu aux poudres.

Si le 21 juin, l’ancien Premier ministre a dénoncé «l’illégalité et l’irrégularité d’un nouveau réquisitoire» pour la levée de ses immunités au Sénat et accusé le président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo et le procureur général près la Cour constitutionnelle d’entreprendre « une démarche anticonstitutionnelle de respecter la loi du pays », on peut se demander comment il se tirerai demain de cette affaire.

« Ce duo se remet en place pour une énième violation des lois et règlements de la République Démocratique du Congo pour concocter en toute illégalité, en toute fraude, en toute tricherie et irrégularité, le plan pour l’émission d’un nouveau réquisitoire pour solliciter, après avoir stratégiquement mis à l’écart l’assemblée plénière, organe habilité sur la question, les immunités du sénateur Matata », a dénoncé Augustin Matata et d’ajouter : « Le Sénat, par malice, attend que la session se ferme. Et coïncidence hasardeuse pour certains, mais coïncidence intelligente pour d’autres, c’est le même jour où la session se ferme à 18h et à 18h30′, le procureur général Mukolo dépose la demande de levée des immunités pour le dossier des biens zaïrianisés. Contre toute attente et en dépit du point de vue du magistrat instructeur, le procureur général Mukolo dans un élan de démonstration de force politique, des biceps, avait tout de même saisi la Cour constitutionnelle sans m’avoir entendu et contre la décision de la plénière ».

À l’allure où vont les choses, on peut s’interroger sur le format que l’opposition pourrait présenter début décembre. Si Moïse Katumbi n’est pas rattrapé dans un dossier, peut-être sera-t-il le principal adversaire du président candidat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Avec quel crédit dans l’opinion ?

D.DADEI.

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