Le dossier Matata rejaillit
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1597|lundi 13 NOVEMbre 2023.
Si l’arrêt de la Haute Cour le condamne, Matata sera déchu de tous ses droits civiques et politiques. La Commission Électorale Nationale Indépendante le sortira de toutes ses listes, celles des électeurs comme celles des candidats Député ou Président. La justice congolaise est imprévisible, nul ne maîtrise son mode opératoire. Contre des millions de $US, des escrocs se paient avocats, juges et médias. Matata refuse de se justifier sur des millions de $US non retracés. L’homme ne s’était jamais autant déclaré adepte de la bonne gouvernance. Et pourtant ?
Il s’était dit malade voire très malade. Et il avait passé la frontière au vu et au su de tout de le monde. Avec autorisation officielle pour se faire soigner ? Certainement.
Mais au final, rien de tout cela ! Premier ministre sous Kabila (2012–2016, plus de quatre ans), Augustin Matata Ponyo Mapon qui fut aussi ministre des Finances sous Kabila (19 février 2010-18 avril 2012, plus de deux ans) sans cependant quitter ce poste dès lors que nommé Premier ministre, il s’était fait succéder à ses anciens bureaux par un ministre délégué près le Premier ministre, un homme qui fut l’un de ses conseillers au même ministère et qui s’est déclaré candidat à la Présidence de la République, a refait surface en pré-campagne électorale et continue à défier la justice en refusant de se présenter devant la Haute Cour, la Cour Constitutionnelle. Connaît-il ce secteur mieux que quiconque ?
Le 7 novembre 2023, la Cour Constitutionnelle a fixé au lundi 13 novembre 2023 l’affaire Matata Ponyo avec une audience publique, selon l’extrait de rôle du greffier en chef de la Cour Constitutionnelle, François Aundja Isia Wa Bosolo. «La Cour Constitutionnelle, siégeant en matière répressive, prononcera à son audience publique de ce lundi 13 novembre 2023 à 11 heures l’affaire ci-dessous : RP 002 : Ministère public C/Matata Ponyo Mapon Augustin, Grobler Christo Stephanus et Mutombo Nyembo Déogratias».
«Prononcera à son audience publique…» ? La Cour va-t-elle rendre son verdict ce lundi 13 novembre 2023 ?
L’extrait de rôle écrit : «prononcera à son audience publique…».
Les heures qui viennent vont-elles être déterminantes pour un homme qui s’est déclaré Candidat Président de la République, dont la candidature a été validée à la fois à la Commission Électorale Nationale Indépendante qu’à la Cour Constitutionnelle ?
Si l’ex-Premier ministre est condamné par la Cour Constitutionnelle, s’agissant d’une infraction de détournement de biens publics, Augustin Matata Ponyo Mapon sera automatiquement déchu de ses droits civiques et politiques. La CÉNI le sortira de toutes ses listes, celles des électeurs comme celles des candidats.
L’ancien Premier ministre est poursuivi désormais dans deux affaires. La première avec l’ancien Gouverneur de la Banque Centrale Déogratias Mutombo Mwana Nyembo. Il est question de détournement d’une somme de 89 millions de $US destinée à la construction du Marché International de Kinshasa.
La deuxième est aussi une affaire de détournement cette fois avec l’homme d’affaires sud-africain Christo Gobler. Le dossier concerne 115.997.106 $US destinés au projet du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, dans les provinces du Kwango et du Kwilu. Dans ce dossier mis en lumière par un rapport accablant de l’Inspection Générale des Finances, IGF, l’ancien Premier ministre était poursuivi avec son alors ministre délégué aux Finances, Patrice Kitebi Kibol Nvul dont le nom a disparu du dossier sans que la justice ne fournisse aucune explication.
«SI ON NE VEUT PAS UN JOUR MOURIR D’UN AVC…».
À son audience du 25 septembre, la cour avait accordé 21 jours au prévenu Matata pour se préparer à comparaître personnellement à l’audience du 16 octobre «quelle que soit sa condition de santé».
À la dernière audience, le prévenu n’a pas donné suite à cette demande de la Cour mais ses avocats ont présenté un rapport médical d’un état de santé qui nécessitait une prise en charge à l’étranger. La Cour ne l’a pas pris en compte ce rapport et a décidé de poursuivre Matata «par défaut» et a demandé à ses avocats de se retirer de la barre.
Il s’agit maintenant de voir ce que la Cour Constitutionnelle va rendre comme arrêt.
S’agit-il de rendre un arrêt avant dire droit ou d’un arrêt définitif ? Une plaidoirie dans cette affaire a-t-elle déjà eu lieu? Si oui, l’ancien Premier ministre risque-t-il une condamnation par contumace dès lors qu’il aura fait défaut à la séance à laquelle les hauts juges l’attendaient?
Reste que la justice congolaise est trop imprévisible. Nul ne connaît son mode opératoire. Nul ne s’attend vraiment à rien, sauf une surprise.
Un habitué des tribunaux «ne jamais croire à ces gens-là (…) pour qui les valeurs ne comptent pas; pour qui seul l’argent compte; pour qui contre des millions de $US, ils se paient allègrement médias, avocats et juges». «Il faut recréer la justice si on ne veut pas un jour mourir d’un AVC. C’est un monde d’hypocrites», poursuit-il l’homme.
Certes, tous les observateurs se demandent comment l’ancien Premier ministre devenu sénateur avait pu invoquer une «maladie grave», était donc sorti du pays, est revenu au pays, sans être inquiété, après avoir longtemps voire trop longtemps séjourné, loin de Kinshasa, dans sa province du Maniema, pour éviter de tomber dans les filets de la justice et conduit sous bonne garde devant la justice. Et comment est-il revenu dans la Capitale si librement ? Est-ce la justice ou du théâtre ? À quoi finalement le pays et l’Histoire doivent s’attendre dans ce dossier ?
Pourquoi et comment le Congo ne décolle pas? Bukanga Lonzo, petite localité territoriale de l’une des provinces les plus pauvres du Congo, le Kwango, sur la nationale n°1, à quelques encablures de Kenge, sa capitale, sur la route de la grande agglomération humaine de l’ex-province de Bandundu, Kikwit, traversant le plat territoire agricole de Masimanimba : c’est aussi l’un des dossiers noirs d’une IIIème République faillie…
À lire et à relire sans modération. Afin que rien ne nous échappe…
Le Soft International n°1526|MERCREDI 12 MAI 2021.
Comment expliquer la révolte populaire silencieuse qui a lieu dans le pays et la crise d’Histoire dont l’un des épisodes les plus rocambolesques restera l’éviction du bureau Jeanine Mabunda (@JeanineMabunda) à la Chambre basse, celle du bureau Thambwe Mwamba à la Chambre haute, la chute du Gouvernement Ilunkamba, l’appui unanime de la Communauté internationale – les États-Unis en tête – venant en soutien à l’initiative présidentielle des Consultations annoncée le 13 octobre, ouverte le 2 novembre, conclue le dimanche 6 décembre 2020 et la nomination du Gouvernement des «Warriors» de tous les espoirs…
La nouvelle a circulé comme une traînée de poudre.
Dès jeudi 6 mai 2021 aux environs de 12:00’, les deux Chambres parlementaires ne bruissaient que de ça : le Procureur Général près la Cour constitutionnelle Jean-Paul Mukolo Nkokesha venait de leur faire parvenir un réquisitoire en béton armé.
Un document faisant état d’une « association des malfaiteurs ».
Pourquoi le Haut Magistrat du Parquet Général près la Cour Constitutionnelle ? Simplement parce qu’à l’époque de la commission des faits, le principal accusé occupait la fonction de Premier ministre, Chef du Gouvernement de la République dont le juge naturel est la Cour Constitutionnelle.
Si le dossier avait été orienté au Parquet Général près la Cour de Cassation, boulevard du 30-Juin, immeuble CNSS (ex-INSS), siège de cette juridiction, le juge se serait déclaré incompétent.
Car ce principal accusé c’est Augustin Matata Ponyo Mapon, Premier ministre de la République, du 18 avril 2012 au 20 décembre 2016.
Et le Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo à 220 km à l’Est de la Capitale Kinshasa, entre les provinces du Kwango et du Kwilu, fut inauguré en grande fanfare en 2014 par l’ancien Président Joseph Kabila Kabange.
Du coup, l’ex-Premier ministre aspire, devant le Procureur Général Jean-Paul Mukolo Nkokesha, ses deux co-accusés : l’actuel D-G du FPI, le Fonds de Promotion de l’Industrie Patrice Kitebi Kibol -Mvul à l’époque des faits ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Finances (du 18 avril 2012 au 8 décembre 2014) et Mme Ida Kamonyi Naserwa, conseillère du Premier ministre Matata nommée peu après Directeure Générale du fameux projet de Bukanga Lonzo.
Matata, Kitebi, Kamonyi sont donc les accusés d’un procès qui s’annonce aussi exemplaire que son précédent, celui des 100 jours qui vit l’ancien DirCab du Président de la République Vital Kamerhe Lwa-Kanyingini être condamné à 20 ans de prison ferme au premier degré et confirme la nouvelle ligne politique du pays : État de droit avant tout, fin de l’impunité.
Le Procureur Général Mukolo Nkokesha a donc écrit aux deux Chambres pour leur demander l’autorisation d’inviter deux sénateurs à comparaître, ce qui passe préalablement, dans une situation de non flagrance, par la procédure de levée d’immunité.
«La Cour constitutionnelle est la juridiction pénale du Chef de l’État et du Premier ministre dans les cas et conditions prévus par la Constitution» (art. 163). «La Cour constitutionnelle est le juge pénal du Président de la République et du Premier ministre pour des infractions politiques de haute trahison, d’outrage au Parlement, d’atteinte à l’honneur ou à la probité ainsi que pour les délits d’initié et pour les autres infractions de droit commun commises dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. Elle est également compétente pour juger leurs co-auteurs et complices» (article 164).
Mais pourquoi la Chambre basse ? On peut supposer que l’un des accusés a été également proclamé député en décembre 2018 en faisant siéger un suppléant.
Ce serait donc pour prévenir tout « accident » que le Haut Magistrat Mukolo Nkokesha s’est également adressé à l’Assemblée nationale en vue de boucler la boucle en même temps que, selon certains juristes, la levée d’immunité d’un Premier ministre (en fonction ou honoraire) doit être décidée par le Parlement réuni en Congrès si les faits qui lui seraient reprochés ont été commis dans l’exercice de ses fonctions.
L’article 119 de la Constitution de la République limite pourtant le Congrès aux quatre cas ci-après : la procédure de révision constitutionnelle ; l’autorisation de la proclamation de l’état d’urgence ou de l’état de siège et de la déclaration de guerre ; l’audition du discours du Président de la République sur l’état de la Nation ; la désignation des trois membres de la Cour constitutionnelle, conformément aux dispositions de l’article 158 de la présente Constitution.
Selon les informations du Soft international, les deux Chambres qui ont communiqué, devraient débattre de cette demande de levée d’immunité au tout début de la semaine.
Le principal grief retenu contre l’ancien Premier ministre et ses co-accusés est lourd de conséquences : l’association des malfaiteurs, une infraction punie de peine de mort dans la loi congolaise mais qui serait commuée d’office à une peine de prison à perpétuité, le Congo ne pratiquant plus la peine capitale.
Les autres infractions qui seraient retenues contre ces accusés (corruption, détournement de deniers publics, blanchiment d’argent sale, etc.) seraient des infractions moyennes face à la principale infraction, l’association des malfaiteurs qui aurait conduit les malfaiteurs, selon l’acte d’accusation, à organiser et à panifier la débâcle d’un projet de plusieurs centaines de millions de $US pour monter diverses autres entreprises dont une firme du même nom dénommée… Lonzo.
Jeudi 6 mai, Patrice Kitebi Kibol Nvul était retenu dans les locaux de l’IGF, l’Inspection Générale des Finances, avenue du Haut Commandement soupçonné dans un autre dossier toxique : la gestion opaque de l’entreprise publique FPI.
Une fin de semaine tragique pour un homme qui avait voulu bâtir sa réputation en se construisant quelques médias en ligne et en finançant ou en sponsorisant d’autres.
Vendredi 7 mai, l’ancien Premier ministre a annoncé son retour à Kinshasa sans donner de date précise.
Nommé il y a peu Conseiller du Président guinéen Alpha Conde, l’ancien Premier ministre congolais a décidé d’écourter son séjour à Conakry où il dit s’être trouvé en « séjour de travail (…) au service de l’Afrique » et qu’il rentre « à Kinshasa pour faire face à une justice politiquement instrumentalisée », écrit-il sur son compte Twitter, assurant être « fier d’avoir servi (son) pays dans la transparence » et croit « en la force de la vérité ».
À son arrivée à l’aéroport de N’Djili, l’ancien Premier ministre reste sur le même registre, sur son compte Twitter : «Je viens d’arriver à Kin pour répondre à la Justice. Je remercie les Congolais qui, par amour pour la RDC, m’ont prié de ne pas revenir au pays. Je leur dis : par amour pour la RDC, certains d’entre nous doivent avoir le courage de braver l’injustice. Les jeunes surtout en ont besoin».
Peu après, dans la tour Kiyo Ya Sita, le long des Champs-Élysées congolais, au 364, 5ème étage, où il abrite aussi son projet phare Congo Challenge, il réunit un parterre d’amis journalistes triés sur le volet, étale sa ligne de défense.
«Il n’a jamais rien signé. Tout l’était par ses ministres sectoriels. Il n’a jamais rien décidé. Tout l’était en Conseil des ministres. Et l’on sait par qui il est présidé».
En clair, il noie l’ancien Président de la République Kabila. Oubliant que si celui peut être poursuivi, il le sera difficilement en cette matière, étant donné son irresponsabilité devant le Parlement… Encore que beaucoup de décisions, lors de cette période, avaient été prises, à l’Hôtel du Conseil lors des réunions «des groupes thématiques», et, en l’espèce, dans le groupe «secteurs productifs».
Matata ne se présentera néanmoins devant le Procureur Général près la Cour constitutionnelle Jean-Paul Mukolo Nkokesha qu’après la procédure de levée d’immunité qui, avec une majorité écrasante USN, ne devrait pas poser de problème majeur quand on sait que dans un passé récent, avec une majorité écrasante FCC, cette demande de levée d’immunité fut refusée.
PILLARDS EN COL BLANC.
Bukanga Lonzo, petite localité territoriale de l’une des provinces les plus pauvres du Congo, le Kwango, qui s’étend sur le Kwilu, sur la nationale n°1, à quelques encablures de Kenge, la capitale du Kwango, sur la route de la grande agglomération humaine de l’ex-province du Bandundu, Kikwit, traversant le plat territoire agricole de Masimanimba.
C’est aussi l’un des dossiers noirs d’une IIIème République faillie…
Pourquoi et comment le Congo ne décolle pas ? Comment expliquer la révolte populaire silencieuse qui a lieu dans le pays?
Sur ce dossier, voici les noms qui reviennent avec récurrence : Christo Grobler et Peter Venter, deux Sud-Africains, administrateurs de plusieurs sociétés dont certaines occultes et des complices congolais, des officiels hier et aujourd’hui au plus haut niveau de l’État congolais : Augustin Matata Ponyo Mapon, Patrice Kitebi Kibol Mvul, Louise Munga Mesozi, Rémy Musungayi Bampale, Robert Mbwinga Bila, Henri Yav Mulang, Modeste Bahati Lukwebo, Wivine Mumba Matipa, Isidore Kabwe Muewu, Néhémie Mwilanya Wilonja, Mbienga Kayengi, Lumbu Kiala, etc., mêlés à un niveau ou à un autre dans ce scandale d’un siècle congolais gâchis.
Si Néhémie Mwilanya Wilonja n’a pas, à proprement parler, fait partie d’un gouvernement quelconque, le très puissant DirCab du Président de la République Joseph Kabila Kabange dont il affirmait il y a peu vouloir perpétuer l’œuvre en acceptant de se hisser à la tête de la plate-forme politique kabiliste Front Commun pour le Congo, FCC, créée pour le service, à la base des controverses et dysfonctionnements politiques dans le pays; et si les deux derniers cités Mbienga Kayengi et Lumbu Kiala furent des fonctionnaires comptables d’État (le premier à la Primature, code 0561, le second au ministère des Finances, code 0536, désormais «élu» Député national), toutes les autres personnalités étaient ministres au national à l’époque des faits et occupaient des portefeuilles économiques clés: Finances, Portefeuille, Industrie, Petites et Moyennes Entreprises, Agriculture et Développement rural.
En mission, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural en fonction à l’époque Jean-Chrysostome Vahamwiti qui fut représenté par son collègue Robert Mbwinga Bila en charge des Affaires foncières.
Toutes ces personnalités sont en lien étroit avec la firme AFRICOM Commodities (PTY) Ltd, société holding de droit sud-africain malheureusement inexpérimentée, ne totalisant alors à peine que trois ans d’âge, travaillant dans la fourniture d’équipements, de matériels et d’intrants agricoles, qui est choisie pourtant pour réaliser un projet agro-industriel pharaonique de près de 1 milliard de US$. Elles sont mêlées dans la conduite et la signature des contrats dont une Convention d’actionnaires datée du 24 mars 2015.
Des contrats de gré à gré, n’ayant pas, comme plusieurs autres, respecté la loi sur la passation des marchés publics, n’ayant jamais sollicité, ni requis l’autorisation de la DGCMP, la Direction Générale de Contrôle des Marchés Publics, sortant très souvent, des cadres légaux. Dans la foulée de ce projet de Bukanga Lonzo, plusieurs sociétés voient le jour pour servir de paravent dans ce qui est une véritable toile d’araignée, une opération de «corruption et de fraude à grande échelle», reconnaît dans un email, daté du 17 novembre 2020, l’un des administrateurs sud-africains, Christo Grobler.
Parmi ces sociétés-écran qui rénumèrent indûment cette mafia, on cite PARCAGRI SA (aménagement et gestion du Parc agro-industriel, 85% des parts pour l’Etat congolais, 15% pour AFRICOM), SEPAGRI SA (exploitation du parc, 70% des parts pour l’État, 30% pour AFRICOM), MARIKIN SA (Marché… International de Kinshasa pour l’écoulement des produits du parc dont nul ne saura le pourquoi de cette appellation inutilement bling-bling de «marché international», 50% des parts pour l’Etat, 50% pour AFRICOM…), AFRICOM Commodities DRC SARL.
À l’issue d’arrangements douteux, Ida Kamonyi Naserwa, épouse d’un homme politique congolais en vue, se fait bombarder au poste de Directeure générale du PARCAGRI SA.
Depuis, soucieuse de se prévenir de toute poursuite en s’assurant d’une immunité parlementaire, elle a fait le choix, comme d’autres membres de cette mafia de premier ordre, de se faire élire «Honorable», préférant elle, la Chambre haute du Parlement où, plus que jamais, seule suffit une montagne de billets de $US à distribuer à un corps électoral plus réduit…
Total des fonds décaissés par ces « partenaires » d’un État failli pour un projet de parc agro-industriel de Bukanga Lonzo présenté comme un projet majeur devant pousser le Congo à l’émergence économique et sociale : 287.050.817,91 US$.
Des fonds liquidés par le Trésor public (285.939.621,87 US$), le reste – soit 1.115.196,04 US$ – déboursé par le FPI, le Fonds de Promotion de l’Industrie.
Premier d’une longue liste des personnalités, selon toute vraisemblance, déjà dans le box des accusés, à en croire toutes les sources judiciaires dans la Capitale : Augustin Matata Ponyo Mapon.
Il fut de 2003 à 2010 Directeur général du BCeCo, un Bureau central où il coordonne les financements des bailleurs de fonds en tête la Banque Mondiale, destinés à la reconstruction du Congo, déjà à l’époque, selon des articles parus dans des médias congolais, sous de hauts soupçons de détournements de fonds, ministre des Finances de février 2010 à avril 2012, puis, fulgurante ascension, est nommé à cette date, Premier ministre.
Battu en 2011 aux élections législatives dans sa province d’origine, le Maniema, Matata Ponyo travaille à mettre en place une mosaïque de partis et regroupements politiques qu’il finance directement – en tête, le parti PR, le Parti Républicain de son ami et ex-mentor Justin Kalumba Mwana Ngongo, et le Regroupement ATEC, l’Alliance pour la Transformation et l’émergence du Congo, dont il est l’Autorité Morale – qu’il affilie prudemment au FCC pro-Kabila, tout en étant sur papier membre de l’alors parti présidentiel PPRD et qui recrutent des amis et mentors amenés au gouvernement quand il y devient Premier ministre et de se faire élire… «Honorable Sénateur» en 2019. Pas avant d’avoir obtenu une chaire d’Université longtemps rêvée.
Le Premier ministre tient tellement à ses amis que quand en juin 2015, le très puissant ministre des Transports et Communications Justin Kalumba Mwana Ngongo est sous le coup d’une motion de défiance au Parlement, il lui fait faire le faux malade afin de l’extraire de la battue parlementaire, le fait admettre au centre médical Diamant, au centre-ville, lui signe un ordre de mission, organise son exfiltration à l‘étranger quand le ministre se balade dans un salon d’exposition en Europe. À son retour au pays, aucun Député – ni aucun Congolais – ne se souvient de rien.
«AUTEUR INTELLECTUEL».
Tous les documents authentifiés rassemblés et consultés par Le Soft International (des centaines de pages, des mémos, des témoignages, un rapport d’audit du très réputé comptable de Cleveland Ernst & Young datant de 18 février 2016, etc.) renseignent Augustin Matata Ponyo Mapon comme «auteur intellectuel» (conception, planification, paiements de plus de 83% de fonds à des entreprises sud-africaines directement versés dans des comptes dans le pays de Nelson Mandela où régulièrement la fratrie se retrouve pour le partage du butin de guerre).
C’est lui et lui seul qui gère directement le projet Bukanga Lonzo assisté de son cabinet de la Primature et de son ministre délégué aux Finances Patrice Kitebi Kibol Mvul. Comme d’ailleurs tout autre dossier «faussement économique émergent» de sa Primature validé à la va-vite lors de ses réunions de l’aurore sinon de l’aube, en premier, celle du «secteur productif» qui regroupe des ministères clés d’assiette, et qu’il présente lui-même en cas d’absence du ministre de tutelle ou d’absence avérée de pertinence du ministre. Cas de TransCo, CongoAirways, Immeuble Intelligent, Aéroport Modulaire, Aéroport de N’Djili, gestion des fonds générés par la connexion de la Fibre optique, etc.
Souvent, il se passe des avis de l’un de ses Vice-premiers ministres, en l’occurrence, celui en charge du Budget, Daniel Mukoko Samba dont il obtient très vite le 7 décembre 2014 l’éviction du Gouvernement pour absence de collaboration.
Sur la fibre optique gérée directement par la Primature au plus grand désarroi des agents et fonctionnaires de la SCPT, n’est-il pas temps que les fameux parlementaires anti-corruption APNAC et LICOCO – des ONG qui ressemblent à des églises de réveil, juste lieu de recueil des fonds – se penchent sur le dossier, lèvent un coin du voile pour voir qui a signé le contrat, comment a été financé en surfacturation le projet Point d’atterrage Muanda, comment l’affaire BIAC s’est résolue, pourquoi le Congo a raté à Cape Town son basculement quand tous les autres y étaient, pourquoi deux individus ont passé une semaine dans un cachot du CNS sous feu Pierre Lumbi Okongo?
Certes, ce fut avant la Primature Matata. Mais ce fut un dossier bouclé sous Muzitu et par les Finances… !
Dans ces mêmes colonnes, dans un dossier, «Fibre optique, qui veut cacher qui?», il est écrit : «Pourquoi les Chinois de CITCC (la firme ayant construit la ligne de la fibre optique Muanda-Kinshasa avec des malfaçons, ndlr) avaient refusé de se présenter devant la Commission d’enquête parlementaire Mayobo pour être auditionnés? Qui les avait entêtés? Pourquoi le ministre délégué des Finances Patrick Kitebi Kibol Mvul, actuellement patron du Fonds de Promotion de l’Industrie – agissant sous les ordres du Premier ministre, Chef du Gouvernement Augustin Matata Ponyo – avait rejeté l’invitation de se présenter devant la Commission parlementaire?
Lequel Augustin Matata Ponyo avait été ministre des Finances à l’époque du dossier fibre optique? Pourquoi le Président Kabila avait-il décidé de ne traiter de ce dossier – son suivi, contrats et paiements ayant été conclus et effectués des mois avant la nomination de Tryphon Kin-kiey Mulumba aux PTNTIC – qu’avec le nouveau ministre au point de lui réserver à lui et à lui seul – non à un quelconque membre du Gouvernement, ni au Premier ministre – sa décision de procéder à l’inauguration de la station d’atterrage de Moanda le 8 juillet 2013?
À nouveau, pour qui est intéressé par ce dossier de backbone congolais, nulle part, et dans aucune ligne du rapport d’enquête parlementaire, le ministre Tryphon Kin-kiey Mulumba étranger à ce dossier, n’avait été mis en cause. Ce dossier de fibre optique fut géré et bouclé par des ministres (Portefeuille, Finances, PTNTIC), des services et des institutions de l’État (Présidence de la République, SCPT, Banque Centrale, Bureau de coordination des investissements chinois), etc., bien avant l’arrivée de Tryphon Kin-kiey Mulumba en 2012 aux PTNTIC» (n°1464 daté vendredi 16 août 2019 en ligne ven, 16/08/2019 – 17:23).
LES AUTRES CITÉS.
Accusée : Ida Kamonyi Naserwa, conseillère du Premier ministre Matata à l’époque de la commission des faits. Interrogée par des OPJ, elle passe aux aveux. «Oui, des paiements furent en effet effectués au compte de la firme sud-africaine AFRICOM». Mais explique n’en avoir eu aucun contrôle.
Accusée : Louise Munga Mesozi, ministre du Portefeuille à l’époque des faits. Originaire du Sud-Kivu, elle a depuis choisi de se proclamer à la Chambre basse du Parlement comme «Honorable Députée nationale».
Citée comme complice dans un incident majeur de morale de gestion, Louise Munga serait particulièrement visée par la justice, pour n’avoir pas veillé à ce que l’État congolais ne libère que la quotité des parts due au capital social des sociétés PARCAGRI SA, SEPAGRI SA et MARIKIN SA. Mêmes graves accusations dans le cas de la firme AFRICOM.
Accusé : Patrice Kitebi Kibol Mvul. Originaire de Kolokoso, dans le Kwango, ancien conseiller du ministre des Finances Matata, il succède à son mentor dans l’immeuble de verre et de béton mais comme ministre délégué auprès du Premier ministre Matata Ponyo Mapon. Sorti du Gouvernement le 7 décembre 2014, il retrouve, deux ans plus tard, fin novembre 2016, un poste juteux à la tête du Fonds de Promotion de l’Industrie offert – et pour cause – dans des conditions sombres, par son mentor, à la veille de céder la Primature à l’opposant UDPS Samy Badibanga Ntita, désigné au lendemain du dialogue de la Cité de l’Union Africaine.
Depuis, en guise de reconnaissance, il confie des marchés dans la totale opacité à ses différences entreprises dont le fameux think tank Congo Challenge, une ONG Fondation Mapon qui financerait des œuvres caritatives dans les secteurs de la santé, de l’éducation et du développement communautaire.
Kitebi s’emploie à financer et à stipendier partis politiques et médias, de même que cours et tribunaux, soucieux de se prémunir des conséquences néfastes d’un chaos personnel.
S’il ordonne des paiements monstre par le Trésor public dont celui de 40.122.733,10 $US en faveur d’une autre firme sud-africaine AEE POWER SA en vue du soutirage et de la construction d’un système d’électrification du parc agro-industriel, ce n’est pas pour aider à l’émergence de la province du Kwango dont il est originaire.
Il s’agit d’une surfacturation allant jusqu’à près de 20 fois la valeur des factures d’origine. En l’espèce, le montant réel était de 37.659.725,63 $US.
Kitebi et d’autres pillards en col blanc sont cités dans la razzia qui s’opère sur le site sur au moins trente tracteurs, des groupes électrogènes, une dizaine de jeeps tout-terrain de marque Toyota, une dizaine de véhicules benne, des pièces de rechange, des tonnes de maïs, etc. Nombre de ces biens prennent le chemin de sa ferme agricole, à 16 kms de la cité de Mongata, dans la banlieue proche à l’Ouest de Kinshasa, voisine de celle du Directeur de cabinet du Président de la République, Vital Kamerhe Lwa-Kanyingini détenu et, depuis, condamné à 30 ans (20 ans de prison ferme, 10 ans d’inéligibilité).
Un rapport circonstancié consulté par Le Soft International cite «Son Excellence Kitebi» parmi les personnes coupables «d’actes criminels, vols, pillage, tueries des Congolais dans le parc agro-industriel (…) avec la complicité du commandant Tigre, du Colonel Ramazani, de Nduku-Pala Antoine, Mayala, Mbwa-Mabe et autres». Une vidéo postée sur les réseaux sociaux montre en grande compagnie «Son Excellence» sur le site de Bukanga Lonzo au cœur d’une opération de pillage du matériel du site.
Accusé : Matondo Mbungu, Directeur général du BCeCo, service dépendant du ministère des Finances dont un précédent D-G ne fut autre que Matata qui, depuis son départ, en 2010 après y avoir exercé sept ans durant, de 2003 à 2010, veille avec génie à la sélection de ses successeurs. Craint-il la découverte d’une boîte de pandore?
Un BCeCo qui, en l’espèce, avait la charge du marché d’électrification du parc agro-industriel. La question porte sur la connivence qui aurait existé dans le cadre de ce marché arraché au BCeCo et atterrit dans le bureau du ministre délégué auprès du Premier ministre en charge des Finances Patrice Kitebi Kibol Mvul, qui ordonne soudain des décaissements en millions de $US au bénéfice de la firme sudaf AEE POWER SA.
Les noms d’autres personnalités sont égrenés dans ce scandale à divers niveaux de responsabilité : Henri Yav Mulang, Modeste Bahati Lukwebo, Wivine Mumba, Kabwe Muewu, etc.
Ces personnes, ministres à l’époque des faits, ont notamment pris part à une réunion en 2016 à l’issue de laquelle la D-G du PARAGRI SA, Ida Naserwa, est menacée de révocation par le Premier ministre Matata Ponyo. La question est de savoir ce qui les aurait opposés…
Selon toute vraisemblance, il s’agit de savoir qui porte la responsabilité de la gestion des millions de $US versés par le Trésor public. La main sur le cœur, Ida Naserwa confesse n’avoir jamais eu à gérer plus de 2 millions de $US dont la subvention du FPI d’un total certifié de 927.962 $US. Le reste concernerait la paie des salaires et des prestations diverses… Si elle finit par se lâcher le 18 juillet 2016 en dénonçant des détournements massifs, sa trop longue omerta consentante lui porte désormais préjudice.
D’autres irrégularités et non des moindres constatés dans la réalisation de ce projet : bien que disposant d’un actionnariat minoritaire, la firme AFRICOM Commodities (PTY) Ltd qui n’a jamais libéré ses parts dans les sociétés PARCAGRI SA et SEPAGRI SA, a été le réel gestionnaires de ces firmes du fait des initiateurs du projet Bukanga Lonzo.
Selon tous les rapports d’audit qui plongent dans ce dossier et le plombent consultés par Le Soft International, la firme sud-africaine s’est payée, avec ses complices congolais, pas moins de 232.163.936,97 US$.
DES SOCIÉTÉS SUDAFS.
Accusées : deux sociétés sud-africaines dont la société-écran DESTICLOX Pty Ltd (propriété des mêmes SudAfs Christo Grobler et Pieter Venter, disposant de la même adresse que la firme AFRICOM) qui reçoit des paiements de 11.069.300,09 US$ dont 510.883,84 US$ au titre de frais de gestion du Parc rémunérant au passage les membres de la mafia congolaise. Mais à quel titre DESTICLOX Pty Ltd perçoit ces frais de gestion par exemple dès lors que ce contrat lie l’État à la firme AFRICOM Commodities (PTY) LTD? Obtenir des paiements pour une activité existante est un cas de détournement des fonds publics. La seconde firme est précisément AFRICOM Commodities (PTY) LTD.
Selon tous les audits dont Le Soft International a pris connaissance, en partant du système de surfacturation mis en place par cette mafia sud-africaine de connivence avec des officiels rdcongolais au plus haut niveau de l’État, c’est une somme de 34.150.507,00 de $US qui aurait été affectée au parc de Bukanga Lonzo, «l’estimation des fonds non justifiés représenterait un montant de 204.903.042,00 de US$».
AFRICOM Commodities est aussi accusée d’abus de confiance pour n’avoir pas libéré la quotité du capital social de 15% dans PARCAGRI, 30% dans SEPAGRI et 50% dans MARIKIN».
Il existe plusieurs autres griefs.
Telle l’absence de mécanisme de bonne gestion, absence de convocation d’assemblée des actionnaires, abandon des sites exposés à différents pillages perpétrés par les plus hauts dirigeants eux-mêmes – un lot d’engins lourds, véhicules, avarie des intrants agricoles, etc. Des pertes lourdes pour le projet de parc agro-industriel.
En mars 2015, à l’annonce du projet, pour faire sexy, que n’a-t-on pas dit? Que n’a-t-on pas écrit? «Comment le Congo aurait pu l’imaginer? À une heure de route de la Capitale, voici des plaines verdoyantes du Bandundu qui s’étendent à perte de vue, où le tout-terrain glisse en toute liberté en entendant le seul bruit du moteur 12 cylindres !
C’est sur ces terres à la suite de la seule volonté de Kabila que s’érige une vraie plate-forme moderne de distribution des produits alimentaires. Lancé en juillet dernier, le parc agro-industriel de Bukanga Lonzo a donné en mars sa première récolte de maïs. À terme, légumes, fruits, viande de porc, poulets de chair, poissons, œufs, lait, céréales (maïs et soja), etc., vont quotidiennement inonder le marché de produits frais de la Capitale. Il fallait y penser…
Le Président de la République, accompagné des chefs des corps (Premier président de la Cour Suprême, Procureur général de la République, Premier ministre, Président de l’Assemblée nationale représenté par son 1er Vice-président, etc.), le Gouvernement au grand complet, des gouverneurs de province invités pour la circonstance, des représentants du corps diplomatique, etc., a donc lancé la première récolte du parc qui s’étend sur 50.000 ha. La récolte qui a commencé en mars se poursuivra jusqu’en avril pour la première saison.
Celle de la saison suivante débute en juillet et ira jusqu’en août.
Une technologie de la dernière génération permet aux moissonneuses équipées d’un système GPS, de récolter le maïs sur 5.000 ha. Grâce à la technologie installée, ces moissonneuses sauront le rendement de la récolte par zone plantée », écrit Le Soft International, daté 19 mars 2015.
Qui poursuit dans la même veine : «L’importance de la récolte au parc conduit à la mise en place d’un ensemble de silos à grains en acier et des bunkers de stockage horizontaux. Un mode de stockage qui offre une préservation efficace et économique à grande échelle de même qu’une disponibilité des grains en fonction de la demande, à en croire l’opérateur sud-africain.
Bukanga Lonzo produira à terme dans ses abattoirs 48.000 poulets par jour au moins, traités et emballés. Les abattoirs du parc – le premier d’une série à voir le jour dans le pays – font partie intégrante de la chaîne d’approvisionnement en viande de porc et de poulets. Le parc annonce la production journalière de 500 tonnes des légumes pendant les 365 jours de l’année qui iront inonder le marché de Kinshasa sous la marque de fabrique «made in RDC».
Outre cela, 500 ménages vont être appuyés dans les activités agricoles grâce à deux projets : le programme des villages agricoles et le réseau africain de forêt moderne, une coopérative des femmes de Bukanga Lonzo.
CRÉER L’ÉVÉNEMENT.
« Le temps est venu pour transformer l’agriculture congolaise d’un secteur de subsistance en un puissant moteur de développement économique global», avait annoncé Joseph Kabila Kabange. Voici les voies désormais ouvertes » (text, cit.).
Que du rêve finalement imaginé en grande pompe en septembre 2014 par des Ouestafs, présenté comme LA solution au déficit alimentaire chronique congolais, qui ne vit jamais le jour. Une catastrophe financière…
«Matata Ponyo avait annoncé qu’après Bukanga Lonzo qui s’étendait sur un espace de plus de 70.000 ha entre les rivières Kwango et Lonzo, qui donnerait une production de 4 tonnes de maïs par ha quand une deuxième récolte était prévue au mois de juillet, d’autres projets similaires allaient naître en série à travers le pays. Il n’eût ni deuxième récolte, ni projet quelconque similaire dans le pays, des sortes de smart cities essaimées» (text, cit.).
Le 19 août dernier, arrivé à bord d’un petit porteur, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba s’emploie à exposer l’un de ses prédécesseurs à l’Hôtel du Conseil à la critique de gouvernance facile. En s’y rendant et, pour la toute première fois depuis un an en dehors de sa province natale katangaise, Ilunga Ilunkamba crée l’événement.
À lire les réactions sur les réseaux sociaux après la diffusion sur la télé publique Rtnc, de cette visite, on ne pouvait s’imaginer une telle tragédie! Un crime d’État dans un pays où 73% de la population vit en insécurité alimentaire.
Le trop tempéré Ilunga Ilunkamba en avait-il eu marre de l’ABC qu’administre à longueur de journée ce l’un de ses prédécesseurs depuis la Chambre haute que lors de ses conférences qui n’en finissent pas et ce Premier ministre qui, un jour, fut convoqué par un cercle de caciques du PPRD qui lui réclamaient sa démission immédiate et qu’il traita comme des jeunes irresponsables alors que des rumeurs faisaient savoir que son remplaçant pouvait être précisément Matata, voulut-il étaler au grand jour un forfait si flagrant et manifeste que la geôle serait recommandée avant dire droit?
Sur Facebook comme sur Tweeter ou sur WhatSapp, il pleut des appels à la très redoutée Inspection Générale des Finances, IGF en sigle, de se saisir du dossier. L’un de ces messages est mortel : «Il a semé des grains de maïs à Bukanga Lonzo et a récolté une Université bling-bling à Kindu». Quidam se rappelle d’une vidéo sur la Toile où l’ex-Chef de l’État, Joseph Kabila Kabange, refuse à plusieurs reprises de serrer la main de son Premier ministre Matata et se demande si cette attitude n’était pas la conséquence de ce qu’il avait vécu en live à Bukanga Lonzo.
Ce 19 août, à l’issue de sa visite, Ilunga Ilunkamba dresse un tableau peu reluisant de ce projet qui a coûté plusieurs millions de dollars américains à l’État congolais. Il désigne des épandeurs (machines destinées à survoler de terres agricoles) qui n’ont jamais décollé, cloués au sol, des tracteurs neufs jamais utilisés et dont les moteurs ont été retirés et montés sur des baleinières privées, des tonnes d’engrais chimiques abandonnés. Message explicite…
À en croire le reportage de la Rtnc, la Radio-télévision nationale congolaise, tous les ministres Sylvestre Ilunga Ilunkamba dénoncent une incurie et une prévarication qui ne sauraient demeurer impunies.
Assistant principal du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Michée Mulumba, ne garde pas silence après le constat de Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Il fait un lien avec le concept «anarqueurs VIP» d’une belle série télé anglaise. « 80 millions de $US pour escroquer 80 millions d’habitants. Ça me rappelle «Anarqueurs VIP, cette belle série TV anglaise que je raffolais jadis», poste-t-il dans un tweet sur son compte.
Député national, André Claudel Lubaya évoque un mensonge que « seule l’impunité endémique peut justifier ».
Sur cette visite, un site belgo-congolais CheikFitaNews.net écrit : «Les images sont tellement parlantes qu’il n’est pas nécessaire d’écrire un article: des gros engins agricoles en panne et cannibalisés, des hangars à l’abandon. Et tout cela avait été acheté avec l’argent du contribuable congolais».
Puis, en cherchant sur le Net, on lit sur le site https://www.oaklandinstitute.org : «La mise en place et l’effondrement du projet pilote de parc agro-industriel de Bukanga Lonzo (…) ont donné lieu à d’importantes violations des droits fonciers et des droits humains, de la pollution, du gaspillage de publics, de sérieuses suspicions de détournement de fonds et de corruption, ainsi qu’à une action en justice contre le pays…». «Le parc agro-industriel de Bukanga Lonzo a été créé en 2014 dans le cadre d’un partenariat public-privé entre le gouvernement et une société sud-africaine, Africom Commodities. Il devait utiliser 80.000 hectares de terres pour la production de maïs et d’autres cultures. L’État a dépensé près de 100 millions de $US d’argent public dans le projet.
Cependant, trois ans après son lancement, le projet s’effondrait en 2017. AFRICOM invoquait les coûts élevés et le manque de fiabilité des plans et des paiements du gouvernement. En juillet 2018, l’entreprise intentait une action en justice contre la RDC pour non-paiement de ses dépenses.
Le gouvernement congolais blâme quant à lui AFRICOM pour cet échec». Le sénateur MLC Jacques Ndjoli est à la charge : des produits (farine de maïs, riz, etc.,) estampillés Bukanga Lonzo vendus à Kinshasa sont en réalité venus d’ailleurs.
La pub, balancée en boucle, notamment sur la Rtnc, d’une femme dégustant du maïs BL n’est qu’attrape-nigaud. Ndjoli va, bien au contraire, se retrouver sur le brasero d’une presse stipendiée pour faire éloges et dithyrambes du Premier ministre honoraire. Le mensonge d’État sera mis à nu au lendemain du départ de Matata de l’Hôtel du Conseil.
ALUNGA MBUWA.