Les aéroports congolais en voie de se transformer

Les aéroports congolais en voie de se transformer

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1598|lundi 20 NOVEMbre 2023.

 

Félix-Antoine Tshisekeki Tshilombo est le premier à le dire publiquement. Le système de transport dans ce vaste Congo est resté trop longtemps en arrière, constat fait à plusieurs reprises par le Chef de l’État.

Il va du transport routier comme du transport fluvial, lacustre, aérien pour un pays aux dimensions d’un Continent.

Avec ses 2.345.410 km2, qui, en l’espèce, est le deuxième plus grand pays du Continent après l’Algérie ; qui se positionne en l’espèce à la onzième place au monde ; qui est trente-trois fois plus grand que le Benelux ; quatre fois plus que la France; quatre-vingt fois plus grand que la Belgique ; juste inférieure au quart de la superficie des États-Unis d’Amérique! Un Congo où il n’y a ni route, ni système de navigation fluviale, alors qu’il est traversé de l’Ouest à l’Est par l’un des plus grands fleuves du monde, et… ni compagnie aérienne avec des avions de ligne qui permettrait la mobilité.

Une mise à niveau de la cinquantaine d’aéroports internationaux, nationaux et des aérodromes dans ce vaste pays permettrait au vaste Congo d’attirer nombre de compagnies aériennes internationales sur nos aéroports et aérodromes nationaux comme c’est déjà le cas pour Ethiopian, Kenya Airways, Air Tanzania, des compagnies sud-africaines, etc. Voilà qui monterait en puissance la Régie des Voies Aériennes-SA.

Sauf que les infrastructures de la RVA-SA sont restées à «l’époque de l’homme de Neandertal ou de Cro-Magnon». Constat fait le 7 novembre dernier par le président du Conseil d’Administration, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba, à l’Aéroport International de N’Djili, à Kinshasa, qui poursuivait ses visites des entités aéroportuaires entamées dès le lendemain de sa nomination il y a environ trois mois.

À N’Djili, le président du Conseil d’Administration avait failli s’évanouir au vu du spectacle qu’offrent les installations de cet aéroport International.

À la tête d’une délégation du Conseil d’Administration de la RVA-SA, il avait visité tour à tour les salons ministériel et diplomatique récemment réfectionnés, le hall des arrivées nationales, le hall de retrait des bagages, la salle des départs nationaux, l’ex-restaurant de l’Inter-Continental qui a cédé la place à un nouveau, le restaurant Ciel, le hall de départs de l’aérogare modulaire, édifice construit pour cinq ans d’exploitation mais en dépassement de trois ans, la tour de contrôle, le bureau d’approche, le centre de contrôle régional, la caserne anti-incendie, la centrale électrique, etc.

 

PARTOUT MÊME SPECTACLE DÉSOLANT.

Partout le même spectacle désolant pour un aéroport international au XXIème siècle.

Dans la salle des départs ou des arrivées des vols nationaux, plafonds totalement détruits, toiles d’araignée sur des têtes de voyageurs, toilettes infréquentables, foule immense de commerçants qui vendent tout partout voire à même le sol, etc. N’Djili est tout sauf un aéroport. Il s’agit pourtant de la Capitale du pays, la principale porte d’entrée du pays.

Ce cas n’est malheureusement pas isolé. À la Luano, l’aéroport international de Lubumbashi dans le Haut Katanga ; à Goma, aéroport international, capitale du Nord Kivu à propos duquel un courrier en ampliation du Directeur Général de l’Autorité de l’Aviation Civile, AAC-RDC adressé au Président du Conseil d’Administration de la RVA-SA, a été porté à la connaissance des Administrateurs à la réunion du Conseil d’Administration de vendredi 17 novembre.

Le Directeur Général de l’AAC y écrit sur cet aéroport International récemment visité par le Président du Conseil d’Administration de la RVA-SA, une situation de dégradation avancée, une catastrophe. « Les avancées en matière de sûreté de l’aviation ne sont pas significatives ; une vulnérabilité accrue persiste sur l’aéroport de Goma suite à beaucoup de non-conformités majeures». Il cite des cas : «absence du cadre réglementaire de base sur la sûreté d’un aéroport, à savoir, le programme de sûreté d’aéroport, le programme de formation, le programme de contrôle qualité et le plan de gestion des crises ainsi que le programme de facilitation » ; « non-désignation des zones de sûreté à accès réglementé»; « allocation insuffisante des moyens requis à la Division sûreté pouvant lui permettre de remplir efficacement sa mission » ; «utilisation massive du personnel temporaire non formé et non qualifié dans la mise en œuvre des mesures de sûreté ; «multiples cas d’intrusion sur la piste»; « accès incontrôlés sur la piste à partir des entrepôts CAA/NAS et DGDA»; « érection des constructions en matériaux durables sur les bandes de piste vers le seuil 35 de la piste » ; «manque de formation et de qualification du personnel commis à la sûreté conformément aux normes nationales et internationales» ; «absence des activités de contrôle qualité » ; «inefficacité de mesures de sûreté sur les personnes, les véhicules et les objets transportés aux postes de contrôle d’accès et d’inspection-filtrage»; « absence de port apparent de badges par les usagers de l’aéroport » ; « mauvais comportement du RX » ; « défectuosité des équipements de sûreté, non entretenus et non acceptés par l’AAC/RDC»; « manque de protection de la zone de tri-bagages»; «absence d’un bureau en charge de la délivrance des titres d’accès » ; « non respect de plusieurs exigences en matières de facilitation ».

L’AAC aurait pu poursuivre cette liste.

Mais « quand on a lu ce courrier de l’Autorité de l’Aviation Civile, que dire? Sommes-nous comme RVA-SA vraiment dignes d’exister ? Quelle note l’OACI dont la visite de la mission d’audit est imminente pourrait décerner à nos aéroports? Sommes-nous conscients ou inconscients de cette situation ? N’avons-nous pas la capacité de faire face à toutes ces situations pour la sûreté et la sécurité de ceux qui voyagent?». Ainsi, s’est interrogé le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba, face aux Administrateurs et Censeurs, lors de la réunion du Conseil d’Administration du 17 novembre.

De poursuivre : «Chers Collègues, permettez-moi de rappeler un bout de texte que j’ai prononcé lors de ma communication à la réunion du Conseil d’Administration du 27 octobre dernier». «Je cite : « Permettez-moi d’évoquer la douloureuse expérience que nous avons vécue lors de la tenue de l’Assemblée Générale Ordinaire du 28 septembre lorsque l’État Actionnaire Unique a pris la décision gravissime et donc douloureuse consistant à ne pas approuver les États financiers de la RVA-SA pour l’exercice 2022 dont nous avons porté la responsabilité au nom du principe de la continuité du service public de l’État (…) Faut-il ajouter que ce rejet des États financiers de la RVA-SA se produisait malheureusement pour la deuxième année consécutive » (…).

« La conséquence du rejet des États financiers 2022 aurait conduit l’État Actionnaire Unique à ne pas renouveler le mandat de notre Conseil d’Administration qui venait d’être nommé trois mois avant. Si notre Conseil d’Administration a été sauvé de justesse, c’est puisque notre Conseil d’Administration avait une bonne perception des problèmes qui accablent le fonctionnement de la Régie des Voies Aériennes-SA et avait affiché une ferme volonté de redresser cet état de choses en changeant fondamentalement de paradigme».

« Dès lors, l’État Actionnaire Unique a estimé que notre Conseil d’Administration était en mesure de face à la situation de crise dans laquelle la RVA-SA tend à se vautrer indéfiniment ». « L’État Actionnaire Unique nous a fait observer, à l’Assemblée Générale Ordinaire, que l’absence de contrôle permanent et celle du suivi actif de la gestion de la RVA-SA par le Conseil d’Administration de la RVA-SA sont à la base de la situation actuelle tant décriée». (Je reprends). Et j’avais conclu ce qui suit : «Afin de parer demain à toute éventualité, j’invite ici et maintenant notre Conseil d’Administration à poser ses marques en faisant du contrôle permanent de la gestion son leitmotiv». «Notre Conseil d’Administration doit agir aujourd’hui et maintenant, agir aujourd’hui et maintenant vite sans atermoiements ni précipitation (bien sûr)»».

Heureusement que le Congo attire, il continue d’attirer. Ce ne sont pas des projets de partenariat public-privé qui font défaut à la RVA-SA.

Pour le PCA de la RVA-SA, face à «cette situation inacceptable de nos aéroports, nos installations aéroportuaires doivent s’adapter à l’époque contemporaine. Nous devons analyser la situation de la RVA-SA en tenant compte du contexte et des perspectives du changement au plan de la modernité et à celui des enjeux dans le secteur de l’aviation civile. Nous ne pouvons nous opposer systématiquement à toutes les initiatives qui proviendraient de partenariat Public-Privé. Nous devons au contraire mener des réflexions profondes en se référant à la grille d’analyse adaptée à l’évolution du monde et à celle de secteur de l’aviation, en incluant le personnel en tenant compte de son sort, les syndicats. Il convient de noter que la coopération, le partenariat, la négociation et surtout la communication s’imposent aujourd’hui comme des mécanismes à travers lesquels les entreprises mobilisent des ressources financières additionnelles dont la captation dépend de plusieurs facteurs».

ALUNGA MBUWA.

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