À Kinshasa, la Société civile de Masimanimba dénonce un complot d’effacement
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1603|LUNDi 19 FÉVRIER 2024
Ils avaient vu cela sans que nul autre sur Masimanimba, dans Masimanimba et dans sa diaspora n’ait vu, mieux, sans que nul autre dans cet espace n’en ait pris conscience, en vérité, sans que nul autre n’en ait pris vraiment conscience.
D’une part, l’incroyable absence de sanctions prises à l’encontre des agents de la CÉNI, la Commission Électorale Nationale Indépendante, mêlés dans la distribution des DÉV, les Dispositifs Électroniques de Vote ou machines à voter, et, du coup, au cœur du chaos électoral observé et dénoncé dans la circonscription de Masimanimba. Puis de l’autre, la mise à l’écart de la circonscription dans l’élection des dirigeants de l’Assemblée provinciale du Kwilu et, du coup, des dirigeants de la province (gouverneur, vice-gouverneur, ministres) et, à l’échelle nationale, des sénateurs.
Dans leurs prises de position publiques, le Réseau des femmes, celui des Droits de l’Homme, les Confessions religieuses, le Cadre de Concertation des filles et fils de Masimanimba, la notabilité de Masimanimba, etc., regroupés au sein de la NSC, la Nouvelle Société Civile Congolaise, ont été percutants, le moins que l’on puisse dire.
Partant du fait que ces DÉV sont la propriété exclusive de la CÉNI et de la CÉNI seule, qui les avait fait venir de Kinshasa au chef-lieu du territoire pour les opérations de vote du 20 décembre 2023 et les avait gardés ou devait logiquement les garder dans ses installations, à Masimanimba et dans les différents centres de vote de la circonscription, la société civile de Masimanimna s’interroge sur le mystère de la sortie/de la disparition de ce matériel trouvé entre les mains des candidats aux élections législatives nationales et provinciales, dans leurs habitations, dans leurs véhicules ou des proches des candidats qui ne pouvaient en aucun cas le détenir.
Et la question centrale conséquente: ce matériel aurait pu se trouver entre les mains des individus autres que les membres de la CÉNI sans que la CÉNI n’en soit au courant et n’informe le public sur ce mystère ?
Conclusion de la NSC et des Fils et Filles de Masimanimba : il y a bien eu protection des agents locaux ou nationaux de la CÉNI par les dirigeants de la CÉNI et, du coup, complot ourdi contre le territoire de Masimanimba. La société civile de Masimanimba pousse plus loin le questionnement : comment la CÉNI peut-elle organiser des élections des dirigeants de la province et des sénateurs avant la reprise des élections de Masimanimba qu’elle a, elle-même, annulées et dont l’annonce d’annulation faite le 6 janvier, par un communiqué, invoque «des actes de fraude, de corruption, de vandalisme du matériel électoral, d’incitation à la violence, de détention illégale de dispositifs électriques de vote le jour du scrutin » mais qu’elle a convoquées pour le 28 avril, soit bien plus tard ?
POUSSONS L’ANALYSE PLUS LOIN.
Qu’est-ce qui pourrait expliquer la mise à l’écart d’une circonscription qui compte quatorze (14) députés dont neuf (9) provinciaux y compris un chef coutumier et cinq (5) nationaux ? Ne s’agit-il pas d’une opération d’effacement-élimination d’une circonscription électorale majeure mais par qui? Qui en voulait (qui en veut) à la circonscription de Masimanimba ? Et, poussons le questionnement plus loin encore, pourquoi ?
Alors que s’élude l’émotion qui s’est répandue sur les habitants après ces événements surprenants, d’autres questions restées toujours sans réponse sont posées: le chaos électoral observé dans le pays avait-il été si profond, si particulier dans les dix secteurs de Masimanimba – et dans la province du Nord-Ubangi, dans le Grand Équateur, précisément dans le territoire de Yakomba, autre circonscription dont les scrutins ont été annulés – qu’ailleurs ?
Si oui, pourquoi la CÉNI ne s’est jamais expliquée à ce jour sur ce phénomène lors d’une communication publique ou d’une conférence de presse, ce qui aurait renforcé sa crédibilité? La CÉNI, en communiquant sur ces événements, n’aurait-elle pas contribué à la formation des populations (aux électeurs) des circonscriptions visées, et, généralement, au pays, à mieux se prendre en charge, à s’assumer face aux attitudes de certains hommes politiques ?
Parmi toutes ces questions qui fusent, comment oublier celle qui s’interroge sur le pourquoi de la publication par la CÉNI des noms des candidats sans les avoir invités et écoutés, celle de la publication des listes des circonscriptions et des candidats mis en cause dans le chaos électoral («les actes de fraude, de corruption, de vandalisme du matériel électoral, d’incitation à la violence, de détention illégale de dispositifs électriques de vote ») en s’arrêtant net alors que les responsables de la CÉNI avaient annoncé le même 5 janvier qu’ils disposaient d’une nouvelle liste d’une centaine d’autres candidats mêlés dans la fraude électorale ? Où la CÉNI en est-elle désormais avec cette seconde liste dont nul ne parle plus ?
Les dirigeants du pays, en tête, le Président de la République, Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo certes très occupés ces derniers jours par la situation sécuritaire qui prévaut dans les Kivu, ne devraient-ils pas être saisis de cette situation et sensibilisés afin qu’ils s’en préoccupent ? S’agissant de la démocratie, de la représentation du peuple, comment accepter de mettre de côté, sans expliquer pourquoi, des circonscriptions et, donc, des communautés du pays ?
Et, dans ce cas, comment ces circonscriptions ainsi effacés, se retrouvant sans aucun représentant au niveau des institutions nationales et provinciales, réagiraient-elles ? Seraient-elles toujours des circonscriptions congolaises ? Des dirigeants à la tête de la province ou de certaines institutions nationales auraient quelle légitimité ou comment seraient-ils perçus dans ces circonscriptions dont les voix n’auraient pas été sollicitées ? Comment ces circonscriptions se reconnaîtraient-elles dans ces individus et dans ces pouvoirs ? N’est-ce pas créer des problèmes quand le pays est à la recherche de l’harmonie et de la cohésion ?
Plus grave : ne s’agit-il pas de cette CÉNI désavouée par la haute cour du pays, la Cour constitutionnelle qui, dans un arrêt en lien avec des contentieux électoraux, rendu public le 8 février, a déclaré que la centrale électorale s’était octroyée des pouvoirs qu’elle n’avait pas ? Selon l’arrêt de la Haute Cour lu par son président, Dieudonné Kamuleta Badibanga, la Commission Électorale Nationale Indépendante « n’est pas compétente d’invalider des candidats et elle ne devrait jamais refaire cela ».
Ce camouflet infligé à la CÉNI par la Cour constitutionnelle pourrait-il être sans conséquence pour une institution citoyenne ? En clair, la CÉNI s’est-elle grandie après ce processus électoral ?
Ce sont toutes ces questions posées lors de plusieurs initiatives – dont des marches pacifiques – déployées instantanément dans la cité de Masimanimba et à Kitoy, le chef-lieu du secteur de Kitoy, qu’une importante délégation comprenant notamment le président de la NSC, Me Mayi Kingansi, le président du Cadre de Concertation des filles et fils de Masimanimba, Anicet Lundikisa, le porte-parole de la NSC, Emmanuel Nakahosa Masamba, a voulu porter en faisant un déplacement à Kinshasa.
But de la mission : rencontrer et échanger avec le président de la CÉNI, Denis Kadima Kazadi, le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, Me Peter Kazadi Kankonde et le cercle proche du Président de la République.
S’ils n’avaient pas rencontré Denis Kadima Kazadi, malgré plusieurs tentatives, ils avaient pu avoir un échange avec un proche du Chef de l’État. Il s’agit de Tony Kanku Shiku, le Haut Représentant du Président de la République auprès du Regroupement politique Alliance des Acteurs Attachés au Peuple, AAAP.
Cette rencontre qui avait eu lieu samedi 11 février était marquée de chaleur. Tony Kanku Shiku, avait rappelé comment la cité de Masimanimba s’était mobilisée jusqu’aux petites heures du matin pour l’attendre et l’accueillir lors de son passage pour la ville de Kikwit, à deux heures de route de Masimanimba, lors de la campagne électorale, tout comme comment la même cité avait surpris le Président Candidat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, lors de son passage pendant la campagne au point qu’il avait pu prononcer des mots que nul à Masimanimba n’oubliera.
« Masimanimba, vous m’avez fait contracter une dette envers vous. Jamais nulle part ailleurs dans le pays, tout au long de cette campagne, je n’ai reçu un accueil comparable avec celui que j’ai eu ici dans le Kwilu », avait-il déclaré dans son meeting.
Ces mots avaient-ils alerté les adversaires de Masimanimba qui venait ainsi de gagner au point de les amener à passer à l’action?
D.DADEI.