L’ex-conseiller spécial devant la Cour militaire
Jean-François Beya wa Kasonga, ancien conseiller spécial du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en charge de sécurité était vendredi 3 juin devant les juges de la haute cour militaire à Kinshasa. Avec ses cinq co-accusés, son secrétaire particulier Guy Vanda Nowa, son directeur de protocole, le colonel David Cikapa Tite, le commissaire supérieur principal Lily Tambwe Mauwa, le lieutenant-colonel Pierre Kalenga, le brigadier Tonton Twadi Sekele en fuite.
Selon la citation à comparaître, citée par divers médias congolais et étrangers dont Rfi, Radio France Internationale et Jeune Afrique, tous sont poursuivis pour avoir, entre 2020 et début février 2022, «participé à un complot en vue d’atteinte contre la personne du président de la République».
Le procureur militaire affirme que François Beya, sans autorisation du ministère de la Défense et de la Présidence de la République, aurait ordonné à un colonel, chef de son protocole, d’acheter du matériel militaire auprès d’une société belge : «trois tenues militaires, un polo militaire, un sac à dos, une paire de bottines et deux ceinturons».
DES AUDIO SUR LE RESEAU WHATSAPP.
L’autre accusation porte sur des liens qu’avaient maintenu l’ancien conseiller spécial et certaines figures controversées de l’entourage de l’ancien président Joseph Kabila.
En 2021, Jean-François Beya wa Kasonga se serait rendu à Harare, au Zimbabwe, pour y rencontrer en personne le général fugitif, John Numbi Tambo Banza, ancien inspecteur général de l’armée et principal suspect dans l’assassinat de deux défenseurs des droits de l’homme, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.
L’auditorat militaire soupçonne John Numbi Tambo Banza de s’activer au recrutement d’anciens miliciens congolais réfugiés en Angola et en Namibie pour renverser le régime en place.
Le procureur militaire retient contre l’ex-conseiller spécial, qui fut aussi directeur général de la Migration, le fait de n’avoir pas livré au président des informations «sur des projets ou actes de trahison ou d’espionnage». Dont des «actes préparatoires de déstabilisation du pouvoir de Kinshasa à partir de la Tanzanie suite à la mutualisation des forces entre la RDC et l’Ouganda».
L’ancien patron de la sécurité nationale aurait aussi dissimulé l’existence d’un réseau d’infiltration des miliciens Bakata Katanga dans les grandes villes du Katanga. Le procureur retient des propos injurieux tenus à l’encontre du chef de l’État. Pour cette charge, la justice militaire dit disposer des messages audio prélevés sur le réseau WhatsApp.
L’audition de vendredi n’a duré qu’une trentaine de minutes avant d’être remise à une semaine.
Dès l’ouverture du procès organisée sous une tente dans l’enceinte de la prison centrale de Makala en présence d’une trentaine de membres des familles des prévenus, les avocats de la défense ont sollicité une liberté provisoire après l’identification des différentes parties au procès et de communication des griefs à charge des prévenus. «L’audience d’aujourd’hui a consisté tout simplement à l’identification des prévenus et à leur donner connaissance des charges portées contre chacun d’eux. Notre demande de liberté provisoire n’a pas été examinée aujourd’hui. Elle sera examinée le vendredi prochain » (10 juin, ndlr) a confié l’un des avocats après une séance à laquelle les journalistes n’étaient pas admis. C’est le 5 février 2022 que l’ancien conseiller spécial en matière de sécurité avait été arrêté par l’ANR, l’Agence nationale des renseignements et détenu pendant deux mois dans ses cachots. Le 4 avril, il avait été transféré à la prison centrale de Makala. Le 4 mai, le prévenu a été déféré devant la Haute Cour militaire pour être jugé.
avec AGENCES.