La grande cité de Kitoy n’avait jamais eu de l’eau, elle vient d’être dotée d’un premier forage
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1584|LUNdi 19 JUIN 2023.
Elle n’avait jamais imaginé ça nulle part ! C’est le moins que l’on puisse dire !
Le mardi 3 janvier 2023, un natif du secteur se trouvait en visite de sensibilisation et de mobilisation de la cité à l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs lancée le 24 décembre 2022 dans l’Aire Opérationnelle n°1 par la Commission Électorale Nationale Indépendante. Né à Kindambi, dernier village que l’on rencontre sur sa route à l’approche du chef-lieu du secteur de Kitoy en venant de Masimanimba, chef-lieu du territoire du même nom à deux heures de route, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba avait rendez-vous ce jour-là avec cette contrée, l’un des dix secteurs du territoire de Masimanimba, dans la province du Kwilu. Une province présentée par la CÉNI comme l’une des cinq provinces Swing States du pays avec les Nord et Sud Kivu, le Haut Katanga, l’Ituri (lire pages 8 et 9).
En d’autres termes, si on écarte Kinshasa, ville mégapole qui compte aussi une puissante diaspora kwiloise, le Kwilu est l’une des provinces qu’un candidat à l’élection présidentielle doit à tout prix conquérir et emporter s’il veut être élu Président de la République du Congo.
«Masa, Masa, Masa, Masa…».
Une visite de routine certes pour le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba sauf que ce fut la toute première fois depuis près de cinq ans – depuis la tenue des scrutins de décembre 2018 où il avait été directeur de campagne pour l’Espace Grand Bandundu du Candidat CACH Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo – que le président du Parti pour l’Action, P.A en sigle, revenait dans cette partie du pays. Secteur d’origine de sa mère où il a entrepris ses études primaires, Kitoy accueillit le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba comme à chacun de ses passages. C’est-à-dire en triomphe, en chants et en danses mais ce mardi 3 janvier 2023 ce fut sans doute jamais comme avant.
À la tête d’une foule énorme de jeunes, de personnes de tous âges, de tous sexes, il fit à pied, de part en part, le tour de la cité mais se surprit, au bout de quelques minutes, d’entendre un mot «Masa, Masa, Masa, Masa…», revenant avec récurrence, dans une chanson chantée par la foule marchant derrière lui. Au bout d’une trentaine de minutes de réel trouble dans une chanson qu’il entendait pour la toute première fois, le Professeur finit par se décider de demander à l’un de ses accompagnateurs ce que voulait dire exactement. En clair, si ce mot portait un message subliminal…
– « Ils n’ont pas d’eau. Depuis qu’ils sont nés, il leur faut marcher des kilomètres à pied pour aller chercher avec un bidon ou un bassin un peu d’eau à une source desséchée bien loin au fond de la vallée. C’est trop pénible. L’eau est une denrée rare ici. Clairement, ils réclament un forage d’eau potable à ériger ici à la cité…».
Trop fort comme message. L’eau c’est la vie…
Arrivé à la Place Centrale qui donne sur les bureaux du secteur où la foule s’était amassée et où il devait prendre la parole, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba comprit tout de suite qu’il n’avait aucun autre choix sinon celui de faire montre de responsabilité en répondant à cette demande de la population de Kitoy.
– « Oui, chères mamans, chers papas, chères sœurs, chers frères, chers oncles; vous avez été très clairs, dit-il aux habitants qui avaient marché avec lui. Oui, je vous ai entendus. Oui, je vous ai compris. Vous avez dit que vous n’avez pas d’eau ici ; que vous voulez l’eau à la maison. L’eau c’est la vie. Et vous avez raison. Sans elle, personne ne peut être. Sans elle, vous ne pouvez pas faire pousser une fleur. Sans elle, aucun arbre ne peut pousser. Sans elle, maman ne peut préparer notre Madioku. Les nutritionnistes conseillent de boire plusieurs bouteilles d’eau par jour. L’eau c’est effectivement la vie. Le respect et la dignité commencent par l’eau. L’hôpital a besoin de l’eau, les écoles, etc. Je me charge de répondre à cette demande. Avec la grâce de Dieu, je saurai être à la hauteur… Croyez-moi ».
Mercredi 14 juin, moins de six mois après cette promesse, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba remet pied sur la cité.
À la tête d’une importante délégation de son parti – le Parti pour l’Action, P.A – venue de Kinshasa depuis une semaine et qui séjournait à la cité de Masimanimba, à deux heures de route de la cité de Kitoy, devant des cadres du P.A dont certains se trouvaient là la veille en équipe d’avance, devant l’autorité du territoire Émery Kanguma Hioka, devant des chefs des villages et des chefs de groupements, vêtus de leurs tenues traditionnelles, devant de nombreuses personnes dont certaines arrivées à pied des villages environnants pour voir et vivre de leurs propres yeux l’événement historique, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba, un verre rempli d’une main de vin de palme, de l’autre, d’une noix de cola, comme c’est de tradition ici, dans une ambiance féerique, coupe le ruban symbolique et ouvre le premier des six robinets d’eau sortis d’un panneau de béton armé revêtu d’un beau carrelage multicolore.
« L’EAU A COULÉ, OUI ou NON ? »
Le médecin chef de secteur, le Dr David Kibabu atteste que l’eau est potable et qu’il l’avait examinée peu avant et avait pris goût depuis que le robinet boire régulièrement et, sur le coup, il en avale une gorgée devant la foule comme pour donner le go.
S’ensuivent des discours : celui de l’Administrateur du territoire, puis du chef de secteur Dieudonné Mbakata, enfin, de l’entrepreneur Kiaya Katiete Nono au nom de l’ONGD FECO Sarl, qui, la veille, avait terminé la réalisation de l’ouvrage.
Puis, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba toujours en compagnie de la foule de se diriger vers la Place Centrale pour s’adresser à la population, celle de Kitoy, celle de Masimanimba, celle du Kwilu, celle du Grand Bandundu, celle du Congo.
En français et dans deux des langues locales – le Kikongo et le Kimbala – qu’il maîtrise le mieux, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba raconte l’histoire de cette fontaine d’eau et de son réseau de distribution, l’un des deux premiers projets dont va se doter la cité de Kitoy.
Il dit s’y être personnellement investi, avec en l’espèce des fonds propres pour faire face à une situation qu’il considérait comme d’extrême urgence.
Il fallait d’abord lancer un appel d’offres, sélectionner un entrepreneur professionnel éprouvé, le recruter, discuter des conditions de travail, rédiger un contrat dans des termes consensuels, le signer, payer, commencer les travaux, les réaliser dans le délai…
«Même si je me trouvais à l’étranger, aux États-Unis d’Amérique et en Europe, je n’avais d’yeux et d’oreilles que sur Kitoy, dans Masimanimba, et sur ce projet. Nous avons discuté de tout par téléphone, par WhatsApp… En attendant de passer sur un autre secteur de notre territoire où nous allons aller, où nous devons aller… », déclare le Président National Historique du Parti pour l’Action. Puis : « Depuis aujourd’hui, nous avons une eau, une eau si claire, une eau potable ; Kitoy dispose d’une eau potable qui coule en permanence ; que mêmes nous à Kinshasa, à Binza, dans la commune de Ngaliema, n’avons pas avec la Régideso. Cette eau vient de notre sol ; là où reposent nos Ancêtres. C’est une eau bénie…». Puis : « À partir de maintenant, à partir de ce premier ouvrage, il nous faut inventer un système de gestion ; nous devons mettre en place, nous allons mettre en place un comité de gestion et de la meilleure gestion. De cet ouvrage doivent sortir d’autres ouvrages qui vont faire la fierté du siège des institutions de notre secteur. Il nous faut voir les exemples d’ailleurs… Si eux réussissent, nous devrions nous aussi réussir ».
Finalement, que des chansons, que des danses, que des groupes des femmes, que des larmes de joie, que des témoignages !
Les témoignages ? Ils sont si nombreux. Ils viennent de partout, de l’Administrateur du territoire, des chefs de groupements ou du chef du secteur, de la population elle-même, des jeunes, garçons et filles. La joie est à son comble…
L’un d’eux a ces mots : « Ce n’est pas à notre Excellence, à notre Honorable Kin-kiey de prendre la parole aujourd’hui. C’est à nous. Nous en savons plus pour témoigner à la face du monde ce qu’il a entrepris ici».
Deux autres femmes dont une jeune, l’une parle en Kiyanzi, l’autre en Kimbala s’arrachent avec fierté les micros des journalistes : « Il aura des centaines de milliers de voix à Kitoy pour les services qu’il nous rend. Il n’existe à Kitoy, dans le Kwilu, dans le Grand Bandundu, aucun leader qui l’égale. Que le Bon Dieu le couvre de toutes ses grâces et qu’il continue à nous offrir tout ce qu’il fait à ce jour et de mieux en mieux…».
Même message depuis Kinshasa répété à l’envi par une adolescente arrivée de Kitoy et qui endurait ce calvaire. «Nous sommes sauvés», dit-elle sans arrêter.
T.MATOTU.