Le gouvernement travaille à stopper l’envolée du cours du dollar

Le gouvernement travaille à stopper l’envolée du cours du dollar

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1588|LUNdi 24 JUIllet 2023.

Deux moments forts en début de semaine, lundi 17 juillet. D’abord une « réunion de crise » présidée au Palais de la Nation par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Face à lui, à sa droite : le Premier ministre, chef du Gouvernement Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, le Vice-premier ministre en charge de la Défense Jean-Pierre Bemba Gombo, le ministre des Finances Nicolas Serge Kazadi Kadima-Nzuji, l’inspecteur Général des Finances Jules Alingete Key, etc. Et, à gauche, le ministre d’État au Budget Aimé Boji Sangara Bamanyirue, le porte-parole du Gouvernement Patrick Muyaya Katembwe, la gouverneure de la Banque Centrale du Congo, Malangu Kabedi Mbuyi, le secteur bancaire, le patronat. Objet de la réunion : l’état de l’Économie du pays ; la stabilisation du taux de change du franc congolais face au dollar américain. Et, plus tard, dans la soirée du même lundi, l’annonce par le ministre des Finances Nicolas Serge Kazadi Kadima-Nzuji, devant les médias, lors d’un briefing hebdomadaire, d’une série de mesures d’urgence arrêtées à la réunion du Palais de la Nation.

L’INCROYABLE DÉPRÉCIATION DU CDF.
Incroyable – rien de moins – cette envolée du taux de change du dollar américain face au franc congolais. Face au billet vert, la monnaie nationale a chuté de presque 20% ces derniers jours ! Lundi 17 juillet, 1 $US s’échangeait contre 2.500 CDF. Face à cette situation critique, le gouvernement n’a pas eu un autre choix que celui d’une thérapie de choc. D’abord et, sans délai, stopper cette hémorragie financière qui pouvait faire vaciller toute l’économie du pays, ensuite, travailler, dans un second temps, en vue de faire revenir le taux de change à la situation d’avant l’envolée, soit, à au moins 1 $US contre 2.300 CDF.
Les mesures d’urgence arrêtées à la «réunion de crise » et annoncées par le ministre des Finances? L’intervention sur le marché de la Banque Centrale du Congo, BCC, en déversant des $US. Avec un stock de devises évalué à 4,2 milliards de $US, elle en dispose les capacités. Depuis que ces interventions ont commencé, il s’observe un début de retournement de situation. Ensuite, les entreprises, pour le paiement de leurs impôts, n’ont plus désormais à recourir à une monnaie autre que la monnaie nationale, le CDF. Le but est de créer le besoin du CDF sur le marché de change, de faire rechercher la monnaie nationale plutôt que le $US. La manœuvre est simple: plus le marché recherchera la monnaie nationale, plus celle-ci reprendra de la valeur…
En même temps, le gouvernement va travailler, en lien avec la BCC, à surveiller la qualité de la dépense publique. Il s’agit de veiller à renforcer le suivi du plan de trésorerie, notamment le contrôle de l’offre et de la demande de la devise, de l’offre et de la demande du CDF. Plus clairement, déclare le ministre Nicolas Serge Kazadi Kadima-Nzuji, « dans cette trésorerie, nous allons veiller de sorte que les dépenses en cash soient évitées ou limitées au strict minimum. Nous allons être beaucoup plus stricts ; nous allons proscrire tous les paiements qui se font au guichet de la Banque », déclare devant les médias le ministre. En clair, désormais plus aucun paiement du Trésor public ne sera effectué au guichet de la Banque Centrale.
Le ministre rappelle l’obligation légale à laquelle les banques congolaises sont soumises, à savoir, le retrait en cash limité à 10.000 $US.
« Nous allons renforcer l’application de cette disposition pour réduire les sorties de la monnaie en espèces, en l’occurrence, la devise, et éviter que ces espèces ne se retrouvent sur le marché de change (…) Nous allons proscrire tous les paiements qui se font au guichet de la banque centrale. Nous allons réduire les sortis des espèces. L’objectif est de réduire la demande en devise pour privilégier la demande en CDF ».

FAIRE CONFIANCE AU CDF.
Sur le plan de la politique monétaire, la BCC va réguler le flux en CDF à travers un taux directeur et opérer le changement sur la politique de ses réserves.
Puis, Nicolas Kazadi invite ses compatriotes à faire confiance au franc congolais. « Nous devons avoir le courage d’épargner en franc congolais, parce qu’il est mieux rémunéré. Il faut donc changer la mentalité, voire la culture par rapport à l’utilisation du franc congolais. À long terme, nous devons produire au Congo des produits congolais et le faire en franc congolais ».
Lors du briefing, Nicolas Kazadi fait part d’« une situation contradictoire». « En même temps que les réserves de change se sont accrues, grâce au résultat de l’économie, en même temps, on a une forte rareté de devises sur le marché due à la hausse de la demande et aussi à l’accroissement du CDF ». Sur le marché interbancaire, « en 2022, le pays a produit 2,5 millions de tonnes de cuivre contre 1,9 millions de tonnes en 2021. Tout cela devrait se traduire par une augmentation des dépôts bancaires en devises. Malheureusement, on constate que les dépôts bancaires en devises ne sont pas au même niveau que l’indique l’accroissement des recettes d’exportation », se désole-t-il. Sur le marché parallèle, le ministre fait état du phénomène de « déplacement de Franc congolais vers la devise ». « Lorsque nous faisons le paiement en franc congolais en dépit de l’équilibre, lorsqu’il y a un signal de dépréciation du taux de change, les gens déplacent leur portefeuille de franc congolais vers la devise. Ce déplacement de franc vers la devise a pour conséquence d’exercer une pression sur le taux de change ». Et aussi, « lorsqu’on procède au paiement en francs congolais, cela se traduit par une demande supplémentaire de devises sur le marché de change».

IL N’Y A PAS DE PLANCHE A BILLET.
Puis : « Dans un contexte où les réserves de change internationales sont en hausse à 4,2 milliards de $US, cela devrait conduire à l’abondance des devises sur le marché de change. Ce qui n’est malheureusement pas le cas chez nous ».
Il explique la rareté de la devise sur le marché par deux phénomènes. D’abord, la hausse de la demande de la devise, principalement le $US. La tendance économique, souligne-t-il, obéit à la trilogie « Investissement-Devises-Importations ».
« Lorsqu’on veut investir, cela nécessite des devises pour réaliser des importations, surtout dans le contexte de notre pays», explique-t-il. Secundo : Accroissement des liquidités en CDF. Pour le ministre, le phénomène d’accroissement des liquidités en CDF peut être dû à certains mécanismes observés sur le marché. Cela dit, malgré les fortes agitations sur le marché de change, les finances du pays ne sont pas en situation de dérapages. «Nos dépenses publiques sont couvertes par les recettes publiques qui, malheureusement, ne sont pas aussi importantes que cela était prévu, mais elles restent importantes. Au-delà des recettes propres, il y a bien entendu des Obligations du Trésor et des Bons du Trésor qui contribuent à un financement sain et les appuis budgétaires qui sont, cette année, sensiblement importants. Toutes les dépenses effectuées par le Gouvernement ont une couverture saine qui n’est pas supposée être inflationniste. Il n’y a pas de planche à billet et il n’y en aura pas ».

D. DADEI.

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