Il est temps que le Congo se dote des routes macadamisées et élargisse d’autres voies

Il est temps que le Congo se dote des routes macadamisées et élargisse d’autres voies

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1595|lundi 9 octobre 2023.

Il n’est plus possible à Kinshasa de prendre le volant, de se mettre en route, de partir et de revenir. Quand on sort de chez soi, on est déjà à faire du surplace ; on se demande quel jour on partira et si on partira un jour et quel jour on arrivera à destination et si on arrivera…

À Kinshasa, première ville du pays avec ses 17 millions d’habitants, ce qui la positionne comme troisième agglomération du Continent après Le Caire en Égypte et Lagos au Nigeria, quand on quitte la maison pour se rendre au travail ou pour aller faire des courses, on est à se demander ce qu’on a fait au bon Dieu…

 

AU FOND, Faut-il les en empêcher ?

Face à vous, ce sont soit des «Ketchs» (les petites voitures taxis), soit des «Wewas» (les taxi-motos se déplaçant toujours à grande vitesse et se transformant en avalanche à certains moments), des chariots (pousse-pousse) surchargés, soit des piétons. Tous se disputent la rue, ne laissent place à personne. La voie n’appartient qu’à qui fonce le premier, et, pour les automobilistes à qui appuie le premier sur le champignon. Faut-il les en empêcher ?

Il y a peu, pour rejoindre le centre-ville sans avoir à passer trois ou quatre heures dans le trafic, des fonctionnaires voire des responsables politiques quittaient leurs domiciles dès 05:00′ du matin.

Depuis, à cette heure, rues et avenues sont littéralement bondées. Alors, ils quittent désormais la maison dès 04:00′ et peuvent arriver à destination en une vingtaine de minutes en presque toute quiétude.

En fait, pour survivre, les Kinois ont fini par adopter un style de vie. Rues et avenues s’encombrent au premier chant du coq non seulement de véhicules, de taxi-motos, de piétons mais aussi de vendeurs et vendeuses de divers produits ou marchandises de consommation courante.

Si, dans une vie passée, le marché avait cours dans la Capitale congolaise (zaïroise) et que les Kinois prenaient plaisir à descendre de leurs véhicules pour parcourir les travées du marché et disposer de tout le temps pour faire des achats comme dans un supermarché, désormais, plus besoin de quitter son véhicule puisque le marché est désormais dans la rue, sur la rue, les produits étendus à même le sol, rendant encore plus étroit et plus pénible dans cette mégapole l’espace de circulation automobile.

Cherche-t-on à se rafraîchir la gorge à la suite d’une chaleur étouffante encastré dans un véhicule en circulation? Pas de problème : face à vous, un homme ou une dame se déplaçant au milieu de la chaussée se fera un vrai plaisir de vous présenter une bouteille d’eau ou de boisson sucrée refroidie ou quelque chose d’autre et vous pourrez prendre tout votre temps pour choisir ce que vous voulez.

 

VRAI CAUCHEMAR DANS LA CAPITALE.

Mais le temps que cette personne trouve ce que vous voulez et vous le présente et que vous, à votre tour, vous trouviez le nécessaire pour payer ce produit, l’embouteillage et, bientôt, le verrou s’est déjà constitué…

Dans l’instant qui suit, le même vendeur (ou la même vendeuse) pourra traverser l’avenue, en quelqu’endroit que ce soit, en sautant ou pas, troublant la circulation mais qu’importe !, et rejoindre un autre acheteur qui lui aurait fait signe de l’autre côté !

Se déplacer à Kinshasa est en effet désormais un réel cauchemar. Outre les «Wewas», les «Ketchs», les millions de piétons qui posent problème à la mobilité, il faut aussi compter à toute heure des camions citernes distribuant du ciment dans des entrepôts ou du carburant dans les stations d’essence, des autobus de transport en commun TransCo, ou, mieux, des véhicules de transport «207» («Esprits de mort» ou « Esprits de vie »?), qui tombent fréquemment en panne, sont abandonnés, plombent le trafic.

Le service fourrière n’existant pas au Congo, une immobilisation quelconque dans la rue peut bloquer celle-ci des heures, des jours, voire, en certains endroits comme sur la Nationale N°1, des semaines sans que cela n’inquiète une police de circulation routière introuvable.

D’où vient le problème? Sans nul doute de la conception que l’État se fait de ce secteur pourtant si primordial pour l’homme et que personne n’ignore.

Sous certains cieux, la mobilité – partir de chez soi et revenir chez soi – est un plaisir. Au Congo, cela est une hallucination. Simplement parce que partir – prendre la route – qui est une donnée fondamentale chez l’homme, pour la découverte, le développement, la culture, n’a jamais préoccupé nos pouvoirs publics depuis de longues années en dépit des initiatives qui sont prises ou annoncées sans qu’elles n’atteignent aucun résultat.

Quand aucun mètre de route n’est construit dans la ville, qu’aucune voie n’est élargie, que se rendre à l’aéroport ne vous fait emprunter qu’une seule et même voie constamment bouchée – ce qui pose par ailleurs le problème de sécurité pour quiconque – au même moment, chaque jour, ce sont des colonnes de véhicules qui sont dédouanés à nos portes d’entrée et se jettent sur nos routes sans parfois parvenir à destination puisqu’ils tombent en panne peu après.

 

LE GRAND CHAOS  DE MOBILITÉ.

Si autrefois, on avait entendu le slogan «Zéro Trou à Kinshasa», cela est peut-être vrai pour certaines artères réhabilitées, essentiellement les deux boulevards de la Capitale, Lumumba et le 30 Juin.

Il suffit par contre de quitter ces boulevards et même en plein centre des affaires à la Gombe où l’on perçoit le dernier vaisseau amiral de Cadillac Escalade, le tout récent Ford Raptor, le Ranger Rover Autobiography Special Vehicle Operations sorti tout juste des usines de Solihull et arrivé la veille, pour ne voir aucune vie pour les véhicules.

Qu’en dire ? Absence de vision ? Absence de consensus au niveau de l’État ? Manque de rationalité ? Manque de créativité chez nos fonctionnaires ? L’irresponsabilité notoire ?     Le constat malheureux qu’il faut faire est que cette «culture» (le désordre routier, le chaos de mobilité) est désormais ancrée dans l’être congolais.

Il a pour nom résilience. Comment être et exister si vous ne pouvez trouver un espace de vie et si vous ne pouvez trouver un espace de vie de n’importe quelle façon…

Solution ? Si le pays, si la Capitale veut exister, se détendre, il faut plus que jamais des investissements dans les infrastructures routières.

Lors de l’érection des saute-moutons (les ponts aériens) à Kinshasa, certains avaient pu rêver quand d’autres n’y croyaient pas.

S’il faut reconnaître que ce projet a pu alléger la souffrance voire la misère des automobilistes, il n’a au fond résolu aucun problème.

Pourtant, que cela soit au niveau du gouvernement central ou provincial, nombre d’initiatives ont été prises sans qu’aucune n’ait donné du résultat. Il faut au pays se rendre sur des places boursières, lever des fonds et lancer de gros investissements. L’automobiliste congolais est prêt à mettre le prix pour rejoindre au plus vite son lieu de destination.

Un modèle qui existe aux États-Unis où il est très répandu. Il met l’automobiliste face à deux choix: poursuivre son chemin sur la voie lente ou emprunter une voie rapide mais à péage. Vendre un projet d’une voie rapide à péage qui relierait par exemple le centre-ville au départ de la 1ère Gare à l’aéroport de N’Djili (un modèle qui pourrait être généralisé) rencontrerait un tel succès sur le marché financier que l’État ne débourserait aucun $US. Mais cela réglerait le problème d’embouteillage sur nos voies de circulation.

D. DADEI.

 

 

pix

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *